Après Les robots font-ils l'amour ? on continue sur la lancée du transhumanisme avec un roman français qui m’a particulièrement plu : Obsolètes. Cet incroyable thriller d’anticipation m’a happé du début à la fin, dessinant les contours d'un futur aussi beau que mortel. Allumez vos cerveaux cybernétiques, ça va chauffer !
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Obsolètes (2021)
Alexis Marzocco
L’anticipation est l’un des sous-genres les plus prolifiques de la science-fiction. On y découvre un futur souvent très proche, éloigné de quelques dizaines d’années seulement de notre époque, un siècle au maximum.
L’occasion pour les auteurs de créer des univers très réalistes, directement inspirés des situations qui régissent actuellement le monde. Je pense notamment aux Furtifs de Damasio ou encore à Exodes de Ligny. On sait ainsi d’ores et déjà que nous n’assisterons pas à des batailles spatiales dantesques ou à des rencontres du troisième type.
Mais cela ne m’empêche pas de nourrir un grand intérêt pour l’anticipation, fan que je suis des univers riches et réalistes. Avec Obsolètes, je suis tombé sur une véritable pépite. Tout les sujets brûlants de notre début de XXIe siècle y sont abordés : manipulations génétiques, intelligences artificielles, eugénisme, robotique, surveillance de masse…
Ce roman est un incroyable mélange de ce que la technologie peut nous offrir de meilleur et de pire à la fois. Le tout mâtiné à la sauce thriller avec un scénario bien touffu comme on les aime. Faites-moi plaisir : foncez sur ce bouquin sans tarder, vous ne le regretterez pas. Il vient pour ma part d’entrer avec fracas dans mon top 5 des incontournables SF !
« Désireriez-vous prendre part à l’un des plus grands projets de l’histoire humaine ? »
Bienvenue à tous et toutes en 2050. On commence les présentations avec Kiara D’Isanto, la première protagoniste de notre roman et psychologue renommée. Son domaine ? Les maladies mentales liées aux nouvelles technologies. Elle-même déteste la technologie depuis qu'un accident en véhicule autonome a causé la mort de plusieurs de ses amies, lui coûtant au passage son bras gauche, désormais remplacé par une prothèse.
Or, l’un de ses patients lui dévoile rapidement son véritable visage : il est un agent des Nations Unies venu lui proposer d’assister au projet Oculus. La jeune femme devra donner son aval – ou non – pour sa mise en place par les États. Et il faut dire que ce fameux projet a de quoi donner le vertige. Il s’agit en effet de lancer une IA globale qui viendra lutter contre le réchauffement climatique et l’extinction prochaine de l’humanité. Chouette programme, non ?
Alexis Marzocco nous plonge immédiatement dans une ambiance qui nous semble terriblement familière. Si la technologie a progressé, notre planète n’en reste pas moins en danger. Tellement en danger d'ailleurs que l’humanité a atteint un point de non-retour. Pour redresser la barre, le projet secret Oculus vise à donner les rênes du monde à une super-IA nommée Anaël. Cet ordinateur conscient serait alors la seule chance d’éviter le pire. Enfin ça, c’est sur le papier…
« Le programme Veilleur a été incapable de détecter l’attentat, ce qui veut dire que quelqu’un a aidé la Confrérie Humanus à perpétrer son crime. Quelqu’un de l’intérieur… »
Faisons maintenant connaissance avec notre deuxième héros, Henry Zundel. Un type banal, geek sur les bords et limite amoureux de son IA portative. L’homme travaille pour le groupe Cronos en tant que prédicticien. Grâce à son travail, le crime n’existe presque plus à Genava, capitale de la Suisse du futur. Du moins jusqu’à ce qu’un attentat à la bombe vienne tout bouleverser…
Comment le programme Veilleur a-t-il pu se faire berner alors qu’il est censé être infaillible ? Pris en plein cœur d’une enquête interne, Henry va découvrir que les apparences sont ici particulièrement trompeuses. Au point qu’il va vivre une véritable descente aux enfers, risquant son emploi et sa vie pour faire éclater la vérité concernant cet acte terroriste.
Deux personnages que tout oppose. Deux visions du futur qui s’affrontent. C’est ce que nous offre Obsolètes. L’auteur met en place des protagonistes très attachants, bien loin des clichés de l’intrépide héros de SF en armure high-tech. Non, là on a vraiment droit à des protagonistes « humains », avec tout ce que ça implique de faiblesses et de courage. Entre une psychologue traumatisée par son passé et un geek dépassé par les événements, l’histoire se ficelle à toute vitesse. Aussi, derrière toute cette technologie, Obsolètes est avant tout un roman plein de valeurs humaines.
« À la une, le journal faisait sans grande surprise état des dernières catastrophes mondiales en date : pluies acides meurtrières survenues au Brésil, inondations extrêmes engloutissant les Antilles, apparition d’une énième souche du virus Nipah en Asie du Sud… »
Avant de passer à la partie thriller du roman, posons nos valises dans le monde du futur tel qu'imaginé par Alexis Marzocco. Vous l’aurez deviné avec la citation en titre de ce paragraphe, c’est loin d’être joli joli…
L’humanité est en effet au bord du gouffre, la planète au bord de l'asphyxie. Les pandémies se succèdent, la température moyenne en Europe est de 40°C à l’ombre, les conflits armés sont toujours d’actualité mais se livrent maintenant à coup de drones… Un tableau plutôt sombre qui n’est pas sans faire penser à Exodes, mais en moins catastrophique. Pourtant, j’ai adoré voyager dans cet univers. Si si, je vous jure !
C’est probablement parce que l’auteur y intègre avec brio les technologies actuelles et à venir : prothèses synthétiques, IA portatives, réalité virtuelle et autres joyeusetés qui font fantasmer les geeks que nous sommes. Il va même jusqu’à peser le pour et le contre de certaines technologies, toujours de façon subtile. Si la Terre est à l’agonie, de réels progrès ont été faits pour améliorer les choses dans le futur proche que décrit Marzocco. Une sorte de lueur d’espoir high-tech en somme.
« Une foutue chimère… Vous avez dû emmerder quelqu’un de sacrément important pour qu’ils vous envoient ce machin-là au cul. »
Maintenant que le décor est posé, reprenons, si vous le voulez bien, le cours de notre histoire. Nous retrouvons donc Kiara qui, malgré ses réticences, va participer au programme Oculus. Son rôle sera d’évaluer le comportement de la super-IA, une expérience ô combien perturbante pour cette anti-tech. Mais Kiara va vite découvrir que quelque chose ne tourne pas rond dans le bunker de test. Pourquoi le directeur est-il soudainement tombé malade ? Pourquoi l’une des employées a-t-elle mystérieusement disparu et que personne n’en fait cas ?
De son côté, Henry se voit lui-même embarqué dans un véritable méli-mélo. L’attentat attribué aux Humanus pourrait bien n’être qu’une couverture pour un événement plus catastrophique encore. La corporation Cronos ne semble pas être aussi bienveillante qu’elle veut le faire croire… Son enquête menée en catimini va l’amener à découvrir une terrible vérité, d’une ampleur telle que la société de Genava pourrait bien ne pas s’en remettre.
Dans Obsolètes, les complots s’enchaînent à un rythme effréné. Chaque chapitre est l’occasion d’une nouvelle découverte, souvent peu réjouissante pour nos héros. Que cache le mystérieux niveau -4 du projet Oculus ? Les Humanus sont-ils vraiment responsables de l’attentat que n’a pas su prédire le programme Veilleur ? Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? Toutes les réponses sont dans Obsolètes. Enfin je crois…
« Faites-moi confiance, Kiara. Vous pouvez rentrer chez vous. Je vous promets qu’à la fin, tout ira bien. »
Avec cette chronique, je n’ai fait qu’effleurer la surface de ce formidable roman qu’est Obsolètes. Je crois d’ailleurs qu’avec cinq paragraphes de plus, je ne pourrai toujours pas en faire un résumé complet, tant ce bouquin est dense.
Je vais donc conclure cette chronique en vous invitant chaudement à lire cet ouvrage au plus vite. Vous aimez Matrix ? Vous adorez Minority Report ? Vous avez été touché par iRobot ? Ou vous avez poncé Deus Ex et Cyberpunk 2077 des dizaines de fois ? Alors vous allez tout simplement fondre devant Obsolètes, savant mélange de toutes ces œuvres qui ont marqué leur époque.
Il est temps pour moi de laisser ma place pour la prochaine chronique ; on se retrouve dans trois semaines pour le décorticage d’un nouveau roman. D’ici là, prenez soin de vous !
Obsolètes (2021) est édité chez L’Alchimiste en version papier. Il est aussi disponible sur 7Switch en version EPUB et sur Amazon en version Kindle.
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