Histoire de coller à l’actualité vidéoludique récente, je vous propose de plonger cette semaine dans 2048, un roman cyberpunk accrocheur mâtiné de magie. On est pas en 2077, mais c’est tout comme !
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
2048 (2016)
Lionel Cruzille
Depuis tout gosse j’ai toujours été fasciné par la technologie. C’est donc sans surprise que je me suis découvert un fort attrait pour le cyberpunk, un genre qui exploite ce que la technologie peut apporter de pire au monde.
Méga-corporations, augmentations humaines, surveillance globale, complots mondiaux : le futur est loin d’être rose. Bercé à coups de Comte Zéro, Shadowrun et autres Deus Ex, j’ai toujours regretté que la littérature actuelle délaisse plus ou moins ce genre pourtant si addictif.
Je me suis ainsi jeté avec avidité sur 2048, édité pour la première fois en 2016 puis revu et corrigé en 2018. Mélangeant magie et cyberpunk, ce roman a tout ce qu’il faut pour séduire les amateurs (en attendant que Cyberpunk 2077 devienne enfin vraiment jouable) !
« J’avais 17 ans et c’était déjà un miracle d’avoir tenu si longtemps à la rue. »
Bienvenue à Newropa, gigantesque mégapole tentaculaire où il fait bon vivre. Ici, chaque humain se voit implanter dès son plus jeune âge une puce PIGAG, un outil indispensable qui a sauvé le monde d’une terrible pandémie au début du 21ème siècle. Bien entendu, cette petite puce est reliée au Réseau qui régit la ville. Parce que bon, Big Brother ne veut que notre bien, c’est évident !
Dès les premières lignes, 2048 fleure bon le cyberpunk à plein nez. On sent bien l’inspiration Blade Runner et compagnie. Le style de l’auteur est agréable à lire, fluide et suffisamment détaillé pour nous immerger rapidement. Bon, certes, les mécaniques de son univers sont plutôt classiques, mais ça fonctionne.
Après une brève présentation, on se retrouve à suivre les aventures de Miya, une jeune adolescente Hors Réseau. Celle-ci vit en marge de la société, constamment traquée par les forces de sécurité CYTOP. Aidée par Harry, un hacker de génie, elle a pu en effet se défaire de l’emprise de sa puce. Un sacrilège au yeux des lois de Newropa, ce qui va mener la jeune femme à affronter un joli lot de péripétie.
« Il utilisa cette fois une télépathie claire et précise : On est comme toi Miya. »
Vous devez déjà vous douter que les choses vont vite partir en sucette. La planque de nos tourtereaux subit très rapidement un assaut des CYTOP. Harry n’y survit pas et Miya ne doit son salut qu’à l’intervention d’un troisième groupe aux méthodes aussi efficace que brutale. Leur atout : l’usage de la magie.
C’est là le gros point fort du roman. On profite d’un savant mélange de cyberpunk tout ce qu’il y a de plus classique avec une belle couche de magie par-dessus. J’en connais qui vont certainement ressortir leur vieille boîte de Shadowrun après la lecture de 2048 !
Difficile d’ailleurs de ne pas voir une référence et un gros clin d’œil à ce mythique jeu de rôles. Si l’œuvre de Lionel Cruzille n’est pas aussi orientée fantasy, elle n’en conserve pas moins un certain attrait.
« Parce que j’ai besoin de toi pour stopper l’Apokàlupsis. »
Wake up Néo ! Ha non, pardon, c’est un autre élu lui… Reprenons donc avec Miya. On résume : notre héroïne est une jeune rebelle que le système de Newropa révulse. Elle possède un don unique qui lui permet de manipuler de la magie. Rien de surprenant donc à ce qu’elle soit celle qui sauvera le monde de sa fin, l’Apokàlupsis. Oh et j’oubliais au passage : elle est aussi la réincarnation d’un vieux sage Yogi. Rien que ça !
Pour être honnête, c’est probablement à ce moment-là du roman que la plupart des lecteurs risquent de décrocher. On passe en effet sur une grosse partie d’initiation en mode « Tu es l’élue » qui s’éloigne pas mal du monde cyberpunk pour se centrer sur la magie et le mysticisme. Ça a le mérite de casser les codes. Toutefois, j’avoue avoir eu du mal à digérer ce moment et ces histoires de réincarnation.
Malgré tout, il serait dommage de ne pas aller plus loin dans le roman. Il faut savoir qu’on est sur une trilogie, avec trois tomes finalement assez courts et très rapides à lire. Le premier livre fait donc office de lancement, ce qui peut expliquer qu’il patauge parfois dans les concepts abordés. Heureusement, l’équilibre – pas celui de la Force, je vous vois venir - se rétablit vite.
« Ainsi, le sorcier est de retour, et le Tulkou avec lui, pensa-t-il. »
Que serait un bon roman sans son grand méchant patibulaire ? Dans le premier livre, le Colonel Smith – dur de faire plus stéréotypé – n’apparaît que de façon sporadique. On ne sait pas grand-chose de ses motivations, si ce n’est qu’il pourchasse lui aussi Miya et semble avoir une dent contre le nouveau mentor sorcier de la jeune ado magicienne.
Vous savez quoi ? C’est exactement le genre de méchant que j’adore. Le type est clairement un salopard de la pire espèce, secondé par un système oppressif qu’il sert fidèlement. Smith est le genre de type qui n’hésite pas à abattre un subordonné qui aurait éternué devant lui, sans sourciller ni éprouver le moindre remord.
Une fois encore, il est bien difficile de ne pas faire un parallèle avec Dark Vador, le vilain le plus badass de tous les temps. Comme lui, Smith est aux ordres d’un mystérieux Chancelier qui tire les ficelles de ce qui semble être un immense complot à l’échelle de Newropa. On retombe dans les traits si typiques du cyberpunk où les puissants règnent dans l’ombre. Je valide à 200% !
« Apocalypse. Fin du temps. Je serrai les mâchoires. Voilà ce qu’il y avait en face de nous. »
Revenons maintenant à notre héroïne. Après de rudes mois d’apprentissage de la magie, elle doit maintenant retourner à Newropa afin d’empêcher la fin du monde. Mais ce qu’elle va y découvrir va bouleverser à jamais sa vision de l’univers. Car Newropa est en fait une immense…
Haha, vous pensiez vraiment que j’allais vous spoiler la fin du premier tome de 2048 ? Désolé, c’est raté. Il faudra que vous vous y mettiez pour avoir le fin mot de l’histoire. Je peux juste vous dire que ça vaut le coup d’œil. J’ai retrouvé cette sensation si perturbante que j’avais ressenti à la lecture de Espace lointain.
Je vous conseille donc de sauter sans tarder sur 2048. Tant qu’à faire, privilégiez l’édition intégrale revue et corrigée parue en 2018. C’est une chouette trilogie cyberpunk qui vous tend les bras. Et ça vous fera patienter le temps qu’arrive la prochaine chronique littéraire de Clubic. Dans quelques semaines, on s’attaquera à un gros poisson. En attendant, prenez soin de vous et à la prochaine !
2048 (2016) est édité chez L’Alchimiste en version papier. Il est aussi disponible sur 7Switch en version EPUB et sur Amazon en version Kindle.