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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Avec les vacances qui approchent à grands pas, il est temps pour votre chronique de prendre quelques congés. Mais pas avant d’avoir fait un petit détour dans quelques Villes étranges !
Villes étranges (2016)
Chris Mallory
Chers lecteurs, ces derniers mois ont été intenses en histoires de science-fiction. Nous avons parcouru les mers des Caraïbes ravagées par des déchirures temporelles, affronté un coronavirus extrêmement létal, copiné avec un assassin cyborg... En bref, beaucoup d’aventures ont émaillé cette année 2020 pas tout à fait comme les autres. Nul doute que comme pour moi, ces lectures vous ont permis de prendre un peu le large en ces temps difficiles.
Avec le retour à la vie – presque - normale, il est cependant temps pour votre chronique littéraire de tirer sa révérence, du moins de façon temporaire. Ce sera l’occasion pour moi de refaire le plein de romans SF toujours plus palpitants, de m’essayer à des productions en marge du circuit éditorial habituel. En bref, un petit répit avant de revenir plus en forme que jamais. Cela dit, je vous laisse découvrir les Villes étranges de Chris Mallory. Et qui sait, peut-être nous reverrons-nous plus tôt que prévu avec quelques surprises à la clé !
“Un trait de feu déchira le ciel nocturne.”
Le récit que je vais « chroniquer » aujourd’hui est tiré d’une nouvelle parue dans le recueil Villes étranges, aux côtés de deux autres histoires de science-fiction. Comme vous pouvez en déduire du nom de ce recueil, chaque histoire met en scène une bourgade victime d'événements étranges. Attiré par le côté original de cette création, je me suis donc plongé dedans avec avidité. Choix que je ne regrette pas du tout !
Dans Jours étranges - la seconde nouvelle de l’ouvrage de Chris Mallory – nous faisons la connaissance de Michael Preston, journaliste au Clarion. Presque trentenaire, le bougre est l’unique reporter de la ville tranquille – et bien paumée - de Walnut Lake. Un boulot tellement passionnant qu’il passe son temps à picoler et vivoter dans son taudis délabré...
Ce sympathique personnage va pourtant vivre un bouleversement inattendu lorsqu’une météorite s’écrase dans un champ à proximité de chez lui. Bon, je vous le dis tout de suite, n’espérez pas l’arrivée providentielle d’un gamin sensible à la kryptonite et capable de porter un tracteur à bouts de bras...
“Je trouve que papa est... bizarre depuis la nuit de la météorite.”
Une météorite qui tombe dans « un village de bouseux » (c'est ainsi qu'il est décrit), ça laisse forcément des traces. Michael et quelques connaissances ne manquent pas d’investiguer le seul fait divers intéressant de ces dernières années. Idem pour les scientifiques du coin qui constatent vite que la fameuse météorite n’a finalement rien de spécial. Pas d’aliens en vue, pas de radioactivité. Rien qu’un gros caillou venu de l’espace. En gros, rien de passionnant...
Sauf que les choses commencent à dégénérer petit à petit. Chris Mallory instille progressivement une ambiance pesante à sa nouvelle. La météorite n’est pas si normale que veulent bien le dire les scientifiques. Les habitants de Walnut Lake sont ainsi victimes de quelques changements comportementaux radicaux : violence, désorientation, peur panique...
Notre journaliste trentenaire est pour sa part victime de cauchemars récurrents. Faisant fi de ces contrariétés, il continue sa vie de chroniqueur au Clarion, alternant entre les chats écrasés et les potins qui animent la vie de sa ville paumée. C’est sans compter sur le petit côté bien vicelard de l'auteur qui va accélérer les choses à grande vitesse !
“Je fais le même cauchemar, avoua la secrétaire d’un air presque coupable. Et je ne suis pas la seule !”
On se rend vite compte que quelque chose ne tourne plus rond depuis le crash de la météorite. Le propriétaire du champ où elle s’est écrasée est persuadé d’avoir des visions divines. De plus en plus d’habitants de Walnut Lake font des cauchemars les mettant aux prises avec des insectes. Michael est l’un d’entre eux. Et en tant que journaliste, vous vous doutez bien qu’il ne va pas pouvoir s’empêcher de farfouiller partout pour démêler cet imbroglio de faits étranges.
Son enquête va ainsi le mener à découvrir que ce n’est pas la météorite qui est responsable des tracas de sa petite ville perdue au milieu de nulle part. Des évènements semblables se sont produits plusieurs décennies auparavant, allant jusqu’à causer la mort de trois employés d’une mine de charbon locale. Cette dernière a par la suite été scellée et définitivement fermée.
Chris Mallory nous mène ainsi au grand tournant de sa nouvelle, détournant toute notre attention de la météorite vers la vraie menace : une civilisation extraterrestre cachée sous terre depuis la naissance de l’humanité. Dès lors, la nouvelle file sur les chapeaux de roue jusqu’à sa conclusion. Un vrai régal !
“Ça va, on pense tous les trois la même chose. C'est un vaisseau extraterrestre !"
Michael Preston découvre vite la terrible vérité : à l’aube de l’humanité, les derniers survivants de la race Krill se sont écrasés sur notre planète. La raison ? Leur civilisation était au bord de l’extinction, rongée par les guerres intestines entre clans. Sur cinq vaisseaux fuyant la planète S'Tyr, seuls trois ont réussi à atterrir tant bien que mal sur notre planète bleue, à une époque où nous n'étions encore que de grands singes maladroits.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec notre propre évolution. Chris Mallory pointe clairement du doigt les dérives des humains qui ne cessent de s'entre-tuer pour des choses futiles comme des territoires ou des idéologies bancales. Sommes-nous des Krills en puissance, condamnés à nous auto-détruire dans un futur pas si lointain ?
La cause du comportement anormal des habitants de Walnut Lake trouve dans un même temps sa réponse : les aliens insectoïdes sont doués de télépathie. Mais nos pauvres cerveaux primitifs sont incapables de le supporter, ce qui provoque des cauchemars et des hallucinations. Un phénomène éculé du milieu de la SF, mais qui prête toujours à sourire. On retrouve ainsi le côté fun de la première nouvelle du recueil, Chaos temporel. Nous, pauvres humains qui nous pensons supérieurs en tout, sommes finalement de bien piètres hôtes pour les civilisations venues d’ailleurs !
“Ils avaient besoin d’un hôte. De milliers d'hôtes."
Aussi puissants soient-ils, les Krills sont cependant en train de mourir. Ils doivent d’urgence trouver de nouveaux hôtes pour leurs esprits. Leur tâche sera – heureusement pour nous – interrompue par notre intrépide journaliste et ses amis. Quelques pains de C4 et plusieurs belles explosions plus tard, la dernière ruche Krill s’éteint pour de bon...
Ou pas. Mais je vous laisse le loisir de le découvrir par vous-même. N’hésitez pas à jeter un œil à Villes étranges, ce recueil vaut vraiment le coup. Rapide à lire, très fun, on se laisse envoûter par le style de Chris Mallory en un rien de temps. C’est le genre de lecture idéal pour la pause de midi, histoire d’avoir une bonne dose de SF avant la reprise du boulot.
Sur ce, je vous tire ma révérence pour quelques temps. Je vous retrouve pour de nouvelles chroniques littéraires dès le mois de septembre. D’ici là, portez-vous bien, prenez soin de vous et à bientôt pour de nouvelles aventures futuristes !
Villes étranges (2016) est édité chez Éditions du 38 en version papier. Il est aussi disponible sur 7Switch en version EPUB et sur Amazon en version Kindle.