La société Anomaly Six, ou A6, pourrait surveiller le mouvement de milliards d’utilisateurs de smartphones dans le monde, facilement et en toute impunité.
C’est ce que révèlent deux journalistes de The Intercept et Tech Inquiry. Alors que d’autres entreprises sont sous le feu des critiques, comme NSO, éditrice du très controversé logiciel Pegasus, la société A6 opérerait dans l’ombre en toute impunité.
Une illustration des dangers du cyber espionnage par les sociétés privées
Créée en 2018, A6 achète aux applications mobiles les données de localisation de leurs utilisateurs. Objectif : les repérer en permanence et en temps réel. Cela est notamment permis par le consentement accordé par les utilisateurs des applications dans les conditions d’utilisation, rarement lues dans les faits.
Mais A6 ne s’arrête pas là. Les documents récupérés par The Intercept pointent vers une alliance avec la société Zignal Labs, qui permettrait de coupler ces données de localisation aux données de médias sociaux, dont Twitter. En effet, Zignal Labs aurait un accès privilégié aux données du réseau social, bien que la surveillance sur cette plateforme soit interdite en théorie.
Pouvoir surveiller l’activité mondiale des médias sociaux
Quel est le pouvoir réel d’A6 ? On en apprend plus grâce aux documents récupérés, qui proviennent d'une présentation interne à la société. Notons que son logiciel offre une vue satellite et permet de suivre différents appareils entrant et sortant d’un lieu ou de connaître l’historique des points de position d’un appareil précis en cliquant dessus.
A6 explique que 230 millions d’appareils sont surveillés dans le monde. La société serait en mesure de générer entre 30 et 60 pings de localisation par appareil et par jour. En plus de la localisation, A6 affirme qu’elle s’est notamment procuré 2 milliards d’adresses e-mails, obtenues lors de l’inscription des utilisateurs aux applications.
Dans une vidéo, A6 a notamment montré comment elle avait espionné… des agents américains des quartiers généraux de la NSA et de la CIA. Cela grâce à une technique de geofencing, qui déclenche une action lorsqu'un appareil entre dans un emplacement. Elle a aussi réussi à remonter jusqu’au domicile de certaines personnes, cette fois-ci grâce à l’option « régularité » du logiciel, qui offre indirectement la possibilité d’attacher un appareil à l’identité d’un individu en fonction des endroits qu’il fréquente le plus.
Un travail diablement efficace, peu coûteux et terriblement séduisant pour certains acteurs. Motherboard a ainsi rapporté que le Commandement des opérations spéciales des États-Unis avait payé 590 000 dollars à A6 en septembre 2020 pour un an d'accès aux services de l'entreprise…
Source : The Intercept