Une fois n'est pas coutume, Pegasus fait encore parler de lui. Un média israélien consacré aux nouvelles technologies accuse la police locale d'avoir utilisé le logiciel espion à des fins de surveillance de la population.
La police israélienne a, selon le média Calcalist, utilisé le logiciel Pegasus pour pirater, à distance, des citoyens israéliens, à des fins de suivi et d'espionnage. Parmi les personnes visées, on retrouve des politiciens et des activistes, certains étant connus comme des opposants de Benjamin Netanyahu, d'autres ayant par le passé appelé à la destitution de l'ancien Premier ministre. Ce mercredi 19 janvier, le ministère de la Sécurité publique israélien a promis une enquête à la suite de ces allégations.
Une violation sérieuse de la vie privée, que la police israélienne nie
Cette campagne d'espionnage aurait été menée par la police israélienne sans l'approbation d'un tribunal et sans demander de mandat de perquisition ni d'autorisation d'écoute pour se livrer à la surveillance des victimes de Pegasus. Cette version est fermement niée par la police israélienne, qui affirme que son activité de surveillance « se fait conformément à la loi ».
Les accusations sont particulièrement graves, d'autant plus que nous connaissons désormais les capacités de Pegasus, capable de prendre le contrôle d'un smartphone, d'accéder aux données, d'écouter les appels et de lire tous les messages de l'appareil. Et cela inquiète évidemment les autorités actuelles israéliennes.
L'Autorité de la protection de la vie privée évoque une « violation sérieuse de la vie privée », si elle était avérée, alors que le contrôleur de l'État, Matanyahu Englman, a promis d'élargir le dispositif visant à enquêter sur l'utilisation faite par les forces de l'ordre des technologies de surveillance.
En théorie, la police israélienne ne peut pas espionner ses ressortissants
Que pense NSO Group, le sulfureux éditeur du logiciel Pegasus, de tout cela ? L'entreprise israélienne ne confirme pas, et ne nie pas non plus, avoir vendu son logiciel à la police locale. En rappelant qu'elle « n'exploite pas les systèmes en possession de ses clients », l'entreprise explique ne pas être impliquée dans le fonctionnement de son système, une fois celui-ci vendu à des gouvernements et autres organismes.
NSO Group rappelle aussi ne vendre ses produits sous licence que pour éviter des actes terroristes ou criminels, « en vertu des ordres de justice et des lois en vigueur » dans les pays qui les achètent. Un argument qui a déjà été mis sur la table au moment de la révélation du scandale par Forbidden Stories, en juillet dernier.
Cibler des citoyens israéliens est en tout cas un virage surprenant. En effet, le logiciel Pegasus n'est à l'origine pas autorisé à utiliser des numéros de téléphone israéliens et américains, encore moins sans mandat ni autorisation de la justice. Seul le service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, est en mesure en Israël de procéder au piratage d'un téléphone portable sans passer par le cap de l'ordonnance judiciaire.
Sources : Calcalist, The Guardian, Engadget