Edward Snowden ne connait que trop bien le fonctionnement des spywares © France Inter
Edward Snowden ne connait que trop bien le fonctionnement des spywares © France Inter

Edward Snowden, l'un des lanceurs d'alerte les plus célèbres du monde connu pour avoir rendu publique une surveillance de masse via des programmes américains et britanniques, s'est positionné contre les logiciels d'espionnage.

Une prise de parole au sein du Guardian dans laquelle l'ancien agent de la NSA se montre ferme à l'égard du commerce de potentiels logiciels espions, en plein cœur de la controverse suscitée par le spyware Pegasus. Ce dernier, employé par plusieurs dizaines d'États, aurait notamment permis de collecter près de 50 000 numéros de téléphone dans le monde, dont 1 000 en France.

Snowden poursuit son combat contre l'espionnage

Non content d'avoir obtenu un statut de résident permanent en Russie, pays dans lequel il s'était réfugié, puis avait demandé l'asile en 2013, Edward Snowden voit toujours rouge lorsqu'il s'exprime au sujet des logiciels espions. Le lanceur d'alerte américain, célèbre dans le monde entier pour avoir révélé des programmes de surveillance de masse américain et britannique voilà huit ans, continue d'œuvrer à son échelle contre de telles pratiques.

L'ancien employé de la National Security Agency (NSA) prône ainsi pour une mise en garde individuelle, alors que les smartphones seraient toujours plus vulnérables face à l'utilisation de logiciels espions, y compris à des niveaux étatiques. Le logiciel Pegasus, mis au point par la firme israélienne NSO, est ainsi employé en ce sens par de nombreux États. L'Arabie saoudite, l'Azerbaïdjan, les Émirats Arabes unis, l'Inde, le Maroc, le Togo et, plus surprenant, la Hongrie, en font partie.

Loin de traditionnelles opérations d'enquête menées par les forces de police et les procédures liées au Droit qui y sont associées telles qu'on pourrait les connaître en France, les logiciels espions ouvrent une brèche bien plus dangereuse pour Snowden : « S'ils [les logiciels]peuvent faire la même chose à distance, à peu de frais et sans risque, ils vont commencer à le faire tout le temps, contre tous, y compris ceux qui ne présentent qu'un intérêt marginal ».

D'une échelle restreinte à potentiellement planétaire

Plus besoin d'autorisation donc, alors que Pegasus aurait principalement ciblé des personnalités, qu'elles soient du monde des affaires, de la politique ou encore de la presse, comme l'ont révélé Amnesty International et Forbidden Stories. Sans interdiction de ces logiciels, les menaces pourraient se décupler, à une échelle bien plus importante, selon Edward Snowden : « Si vous ne faites rien pour arrêter la vente de cette technologie, ce ne sera pas seulement 50 000 cibles. Ce sera 50 millions d'objectifs, et cela se produira beaucoup plus rapidement qu'aucun d'entre nous ne le pense ».

Et quand on lui parle de comparaisons potentielles, l'ancien agent de la NSA n'y va pas avec le dos de la cuillère. Au journaliste du Guardian qui lui demandait comment se prémunir d'attaques telles que celle de Pegasus, Snowden a répondu : « Que peuvent faire les gens pour se protéger des armes nucléaires ? ».

Même si NSO ne cesse de démentir les allégations qui sont faites à l'égard de Pegasus, les logiciels d'espionnage, qu'ils puissent ou non être interdits, constituent une menace sur laquelle il conviendra de se pencher.