Deux rouleaux forment un panneau solaire iROSA (il y en a quatre ici). Crédits : SpaceX
Deux rouleaux forment un panneau solaire iROSA (il y en a quatre ici). Crédits : SpaceX

Ce 5 juin en fin de matinée, un nouveau cargo Dragon s'amarrait à la Station spatiale internationale. Dans sa soute, deux des six nouveaux panneaux solaires qui vont redonner du potentiel à l'ISS jusqu'à 2030. L'Américain Shane Kimbrough et le Français Thomas Pesquet sortiront les installer en scaphandre dès la semaine prochaine.

Les panneaux solaires « roulés » sur eux-mêmes sont très attendus à l'avenir.

Des panneaux bien roulés

On les appelle les iROSA, pour « ISS Roll-Out Solar Array ». Fournis par Boeing (et en réalité réalisés par Redwire), ces dispositifs permettent de rouler sur eux-mêmes deux panneaux solaires modernes et puissants de six mètres de large et 19 mètres de long… en quatre cylindres repliés l'un contre l'autre et serrés dans le « coffre » du cargo Dragon, sa soute arrière non pressurisée. Ces nouveaux panneaux solaires ont été commandés en 2018 pour 103 millions de dollars, et ils viennent en renfort des batteries lithium-ion installées ces quatre dernières années pour consolider les capacités énergétiques de la Station spatiale internationale.

Il faut dire que le matériel actuel est vieillissant, le plus ancien des huit grands panneaux installés est en place depuis 2000 (les autres datent de 2006, 2007 et 2009). Résultat : une dégradation des performances qui s'aligne assez mal avec des besoins grandissants de la part des expériences scientifiques et démonstrations techniques sur les flancs de la station comme au sein de ses modules.

Bon c'est pas incroyablement beau, mais l'essentiel c'est que ça fonctionne bien. Crédits : Boeing
Bon c'est pas incroyablement beau, mais l'essentiel c'est que ça fonctionne bien. Crédits : Boeing

Un iROSA peut en cacher un autre

Les six panneaux iROSA fourniront 120 kW de puissance électrique, mais il faut pondérer leur apport : pour éviter de prendre des mois (et des dizaines de millions) pour l'installation, la NASA et Boeing ont choisi de les installer devant les panneaux existants, en se servant des mêmes structures. Les panneaux iROSA seront un peu inclinés par rapport aux anciens, et vont donc leur « faire de l'ombre », mais les gains seront tout de même significatifs puisqu'on compte entre 20 et 30 % d'énergie électrique supplémentaire à disposition de la station jusqu'à 2030.

Les deux premiers iROSA sont donc arrivés avec le cargo Dragon (mission CRS-22) ce samedi 5 juin, avec un amarrage entièrement automatisé au segment américain de l'ISS. Il reste à les chercher grâce au bras robotisé SSRMS (ou Canadarm2) qui va permettre de les pré-positionner avant leur installation. Car les astronautes ne pourront y couper. Malgré la masse imposante du dispositif (les quatre cylindres des deux grands panneaux pèsent 1 380 kg), il faudra sortir en scaphandre pour mettre en place les iROSA et les relier au réseau de la station.

Comme on doit souvent le répéter, il ne fait pas QUE ça mais il fait aussi de belles photos. Crédits : ESA/T.Pesquet

Et revoilà Thomas

C'était attendu, et la NASA ainsi que l'agence européenne ont confirmé il y a quelques semaines : c'est bien Thomas Pesquet qui sortira pour installer les panneaux à l'aide de l'Américain Shane Kimbrough. Il faudra plusieurs sorties extra-véhiculaires, une par panneau, qui sont donc prévues pour l'instant les mercredi 16 et dimanche 20 juin, d'une durée estimée de 6 h 30 à l'extérieur.

Thomas et Shane se connaissent très bien, et ont déjà travaillé ensemble en scaphandre sur les flancs de la station en janvier 2017, mais également en piscine durant les mois précédant leur mission actuelle pour répéter le ballet très coordonné qu'ils rejoueront ce mois de juin. En espérant que l'installation ne révèle aucune mauvaise surprise, il leur faudra en tout cas beaucoup de concentration !