Dans une lettre adressée à la FCC, l'agence fédérale américaine chargée de réguler les télécommunications, les contenus radio, télévision et internet, SpaceX fait part de son agacement vis-à-vis d’Amazon, la firme d’Elon Musk l’accusant d’« entraver ses concurrents pour compenser son incapacité à faire des progrès de son côté ».
La semaine dernière, Amazon a en effet demandé à la FCC de rejeter une mise à jour de SpaceX concernant les satellites de sa constellation Starlink. Cette dernière proposait deux nouvelles configurations pour ses prochains appareils : la première « répartit plus uniformément la capacité par latitude en ciblant plusieurs inclinaisons, assurant ainsi une couverture mondiale meilleure et plus cohérente », tandis que la deuxième « utilise un nombre plus faible de satellites par avion que la configuration 1, mais répartit également la capacité plus uniformément par latitude pour une couverture plus cohérente à travers le monde ».
Amazon voudrait ralentir les plans de SpaceX
Selon Amazon toutefois, ces deux propositions vont à l’encontre d’une règle attestant que les demandes soient complètes et ne présentent aucune incohérence. Le géant de l’e-commerce atteste par ailleurs que ces configurations « doublent l'effort technique » auquel les autres opérateurs de satellites doivent faire face lorsqu'ils « examinent les problèmes d'interférence et de débris orbitaux soulevés par l'amendement de SpaceX ».
SpaceX n’a pas tardé pour s’adresser à son tour à la FCC, et une chose est sûre, l’entreprise spatiale n’y a pas été de main morte et a fustigé le comportement d’Amazon :
« La manœuvre d'Amazon est familière à quiconque l’a déjà observée ou ses sociétés sœurs. Alors que SpaceX a procédé au déploiement de plus de 1 700 satellites, Amazon n'a même pas encore essayé de résoudre les problèmes d'interférence de radiofréquence et de débris orbitaux qui doivent être résolus avant qu’elle puisse déployer sa constellation. Les antécédents d'Amazon démontrent amplement qu'à mesure qu'elle prend du retard sur ses concurrents, elle est plus que désireuse d'utiliser les processus réglementaires et juridiques pour créer des obstacles destinés à retarder ces concurrents afin qu'ils laissent Amazon encore plus à la traîne. Ces jeux ont malheureusement des conséquences réelles pour les consommateurs, qui ne sont pas seulement privés de service à cause du développement rampant d'Amazon, mais qui perdent aussi l'accès à une concurrence plus rapide ».
SpaceX fait ici référence au projet Kuiper d’Amazon. Cette dernière prévoit en effet de lancer des milliers de satellites en orbite pour apporter une couverture Internet globale, et a reçu en 2020 une autorisation de la FCC pour le déploiement de plus de 3 300 d’entre eux. Or, l’agence fédérale a également ordonné à Amazon de démontrer que sa constellation n'interférerait pas avec d'autres systèmes, ainsi que de fournir un plan complet de réduction des débris spatiaux… Demandes qui sont encore sans réponse.
Bezos vs SpaceX
SpaceX atteste ainsi que la plainte d’Amazon n’est qu’une tentative pour freiner le déploiement de Starlink, qui fournit d’ores et déjà un réseau haut débit dans quatorze pays du monde. L’entreprise cherche désormais à obtenir l’autorisation de la FCC pour lancer 30 000 satellites supplémentaires et ainsi étendre et améliorer sa couverture. Dans cette optique, elle explique préférer la première de ses configurations, mais assure avoir « fourni des informations sur une deuxième option dépendant du calendrier de développement des satellites et du véhicule de lancement pour lequel SpaceX a exercé une transparence radicale ».
Ce n’est pas la première fois cette année qu’une entreprise de Jeff Bezos s’en prend à SpaceX. Il y a peu, Blue Origin a en effet lancé des poursuites à l’encontre de la NASA pour avoir choisi Starship en tant qu’alunisseur du programme Artemis.
Sources : Ars Technica, FCC