Les logiciels d'intelligence artificielle s'intéressent régulièrement à l'art et au secteur culturel en général. Cette fois, des chercheurs de l'université de Stanford ont mis au point un algorithme capable de reconnaître les expressions et émotions qui se dégagent de tableaux.
Avec des termes qui prêtent parfois à sourire. Voyez vous-même.
Une subjectivité qui peut faire sourire
Ci-dessous, vous pouvez retrouver l'une des conclusions auxquelles l'IA nommée ArtEmis est parvenue. Dans cette scène représentant La Décollation de Saint Jean-Baptiste, celle-ci précise que « la femme semble passer un bon moment », tandis que Jean-Baptiste, fraîchement décapité « semble souffrir ». Le saint ne doit pourtant plus souffrir beaucoup, faute de tête… Quant à Salomé (à droite), sa satisfaction semble très bien contenue.
Pourtant, ArtEmis a vu assez juste : Jean-Baptiste ne souffre certes plus, faute de tête, mais a souffert. Et surtout, Salomé est bel et bien satisfaite qu'on lui ait apporté la tête sur un plateau. Mais chacun est juge des résultats d'ArtEmis.
En effet, ceux-ci tiennent compte de la nature subjective de toute interprétation, puisque les chercheurs ont justement cherché à retranscrire la subjectivité humaine dans leur logiciel. Panos Achlioptas, doctorant en informatique à l'université de Stanford, rappelle ainsi que « tout le monde ne voit pas et ne ressent pas la même chose en voyant une œuvre d'art. Je peux me sentir heureux en voyant la Joconde, mais le professeur Guibas pourrait se sentir triste. ArtEmis peut distinguer ces différences. »
Quand l'IA donne son avis
L'objectif de cette intelligence artificielle est de développer ce que les chercheurs appellent une intelligence émotionnelle. Il est question de déterminer ce que le public peut ressentir face à une œuvre d'art. Ainsi, l'IA peut donner un autre point de vue sur une toile, et pas seulement sur l'art figuratif, également face à des scènes abstraites ou surréalistes.
Pour parvenir à ce résultat, les créateurs d'ArtEmis ont travaillé avec des collaborateurs en France et en Arabie saoudite pour réunir 81 000 peintures issues de WikiArt. Panos Achlioptas et le professeur en ingénierie Leonidas Guibas ont ensuite exercé leur IA à exprimer ce qu'elle ressentait face à une peinture. Ils se sont appuyés pour cela sur les 440 000 déclarations de 6 500 personnes indiquant ce que chacune d'elles avait ressenti.
L'algorithme a cherché à déterminer, pour chaque déclaration, pourquoi le spectateur avait choisi cette émotion.
À court terme, les chercheurs espèrent ainsi qu'ArtEmis deviendra un outil utile aux artistes. Ceux-ci pourront disposer d'un point de vue alternatif et s'assurer que leurs toiles auront l'effet recherché sur le public. Panos
Achlioptas a ainsi déclaré : « Je vois ArtEmis apporter des informations de la psychologie humaine à l'intelligence artificielle. Je veux rendre l'IA plus personnelle et améliorer l'expérience humaine avec elle. »
Source : TechXplore