Photographes de chair et d'os interdits ! © 1st footage / Shutterstock
Photographes de chair et d'os interdits ! © 1st footage / Shutterstock

Quand la créativité humaine se heurte à la créativité machinique. Miles Astray, un photographe, vient de faire les frais de cette confrontation lors d'un concours photo.

Récemment, un concours d'art a été le théâtre d'une situation inédite. Contre toute attente, une photographie initialement sélectionnée parmi les trois meilleures œuvres de la nouvelle catégorie IA a été disqualifiée de manière inattendue. La raison invoquée ? Cette image n'avait pas été générée par une intelligence artificielle ; comme on pourrait le faire grâce à certains modèles spécialisés comme Stable Diffusion 3 Medium ou le surpuissant Midjourney ; mais capturée par l'objectif d'un artiste humain.

Quand l'humain défie la machine : le cas Miles Astray

Le concours 1839 Awards, lancé l'année dernière pour célébrer la photographie en tant qu'art véritable, a rapidement gagné en notoriété grâce à son panel de juges, issus d'institutions telles que le New York Times, Christie's et Getty Images. Le règlement de celui-ci stipulait explicitement de distinguer les œuvres créées par des intelligences artificielles et celles produites par des photographes utilisant un appareil, fidèles aux techniques traditionnelles.

Cependant, une faille dans le processus de vérification a permis à un artiste , dissimulé sous le pseudo de Miles Astray, de soumettre sa photographie intitulée « F L A M I N G O N E » dans la catégorie IA, où elle a été sélectionnée et classée à la troisième place.

Cette photographie, représentant un flamant rose apparemment décapité, a également remporté le prix du public après qu'Astray ait habilement incité ses abonnés sur les réseaux sociaux à voter pour elle. « J'ai soumis cette photo dans la catégorie IA pour prouver que le contenu créé par l'homme n'a pas perdu sa pertinence » a déclaré Astray avec conviction, soulignant que « la créativité et l'émotion sont plus que de simples chaînes de chiffres ».

La photo en question, qui reste malgré tout assez étrange © Miles Astray
La photo en question, qui reste malgré tout assez étrange © Miles Astray

Une disqualification non sans conséquences

Le choix du jury de disqualifier Astray a provoqué de vives réactions. Face à la polémique grandissante, les organisateurs du concours ont tenu à clarifier leur position, expliquant que l'entrée controversée d'Astray « ne répondait pas aux exigences strictes de la catégorie image générée par IA. Nous comprenons que c'était là son but provocateur, mais nous ne pouvons tolérer qu'il prive d'autres artistes de leur chance légitime de briller dans cette catégorie novatrice ». Ils espèrent ainsi que cette affaire sensibilisera les photographes inquiets face à la montée fulgurante de l'intelligence artificielle dans leur discipline.

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À bien y réfléchir, l'incursion d’une photographie humaine dans un concours IA en dit bien plus long sur nos biais plutôt que sur la supériorité, soit de l’homme, soit de la machine dans l’art. À partir du moment où une œuvre est estampillée pour prouver qu'elle a été créée par l'IA, notre perception de celle-ci change subitement. L'art, contrairement à bon nombre d'autres domaines, reste profondément subjectif et intimement lié au registre des émotions humaines. Jusqu'à preuve du contraire, l'humain reste encore maître sur ce terrain-là et n'importe quelle IA, aussi avancée soit-elle, ne fait que simuler ou imiter. Un simple perroquet numérique, nourri par des algorithmes.

Source : Ars Technica