Deux chercheurs américains ont réussi à former un réseau de neurones artificiels au tri de fragments de poterie. Une avancée qui pourrait considérablement aider les archéologues.
Trier des tessons de poterie ? Un travail fastidieux auquel tous les archéologues doivent se soumettre un jour. Cependant, cette tâche pourrait bientôt être de l’histoire ancienne. Dans une récente étude réalisée pour la Northern Arizona University, les archéologues Chris Downum et Lescek Pawlowicz dévoilent des résultats prometteurs. Ils ont, en effet, réussi à automatiser le tri et la classification de fragments de poterie découverts lors de fouilles.
Le tri des fragments de poterie, crucial pour mieux comprendre nos ancêtres
De prime abord, le sujet semble peu engageant. Il a pourtant une importance cruciale. Loin des crânes de cristal, arches légendaires et autres coups de fouet, le quotidien des archéologues est plutôt rythmé par la recherche de poteries.
La vaisselle constitue, en effet, un excellent témoignage du passé. Les techniques employées pour créer les différents récipients et les décorer permettent bien souvent de mieux comprendre l’histoire des différentes civilisations qui nous ont précédés. Ces artefacts fourmillent d’indices passionnants sur notre Histoire.
Bonne nouvelle, les différents sites archéologiques en regorgent. Mais voilà : comment trier et classifier tous les tessons retrouvés sans y perdre un temps considérable ? C’est la question que se sont posée Chris Downum et Lescek Pawlowicz, de la Northern Arizona University.
Un gain de temps précieux pour les archéologues
Le tri des dizaines de milliers de fragments de poterie disponibles est, aujourd’hui encore, réalisé à la main. « Cela constitue des centaines d’heures de travail méticuleux et de longue haleine », indique Pawlowicz. De plus, les archéologues mettent des années pour apprendre à le faire de manière fiable et efficace.
C’est pourquoi Pawlowciz et Downum ont décidé de mettre l’intelligence artificielle de leur côté. Ils ont soumis à un réseau neuronal à convolution plus de 3 000 photos de fragments de poterie Tuyasan, aux motifs caractéristiques. Certaines images étaient volontairement tronquées ou orientées dans le mauvais sens pour s’assurer que le réseau sache gérer les tâches plus ardues. Ils ont ensuite mis en concurrence l’intelligence artificielle avec quatre experts en archéologie.
Surprise : la machine a surpassé deux d’entre eux et était à égalité avec les autres. Des résultats prometteurs qui pourraient, dans le futur, assurer un gain de temps considérable aux archéologues en automatisant cette tâche. Ce n’est pas la première fois qu’une expérience est réalisée dans le domaine : une autre équipe de chercheurs avait obtenu un taux de réussite de 96 % avec un programme différent.
Bien sûr, il n’est pas question de remplacer le travail humain et l’expérience des archéologues reste encore particulièrement utile. Il faudrait également arriver à convaincre ces professionnels de partager leurs découvertes dans une base de données commune, ce qui est loin d’être gagné. Cependant, aidés d’une telle intelligence artificielle, les archéologues pourraient dévouer une plus grande partie de leur temps à des tâches moins rébarbatives. On n’arrête pas le progrès !
Source : Ars Technica