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Le propriétaire d'Altice a décidé de remanier la direction de SFR, sanctionnée pour ses piètres résultats depuis plusieurs mois.

Patrick Drahi n'est pas satisfait des performances de son groupe et n'hésite pas à couper des têtes pour changer les choses.

Altice France perd son patron après 13 ans d'ancienneté

C'est par un mémo envoyé aux équipes d'Altice France que le départ « d'un commun accord » de son P.-D.G., Grégory Rabuel, a été annoncé après 19 années passées au sein du groupe. Entré en 2004 chez Numericable, l'homme d'affaires a gravi les échelons chez l'opérateur, puis a passé 13 ans dans le groupe Altice pour finalement devenir P.-D.G. de la filiale française ainsi que de l'opérateur SFR.

Patrick Drahi « remercie chaleureusement et amicalement Grégory pour le travail colossal réalisé ces dernières années », sans expliquer les raisons du départ immédiat de l'un de ses fidèles. C'est Arthur Dreyfus, directeur d'Altice Media, une filiale qui regroupe BFMTV et la radio RMC, qui va reprendre la direction d'Altice France, sans pour autant renoncer à ses précédentes fonctions. Mathieu Coq, jusqu'alors directeur exécutif outre-mer de SFR, devient quant à lui P.-D.G. de l'opérateur.

Dans le même temps, nous apprenons que Fabien Costa, directeur exécutif des activités grand public de SFR, a été prié de faire ses cartons. Il est remplacé par Éric Pradeau.

SFR patine et fragilise l'empire Drahi

Pour expliquer ce brusque changement de P.-D.G. à la tête de l'opérateur (le sixième depuis le rachat de SFR par Patrick Drahi), plusieurs sources syndicales indiquent que les performances du groupe sont plus que décevantes, et depuis plusieurs années déjà.

Si SFR affiche une hausse de ses abonnés mobile de 5 millions de clients en un an et demi, ce qui porte le nombre total à 20,9 millions, cette bonne santé s'explique uniquement par le rachat des opérateurs virtuels Prixtel, Afone, Coriolis et Syma. Cette croissance a donc coûté cher à SFR, avec un montant de 415 millions d'euros pour le seul rachat de Coriolis.

Les performances sur le fixe sont plus mauvaises encore, avec une fuite de 36 000 clients en un an et demi, si l'on retire de l'équation les abonnés récupérés là encore lors du rachat de Coriolis. Dans le même temps, Free, Orange et Bouygues Telecom ont quant à eux recruté 300 000 nouveaux clients.

Patrick Drahi ne pouvait plus laisser la situation s'enliser, d'autant plus qu'il a contracté de très importantes dettes pour financer ses acquisitions. SFR représente à lui seul 23 milliards d'euros de dettes et doit rapidement cracher du cash pour permettre à l'homme d'affaires de rembourser ses créanciers.

Dans le même temps, et depuis plusieurs mois, SFR a mis en place un plan de départs volontaires et espère voir partir près de 2 000 salariés.

Source : Capital