Le propriétaire d'Altice, maison mère de SFR Patrick Drahi, joue son va-tout. Pour garder le contrôle de son empire, le milliardaire propose d'ouvrir le capital à ses créanciers, contre un allègement de dette.
Patrick Drahi, le magnat des télécoms, tente un coup de poker pour sauver son empire Altice, englué sous une dette toujours aussi colossale de 24 milliards d'euros. Sa proposition : ouvrir le capital d'Altice France, propriétaire de SFR, à ses créanciers, en échange d'un allègement de dette équivalent. Suffisant pour éteindre l'incendie qui menaçait le contrôle de son empire ? Ce n'est pas encore certain.
Le pari osé de Patrick Drahi pour garder le contrôle de SFR
Le maestro des deals audacieux, Patrick Drahi, était dos au mur. En échange d'une première proposition de réduction de la dette entre 20 et 30%, les créanciers avaient répondu en proposant de réduire de 15% la dette, en échange d'obligations convertible… Mais cela aurait constitué un trop grand risque pour Patrick Drahi, qui risque de perdre le contrôle d'Altice France et de SFR.
Alors, toujours embêté par cette dette de 24 milliards d'euros qui pèse sur Altice, le tycoon des télécoms vient de tenter une manœuvre osée : proposer jusqu'à 15% du capital d'Altice France à ses créanciers, nous apprennent Bloomberg et Les Echos. Mais attention, ce n'est pas un cadeau ! En contrepartie, il demande toujours un effacement de dette du même montant. L'offre fait, une nouvelle fois, grincer des dents dans le camp des créanciers.
Cette proposition, bien que non officielle, marque néanmoins un tournant, car c'est en effet la première fois que Patrick Drahi envisage d'ouvrir le capital de son joyau. Mais est-ce suffisant pour calmer l'appétit des créanciers ? Ces derniers, citons par exemple BlackRock et Elliott, ne semblent pas convaincus. Ils estiment que cette offre ne résout pas le problème de fond : la structure de capital d'Altice reste fragile.
La partie de poker menteur continue
Le timing de cette annonce n'est en tout cas pas anodin. Le marché de la dette montre des signes d'amélioration, ce qui pourrait renforcer la position d'un Patrick Drahi ici opportuniste. C'est un peu un jeu d'échecs financier où chaque mouvement compte désormais. Le milliardaire espère ainsi reprendre la main dans les négociations, tout en gardant le contrôle de son empire.
Et le patron d'Altice a plus d'un tour dans son sac. En parallèle, il discute avec Apollo, le géant du private equity (du non coté), pour obtenir de nouvelles lignes de crédit. Son objectif ? Rembourser ses créanciers actuels et gagner du temps. C'est une stratégie risquée, mais qui pourrait lui permettre de passer les échéances cruciales de début 2025, où 1,2 milliard d'euros est dû.
Les créanciers, de leur côté, ne restent pas les bras croisés. Ils ont prolongé leur accord de coordination jusqu'en 2026, formant un front uni face à Patrick Drahi. Leur message est clair : « Une dette se rembourse ». Ils estiment que le milliardaire a les moyens de payer et devrait le faire, plutôt que de chercher des échappatoires. Si l'homme d'affaires joue la montre, les créanciers entendent maintenir la pression, quitte à durcir leur position si nécessaire.