Un magasin SFR à Bordeaux © sylv1rob1 / Shutterstock.co
Un magasin SFR à Bordeaux © sylv1rob1 / Shutterstock.co

L'homme d'affaires propriétaire d'Altice, Patrick Drahi, pourrait perdre le contrôle de son groupe, pour restructurer sa dette colossale. Ses créanciers lui proposant une solution radicale, à l'opposée de la sienne.

C'est un bras de fer financier de quelques 24 milliards d'euros qui oppose Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice, maison-mère de SFR, à ses créanciers. Ce montant, c'est celui de la dette du magnat des télécoms. Ce dernier se trouve confronté à un choix cornélien : conserver le contrôle de son empire, ou accepter une restructuration massive de sa dette, en échange d'un passage de flambeau à la tête de son empire. Inutile de dire que le milliardaire sera difficile à convaincre.

Patrick Drahi, toujours trop gourmand

Lors du premier trimestre, Patrick Drahi avait demandé à ses prêteurs de renoncer à une partie de leurs créances, à hauteur de 30%. À l'époque, l'effort suggéré avait été perçu comme une provocation par les prêteurs, qui en majorité exercent dans des fonds spécialisés dans la dette risquée.

Il y a deux mois, en juillet, Patrick Drahi a fait une esquisse de proposition, une nouvelle, via Altice, visant à effacer 20% de sa dette, avec pour objectif, à plus long terme encore, d'en effacer 10 milliards d'euros. Il n'en fallait pas moins pour définitivement piquer au vif les créanciers, qui sont donc, deux mois après, revenus en force avec une contre-offre. Et celle-ci est pour le moins audacieuse.

Les prêteurs de Patrick Drahi proposeraient, selon Bloomberg et Les Echos, de couper 15% de la dette. Ah, voilà une première victoire pour le fondateur d'Altice, alors ? Pas tout à fait… Les créanciers de Drahi lui proposent en effet une réduction de 15% de la dette, mais avec une contrepartie de taille : l'introduction d'obligations convertibles. D'un point de vue économique, il peut s'agir d'un titre de dette qui peut être converti en actions de l'entreprise émettrice, à des conditions évidemment prédéfinies.

La « lourde » contre-proposition des créanciers d'Altice

Cette manœuvre pourrait potentiellement ouvrir la voie à une prise de contrôle du groupe par les créanciers, ce qui bouleverserait, évidemment, l'équilibre du pouvoir au sein d'Altice.

Les fonds d'investissement qui ont racheté la dette de la société avec une décote, semblent prêts à souscrire ces obligations convertibles, en échange d'une montée au capital, ce qui ferait perdre du poids à Drahi au sein de son propre groupe.

Peu de chances d'aller au bout

Les créanciers pourraient, en plus, exiger du milliardaire qu'il utilise une partie des liquidités et cessions qu'il a à portée de main, soit environ 3 milliards d'euros, pour rembourser une fraction de la dette. Les autres prêteurs repousseraient alors les créances d'Altice, en l'échange de taux d'intérêt plus élevés. Tout cela aura, de toute façon, sans doute du mal à aboutir en l'état.

SFR, qui a perdu des abonnés sur le fixe et le mobile, est en souffrance depuis plusieurs trimestres. Une difficulté de plus qui a pu pousser à la vente de Teads pour 1 milliard de dollars et la cession de sa participation de 24,5% dans British Telecom pour 3 milliards de livres. On le sait, Patrick Drahi recherche des liquidités. Peut-être en obtiendra-t-il aussi avec la vente de ses parts dans La Poste Mobile.

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Source : Les Echos