SFR est en difficulté, sa maison-mère Altice aussi © Pixavril / Shutterstock.com
SFR est en difficulté, sa maison-mère Altice aussi © Pixavril / Shutterstock.com

L'opérateur SFR est confronté à une crise majeure, symbolisée par la perte de 385 000 clients mobiles sur la dernière année, et un propriétaire fragilisé.

Autrefois leader dans le secteur des télécoms français, SFR, aujourd'hui deuxième opérateur hexagonal, traverse une crise alarmante, avec une forte baisse de sa base d'abonnés en un an et des problèmes financiers qui n'en finissent plus. Ajoutons à cela une maison-mère, Altice, en difficulté et plombée par une dette considérable, ainsi qu'un scandale de corruption impliquant un haut responsable du groupe, qui vient un peu plus menacer la crédibilité déjà bien entamée de l'entreprise aux yeux de ses créanciers. Patrick Drahi n'a plus le choix et doit réagir.

SFR traverse une crise majeure

Imaginez qu'en seulement un an, SFR a perdu 385 000 clients mobiles et quelque 200 000 clients sur le fixe. C'est colossal. Les bénéfices d'Altice France, maison-mère de SFR et des médias BFMTV et RMC, ont plongé de 5,7 %, comme le rappellent nos confrères de Capital.

Pire, le free cash flow (qui permet de réinvestir, de verser des dividendes aux actionnaires ou de réduire une dette), était négatif au deuxième trimestre 2023. L'opérateur au carré rouge est le seul, parmi tous ses concurrents, à être dans une telle situation.

Au 30 juin 2023, Altice France faisait état d'une dette avoisinant les 24 milliards d'euros. Celle du groupe Altice comprenant les antennes dans le reste du monde atteignait, elle, 60 milliards d'euros. La dette, qui handicape l'entreprise depuis plusieurs années, est devenue un fardeau pour Patrick Drahi, d'autant plus qu'elle a conduit à des taux d'intérêt plus élevés en raison de l'inflation.

Le logo SFR, ici en boutique © photofort 77 / Shutterstock.co
Le logo SFR, ici en boutique © photofort 77 / Shutterstock.co

Un scandale de corruption qui tombe au pire des moments pour Altice

Mais alors qu'il se préparait à rembourser la première échéance d'importance, le fondateur d'Altice doit affronter un scandale de corruption, qui a littéralement éclaboussé le groupe cet été. Celui-ci a été marqué par l'arrestation d'Armando Pereira, un proche collaborateur de Patrick Drahi, épinglé au Portugal pour des accusations de corruption, de blanchiment d'argent et de fraude fiscale. En se jouant du fisc, mais aussi de la filiale locale d'Altice, il a gravement entaché la réputation de l'entreprise et compliqué les relations entre le mastodonte et ses créanciers.

Les employés de SFR ne cachent plus leur inquiétude quant à leur avenir. Car Patrick Drahi envisage désormais de céder une partie du capital d'Altice France, cela inclut donc l'opérateur SFR. Même si la part évoquée ne serait que minoritaire et uniquement destinée à repousser un peu plus les échéances, les syndicats demandent une totale transparence sur la situation, et que les employés puissent être impliqués dans les décisions futures.

Malgré une vision ambitieuse lors de l'acquisition de SFR en 2014, à l'époque pour 13 milliards d'euros, Patrick Drahi a commis nombre d'erreurs stratégiques, notamment en pariant sur des lignes de fibre optique avec câble chez l'abonné, plutôt que sur une fibre de bout en bout, qui offre de meilleurs débits. Sans parler non plus de son projet de convergence des médias, qui a vite échoué face à la hausse des tarifs, particulièrement impopulaire. L'heure est désormais au redressement pour Altice et SFR, si tant est que le groupe en ait la capacité aujourd'hui.

Source : Capital