Appelant à la « sobriété numérique », le groupe de réflexion The Shift Project fait état de la croissance continue et inquiétante des émissions de gaz à effet de serre dégagées par le streaming vidéo.
Serons-nous bientôt pointés du doigt pour notre consommation de vidéos en ligne ? La question mérite d'être posée, tant le streaming vidéo semble contribuer au bilan carbone des utilisateurs du monde entier, avec 1 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Le think thank français The Shift Project souhaite alerter l'opinion sur la croissance du coût écologique de la vidéo en ligne.
La consommation énergétique du numérique dépasse celle de l'avion
Dans son rapport Climat : l'insoutenable usage de la vidéo en ligne, publié il y a quelques jours, le groupe de réflexion rapporte que le numérique est en train de dépasser le secteur de l'aviation civile avec une part conséquente de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui est d'autant plus inquiétant, c'est que la pollution du numérique et du streaming vidéo (lui-même responsable d'un quart de la pollution numérique) se veut être croissante, puisque la consommation d'énergie du secteur progresse de 9 % chaque année.En 2025, le numérique pourrait être responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Pour tenter d'atténuer ce chiffre alarmant, The Shift Project ambitionne de faire adopter au monde un comportement de sobriété numérique qui « consiste à prioriser l'allocation des ressources en fonction des usages, afin de se conformer aux limites planétaires, tout en préservant les apports sociétaux les plus précieux des technologiques numériques ». Changer ses habitudes de consommation de vidéos fait partie des solutions.
Le streaming vidéo rejette 300 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année
La vidéo est aujourd'hui grandement sollicitée, puisqu'elle génère 60 % des flux de données mondiaux et rejette plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an. Car contrairement à la télévision, la vidéo en ligne est stockée dans des centres de données, eux-mêmes très gourmands en énergie, puis acheminée vers nos smartphones, ordinateurs, téléviseurs connectés via des réseaux comme la fibre optique, les modems et autres câbles.Quatre grands types de contenus constituent la consommation globale du streaming vidéo : la VoD (34 %) avec les plateformes Netflix, Amazon Prime, Hulu etc ; la pornographie (27 %) et les sites Pornhub, XVideo, YouPorn ; les hébergeurs (21 %) que sont YouTube, Vimeo ou encore Dailymotion ; et les autres (18 %) dans lesquels on peut par exemple englober les vidéos chargées sur les réseaux sociaux.
Notons qu'à elle seule, la VoD concentre un tiers des émissions de CO2 de la vidéo en ligne en 2018, avec 102 millions de tonnes.
Prioriser les usages
Pour contenir l'explosion des émissions causées par le streaming vidéo, The Shift Project en appelle à la sobriété numérique. Mais elle nécessite une vraie régulation des usages. Cela peut notamment passer, à titre individuel, par l'utilisation d'une plus faible résolution et par la diminution du poids de la vidéo. Des solutions simples mais qui, à grande échelle, auraient un impact moindre que les pratiques actuelles.Le groupe de réflexion n'accable pas nécessairement les individus, mais plutôt les plateformes de diffusion qui, par « leur design, le modèle économique sous-jacent, les métriques d'adhésion etc. » contribuent à façonner les usages des utilisateurs, qui ne sont que le produit d'un système. The Shift Project en appelle ainsi à l'ensemble des acteurs concernés (régulateurs, politiques, fournisseurs de services, justice et usagers) pour mettre au point une sobriété, en priorisant les usages.
Source : The Shift Project