Streaming vidéo : le coût écologique serait désastreux, selon l'association The Shift Project

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 17 juillet 2019 à 12h40
Netflix
(Crédits : sitthiphong / Shutterstock.com)

Appelant à la « sobriété numérique », le groupe de réflexion The Shift Project fait état de la croissance continue et inquiétante des émissions de gaz à effet de serre dégagées par le streaming vidéo.

Serons-nous bientôt pointés du doigt pour notre consommation de vidéos en ligne ? La question mérite d'être posée, tant le streaming vidéo semble contribuer au bilan carbone des utilisateurs du monde entier, avec 1 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Le think thank français The Shift Project souhaite alerter l'opinion sur la croissance du coût écologique de la vidéo en ligne.

La consommation énergétique du numérique dépasse celle de l'avion

Dans son rapport Climat : l'insoutenable usage de la vidéo en ligne, publié il y a quelques jours, le groupe de réflexion rapporte que le numérique est en train de dépasser le secteur de l'aviation civile avec une part conséquente de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui est d'autant plus inquiétant, c'est que la pollution du numérique et du streaming vidéo (lui-même responsable d'un quart de la pollution numérique) se veut être croissante, puisque la consommation d'énergie du secteur progresse de 9 % chaque année.

En 2025, le numérique pourrait être responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Pour tenter d'atténuer ce chiffre alarmant, The Shift Project ambitionne de faire adopter au monde un comportement de sobriété numérique qui « consiste à prioriser l'allocation des ressources en fonction des usages, afin de se conformer aux limites planétaires, tout en préservant les apports sociétaux les plus précieux des technologiques numériques ». Changer ses habitudes de consommation de vidéos fait partie des solutions.

Le streaming vidéo rejette 300 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année

La vidéo est aujourd'hui grandement sollicitée, puisqu'elle génère 60 % des flux de données mondiaux et rejette plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an. Car contrairement à la télévision, la vidéo en ligne est stockée dans des centres de données, eux-mêmes très gourmands en énergie, puis acheminée vers nos smartphones, ordinateurs, téléviseurs connectés via des réseaux comme la fibre optique, les modems et autres câbles.

Quatre grands types de contenus constituent la consommation globale du streaming vidéo : la VoD (34 %) avec les plateformes Netflix, Amazon Prime, Hulu etc ; la pornographie (27 %) et les sites Pornhub, XVideo, YouPorn ; les hébergeurs (21 %) que sont YouTube, Vimeo ou encore Dailymotion ; et les autres (18 %) dans lesquels on peut par exemple englober les vidéos chargées sur les réseaux sociaux.

Notons qu'à elle seule, la VoD concentre un tiers des émissions de CO2 de la vidéo en ligne en 2018, avec 102 millions de tonnes.

Graphique_FR_Émissions-de-GES-de-la-vidéo-en-ligne.png

Prioriser les usages

Pour contenir l'explosion des émissions causées par le streaming vidéo, The Shift Project en appelle à la sobriété numérique. Mais elle nécessite une vraie régulation des usages. Cela peut notamment passer, à titre individuel, par l'utilisation d'une plus faible résolution et par la diminution du poids de la vidéo. Des solutions simples mais qui, à grande échelle, auraient un impact moindre que les pratiques actuelles.

Le groupe de réflexion n'accable pas nécessairement les individus, mais plutôt les plateformes de diffusion qui, par « leur design, le modèle économique sous-jacent, les métriques d'adhésion etc. » contribuent à façonner les usages des utilisateurs, qui ne sont que le produit d'un système. The Shift Project en appelle ainsi à l'ensemble des acteurs concernés (régulateurs, politiques, fournisseurs de services, justice et usagers) pour mettre au point une sobriété, en priorisant les usages.

Source : The Shift Project
Alexandre Boero
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metamorphosis

Vive la 4k, 8k…

saint_win

Bien sur, il vaut mieux aller dans une salle de cinema climatisée en voiture que de regarder le film sur son ecran. Cette étude est payée par qui??

drno95

Et toujours rien sur les industries lourdes, le retour à la production d’électricité à base d’énergies fossiles (parce que le nucléaire c’est dangereux et surtout moins lucratif), l’absence de volonté politique de développer les réacteurs au thorium etc.
Ces “think tanks” culpabilisent sans cesse les consommateurs finaux dans un monde qui associe sciemment sa stabilité à la surconsommation de produits industriels à bas prix de revient sans jamais remettre réellement en cause ce paradigme fondamental. C’est ridicule d’hypocrisie.

marc6310

Ben oui en fait … Les gens n’ont vraiment pas la mesure des coûts environnementaux engendrés par le streaming que ce soit des séries et films et encore plus pour le jeux vidéo.

gwlegion

j’aimerais savoir d’ou ils tirent leurs calculs …
non, par ce que dire que le numerique a un cout en energies … ok
mais de la a dire que ca emmet massivement des gaz a effets de serre ?
Et puis, ils y vat pas par 4 chemins … l’accusation de veut precise :
je cite “Le streaming vidéo rejette 300 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année”

le numerique, c’est electrique … donc en france, et dans la majorité des pays industrialisés, c’est en grande majorité nucléaire, puis en energies renouvellables … Et en general, les grands datacenter ne sont pas hebergés dans les pays ou on s’electrise au charbon … donc rien qui emmet de gazs.

du coup ma question : d’ou ils tirent cette conclusion ? En l’etat, elle me semble completement erronée, mais surtout mensongere …

J’ai d’ailleurs parcouru leur site, et y’a un nombre incroyable de biais cognitifs … d’arguments moisis si vous preferez :

je site " (le rapport) … est le fruit d’un travail dirigé par Maxime Efoui-Hess, ingénieur spécialiste du climat et de la modélisation, diplômé de l’ISAE-SUPAÉRO, de l’Université Paul Sabatier et de l’École nationale de la météorologie."
Argument d’authorité . Deja ses etudes, on s’en cogne, mais le gars est meteorologue … il n’a donc pas plus de competences en energetique et en industies du numerique que le quidam moyen …

Ils citent des temoignages d’experts … la moitié sont dirrectement ou indirectement affiliés au shift project … les autres ne sont pas competent dans ce domaine … en tout cas a titre professionel…

Je n’ai vu aucune source mis a part … ben leur propre documentation …
on affirme dans le raport tartenpion que c’est youtube qui deregle le climat … comment on le sait ? ben c’est marqué dans le rapport tartenpion … ca me rapelle les conversation que je peux avoir avec certain catho …

Bref, tout ca me semble a premiere vue bien faiblard … mais je peux me tromper

AlexLex14

Hello tout le monde,

Pour vous apporter un petit complément d’info, l’an dernier, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) affirmait déjà que le secteur du numérique polluerait plus que l’aviation dès cette année…

Si vous avez un peu de temps pour la lecture :point_right: https://www.novethic.fr/actualite/infographies/isr-rse/envoyer-un-mail-regarder-une-video-l-impact-environnemental-du-numerique-decode-145813.html

Exosia

Je me suis régalé de cette lecture ^^"
Tout est dit en tout cas.

Exosia

A quand une étude sur l’énergie des usines fabriquant des CD DVD/Blu-Ray plus leur packaging si le streaming n’existait pas x)

chickenwing

La solution serait de revenir à la bonne vieille tnt.
Mais bon… faut dire que les chaines tv ne nous aident pas beaucoup ^_^’

Elrix

Peut-être parce que les utilisateurs finaux sont au final, responsables?

C’est bien gentil de toujours rejeter la faute sur les autres, mais au final les utilisateurs sont les premiers responsables.

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