Vidéo à la demande : YouTube prêt à se lancer à grande échelle ?

Alexandre Laurent
Publié le 26 avril 2011 à 17h39
Numéro un mondial des portails de vidéo en ligne, YouTube serait en passe de voir aboutir ses nombreux efforts visant à mettre sur pieds une plateforme de vidéo à la demande payante. Il viendrait en effet de signer avec plusieurs grands studios, ce qui le placerait à quelques semaines d'un lancement commercial. Un nouvel acteur d'envergure pourrait naître sur le marché américain, actuellement dominé par iTunes sur le segment de l'achat à l'acte et par le rouleau compresseur Netflix sur le terrain de l'abonnement.

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YouTube et la vidéo à la demande, enfin un happy end hollywoodien ? Selon le site spécialisé TheWrap, trois des plus grands studios américains auraient accepté de distribuer leurs films au travers d'un nouveau service de vidéo à la demande opéré par YouTube, dont le lancement pourrait intervenir dans les jours ou les semaines à venir. L'un des auteurs du site AllThingsD, invoquant des sources proches du dossier, s'est dit lundi en mesure de confirmer l'information. Sony Pictures Entertainment, Warner Bros et Universal seraient de la partie.

Après plusieurs tentatives plus ou moins avortées, YouTube serait donc sur le point de se lancer véritablement dans l'aventure de la vidéo à la demande. D'après les informations relayées outre Atlantique, le modèle retenu serait celui de la location à l'acte, avec un modèle de diffusion basé sur le streaming, par opposition au téléchargement d'un fichier conservé en local sur la machine de l'utilisateur. Sur le plan commercial, YouTube se positionnerait donc comme le concurrent direct d'Apple ou d'Amazon et ne partirait pas sur le terrain de l'abonnement.

Reste à savoir quelle pourrait bien être la proposition de valeur de YouTube par rapport aux nombreux acteurs déjà établis sur le terrain de la location à l'acte ? Le premier d'entre eux, et non des moindres, réside sans doute dans l'audience colossale qu'affichent aujourd'hui les différents services vidéo opérés par Google. Selon ComScore, leur audience aux Etats-Unis serait en effet de 143 millions de visiteurs uniques sur le mois de mars 2011, dont plus de 130 millions pour le seul YouTube.

Peter Kafka, du site AllThingsD, croit savoir que la filiale vidéo de Google pourrait bien chercher à se démarquer également sur le plan du service proposé aux internautes. Selon lui, le numéro un mondial de la recherche en ligne envisagerait la mise en place d'une fonctionnalité de type « bibliothèque en ligne », au sein de laquelle l'internaute pourrait conserver un accès permanent aux longs métrages et vidéos desquels il a acquitté les droits.

Un YouTube VOD pour mieux contrecarrer Netflix ?

En constituant une telle vidéothèque dématérialisée, YouTube ferait miroiter aux yeux des studios la promesse d'un nouveau marché susceptible de venir compenser la baisse des ventes de DVD... ou la montée en puissance des services basés sur la notion d'abonnement, incarnés tout particulièrement outre Atlantique par Netflix, dont les chiffres de croissance frisent l'insolence.

Avec sa formule à 7,99 dollars par mois, offrant pour mémoire un accès illimité à un catalogue de plusieurs milliers de films, Netflix peut en effet se targuer d'avoir dépassé, en nombre d'abonnés, le premier câblo-opérateur américain, Comcast, avec 22,8 millions de clients sur le sol américain (pour un total de 23,6 millions avec le Canada). Sur le premier trimestre 2011, il a indiqué mardi matin avoir recruté quelque 3,3 millions de nouveaux clients, et dégagé un chiffre d'affaires de 719 millions de dollars, assorti d'un bénéfice net de 60 millions de dollars. Tout impressionnants qu'ils soient, ces chiffes risquent de conduire la très libérale industrie du cinéma américaine à revoir ses exigences... ou à chercher des alternatives plus lucratives au modèle Netflix.

C'est là la troisième carte que pourrait jouer YouTube, en associant par exemple des revenus issus de la publicité aux recettes générées par les opérations location / vente proprement dites. Le site, de son côté, trempe les orteils dans le bain de la vidéo à la demande depuis deux ans, à coup d'expérimentations plus ou moins ponctuelles. Aujourd'hui, il dispose d'une plateforme fonctionnelle, et sait probablement quel est son potentiel en termes de location, de vente, ou de contenus financés par la publicité. Il ne lui reste finalement plus qu'à disposer d'un vrai catalogue pour sauter dans le grand bain.
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