Pour son retour en France, le constructeur automobile d’origine entend bien faire du bruit, à l’inverse de son modèle star, le MG ZS EV. Il s’agit d’un SUV 100% électrique dont le ticket d’entrée se situe à 29 990 euros, soit 22 990 euros bonus écologique de 7 000 euros déduits. Pas mal… Mais qu'est-ce qui se cache derrière ce prix d’appel séduisant ? Pour le savoir, nous avons pris le volant de l’engin. Voici nos premières impressions.
Nous vous l’avions annoncé en avril dernier dans nos colonnes : le constructeur MG revient en France et il semble décidé à faire parler de lui. D’ailleurs, c’est déjà le cas ! Et pour cause, outre la renaissance de ce constructeur d’origine britannique devenu propriété du groupe chinois SAIC Motor (Shanghai Automotive Industry Corporation), il y a cette annonce qui se concrétise avec l’arrivée du MG ZS EV, un SUV 100% électrique vendu à partir de 29 990 euros… hors bonus écologique !
Avec les annonces gouvernementales de ce 26 mai, le bonus écologique est passé à 7 000 euros au lieu de 6 000 euros. Calcul fait, nous avons là un véhicule neuf, 100 % électrique, à moins de 23 000 euros ! Alors à ce niveau de prix, vous n’aurez pas le plus endurant des SUV électriques (263 km WLTP annoncés), ni le plus vivace (moteur 105 kW, soit 143 ch), mais il devrait tenir la distance et peut être même un peu plus avec ces technologies embarquées.
C’est ce que nous allons d’ailleurs vérifier avec cette première découverte du MG ZS EV.
Design : pas de faute de goût rédhibitoire
Les odeurs de peintures fraîches ont disparu, mais l’absence de mobilier dans cette concession MG située dans le XIe arrondissement de Paris nous rappelle que le constructeur redémarre from scratch en France… dans un contexte et économique sanitaire très compliqué. Mais nous mettons cela très rapidement de côté et nous nous garderons bien pour l’instant de faire un quelconque pari sur l’avenir de la marque.
Chez MG, l’offre proposée est simple : un SUV électrique, cinq coloris, deux finitions. Voilà tout ! Et LA très bonne chose (selon nous) c’est que ces déclinaisons sont là, dans le showroom. Inutile de se poser trop de questions sur le choix de la couleur, des jantes ou de la sellerie : on peut constater sur place.
Nous faisons rapidement le tour de l’auto, qui affiche à première vue des prestations en accord avec son prix. La finition « Comfort » du modèle le moins cher (29 990 euros) se distingue surtout par sa sellerie en tissu et ses jantes alliage 16 pouces.
Nous aurons à l’essai un modèle « Luxury », l’autre finition proposée à 31 990 euros, avec pour seule option une peinture « Diamond red » proposée en option à 650 euros - comme les autres coloris, d'ailleurs. Un rouge assez séduisant que certaines marques n’hésiteraient pas à facturer aux alentours des 1 000 euros.
La monte de pneus est différente, puisqu’on passe ici sur des jantes alliage de 17 pouces avec des gommes un peu plus larges et plus basses : 215/50 R17 contre 205/60 R16.
La large calandre de ce ZS EV nous fait penser à l’avant du Mazda CX-30, et ces inserts chromés surfent sur la tendance actuelle : on les retrouve désormais chez de nombreux constructeurs.
Dans l’ensemble donc, cette rencontre avec le MG ZS EV ne nous laissent pas indifférent. Nous avions vu l’engin en photo, mais en vrai c’est autre chose. On prend la mesure des proportions et de la ligne de ce SUV… et c’est loin de nous déplaire.
A bord du MG ZS EV version haut de gamme
Toujours en raison du contexte actuel, les essais du ZX EV ont eu lieu en région parisienne sur une petite journée et c’est pourquoi il faut considérer que ce qui va suivre sont essentiellement des « premières impressions ». Et sur certains aspects, de bonnes impressions mêmes.
« Luxury » est un bien grand mot pour décrire la finition de notre modèle d’essai, mais toujours avec ce prix de 32 000 euros en tête, on se dit que c’est pas si mal. La planche de bord est moussée, les assemblages convenables et les aérations installées aux extrémités de la planche de bord nous font clairement penser à du Mercedes.
La disposition des touches sur la console centrale ne pose pas de problème : on accède au sélecteur de vitesse très facilement, tout comme aux gâchettes pour changer les modes de conduite ou ajuster la puissance du freinage régénératif. Le look de celles-ci nous rappelle là encore une célèbre marque allemande. Nous reviendrons sur ces modes plus après.
Pour les cas où les porte-gobelets feraient office de vide-poche, il est naturellement possible de refermer grâce à un mécanisme coulissant. Un autre compartiment est disponible sous l'accoudoir central.
L’intégration de l’écran central de 8 pouces est classique, plutôt à une hauteur convenable pour ne pas trop détourner son attention de la route, même si le revêtement semble sublimer facilement les reflets du soleil. D’autant que, et c’est une très bonne chose, dans cette version « Luxury », le MG ZX EV est doté d’un toit panoramique ouvrant. Encore un atout en sa faveur !
En main, le volant est agréable et on salue la présence de boutons permettant de piloter les fonctions multimédias. À noter qu'une touche activant la reconnaissance vocale permet de solliciter Google Assistant ou Siri lorsque votre mobile est connecté. Oui, le système multimédia est compatible avec Apple CarPlay et Android Auto et vous pourrez donc retrouver vos applications préférées.
Enfin, on trouve à gauche du volant les comodos traditionnels permettant par ailleurs d’activer les fonctions de régulateur de vitesse adaptatif et gros point fort également à ce niveau de prix : la fonction de correction de trajectoire. Malheureusement, malgré nos sollicitations, nous n’aurons pas réussi à profiter de l’aide au maintien de voie. Seules les alertes de franchissement se sont fait entendre. Assez souvent, d’ailleurs, en raison d’une tolérance à peaufiner selon nous. Nous avons fini par désactiver ce « bip » intempestif et pas toujours agréable.
À l’arrière, l’habitabilité est tout à fait convenable. Même avec notre siège conducteur réglé pour notre mètre soixante-quinze, l’espace aux jambes ne nous pose aucun problème sur installé sur la banquette. À noter d’ailleurs qu’il s’agit d’une banquette rabattable 2/3 - 1/3. A l'avant, seul le siège conducteur profite de réglages électriques, mais les deux sont des sièges chauffants.
Au volant d’un SUV 100% électrique… plutôt bien calibré
Sur le point de partir, une autre bonne surprise : on profite ici d’un démarrage sans clé. Celle-ci pourra donc rester dans la poche ou le sac à main, y compris pour fermer ou ouvrir le véhicule puisqu’il suffit de presser les boutons sur les poignées de porte (chromées d’ailleurs en version « Luxury ») pour piloter la centralisation.
Comme nous le disions plus haut, le MG ZS EV n’a pas vocation à vous scotcher aux sièges à la moindre accélération. Néanmoins, le moteur de 105 kW, soit une puissance équivaut à 143 chevaux et le couple de 353 Nm disponible immédiatement confère une réponse intéressante à la sollicitation de la pédale de droite. Le constructeur annonce d’ailleurs que le 0 à 50 km/h est atteint en 3.1s et le 0 à 100 km/h par en 8,2s. On ne grimpe pas aux arbres mais, test à l’appui durant notre essai, les démarrages aux feux, les sorties de péage ou les voies d’insertions sur autoroute se font avec un dynamisme agréable.
MG annonce que la vitesse maximale du véhicule est plafonnée à 140 km/h, une vitesse que nous avons pu atteindre sans problème le temps d’un dépassement sur autoroute. Rues et voies rapides n’ont pas été les seules routes que nous avons empruntées durant notre essai. Les quelques kilomètres dans la vallée de Chevreuse (pour les connaisseurs) située dans les Yvelines en Île-de-France, nous ont aussi permis de constater que pour un SUV, le ZS EV se comporte bien !
Le pack de batteries de 44,5 kWh de 277 kg étant installé dans le plancher, comme c’est souvent le cas d’ailleurs, le centre de gravité très bas confère une bonne assise à ce SUV. L’expérience est trop courte pour être catégorique, mais selon nos premiers constats, la tenue de route est plutôt bonne, et si l’amortissement est plutôt souple, la bête ne s’écrase que modérément dans les courbes. Mais là encore, il nous faudra doubler les essais pour confirmer.
Même si en l’état, on garde une bonne impression globale du confort à bord, avec une capacité à effacer quasi totalement les bandes vibrantes - et ralentisseurs pas trop hauts. Une seconde session par une météo moins clémente (nous avions un grand soleil et 24 degrés) nous permettra aussi de mieux apprécier l’effet du vent sur la carrosserie, car en l’état, les bruits d’air et les bruits de roulements étaient très bien estompés eux aussi.
Au final, pour un SUV, le MG ZS EV n’est pas un lourdaud qu’on peine à emmener sur les routes, au contraire. La direction est plutôt précise et le mode sport libère la puissance de l’auto. Sur les routes sinueuses, nous avons rapidement adopté ce mode sport, combiné au maximum de la récupération d’énergie, à savoir le mode 3. Le mode normal est pertinent pour les grandes allonges sur autoroute et voies rapides et le mode éco tout à fait suffisant pour la ville.
En fait, sur ce premier essai, il n’est pas aisé de noter des différences entre les modes de manière aussi significative que cela peut l’être chez d’autres constructeurs. Nous avons d’ailleurs interrogé le constructeur sur le sujet, qui nous a dit qu’il n’y a pas de perte de puissance (certains constructeurs indiquent la différence de puissance et de couple) entre les différents modes, mais juste une réponse différente à l’accélérateur et un durcissement de la direction en configuration sport.
En revanche, on perçoit bien la différence en les modes 1, 2 et 3 de la récupération. Avec ce dernier, il est possible de conduire quasiment à une seule pédale dans la plupart des cas… mais la vigilance s’impose, car l’auto ne s’arrête pas aussi vite qu’un mode « e-Pedal », par exemple, de chez Nissan.
Consommation et découverte des superchargeurs Total
Avec toutes les précautions qui s’imposent, tant au regard des kilomètres parcourus avec la voiture qu’en considération des conditions météo idéales, nous pouvons indiquer que la consommation électrique de ce véhicule s’annonce modérée. Après 160 km, l’électronique indique 16.8 kWh/100 km. Ne prenez pas en compte la vitesse moyenne de 40 km/h, faussée par les arrêts relatifs (pour prendre des photos, manipuler l'infotainment, etc.) à cet essai.
Pas si mal pour un SUV que nous avons parfois conduit de manière assez dynamique et sans se priver de la climatisation. Sur l'autre photo prise de retour à notre point de parking (la concession parisienne), on peut noter que la jauge de charge de la batterie est à 60% environ et que l’autonomie restante est estimée à 138 km. Mathématiquement, cette dernière donnée nous emmène à 276 km avec un plein. Mais si on considère la consommation moyenne de 16.8 kWh/100 km et la capacité de la batterie qui est de 44,5 kWh, alors notre produit en croix porte l’estimation de l’autonomie à 264 km... soit une valeur très proche des 263 km annoncés selon le cycle WLTP. Mais attention, si notre parcours de test se voulait plutôt mixte dans le profil de route, sur autoroute, la consommation se situe plus aux alentours des 17 kWh/100 km… et (beaucoup ?) plus si vous roulez chargé. A noter que MG a intégré un système de refroidissement liquide pour optimiser la durée de vie des batteries et le rendement.
Notre boucle de test nous a également permis de découvrir la station de charge rapide Total installée sur l’air de service de Limours. Là aussi, nous garderons bien de nous prononcer sur les puissances de charge. Avec à peine 80 km au compteur, le niveau de batterie n’est pas descendu assez bas pour que la charge rapide s’enclenche à plein régime.
Quelques 10 kW sont en sortie de la prise Combo CSS… bien moins que la puissance maximale que peut délivrer cette borne (175 kW) et bien moins aussi que peut admettre le MG ZS EV, à savoir 85 kW. En revanche, ce qu’on peut vous dire, c’est que les stations Total semblent très bien fonctionner.
En quelques minutes, l’auto est branchée sur sa prise Combo CSS située derrière sa large trappe au centre de la calandre. Nous ne demanderons pas le coût de la charge au constructeur, mais le panneau installé sur la station affiche les tarifs qui vont de 35 à 55 ct du kW en fonction de l'interface et la puissance de charge.
Nous utiliseront ici l'interface Combo CSS et la charge complète devrait être facturée (en théorie) 25 euros… tout de même ! L'autonomie de ce véhicule ne devrait pas dépasser les 200 km sur autoroute ce qui commence à représenter un coût important. Sans oublier que Tesla, par exemple, facture le kWh à 24 centimes à ses clients.
Suite de la visite
Cette pause est l’occasion de découvrir un peu plus en détail notre SUV et ce qui se cache sous le capot.
Il reste de la place quand même ! On se dit qu’il faudrait peu de choses pour remanier tout ça et créer un compartiment de rangement. Il ne sera sans doute pas aussi grand que ceux présents à l’avant des Tesla, mais il pourrait au moins accueillir les câbles. Il serait tout de même plus pratique d’aller les chercher et les ranger à côté de la prise que systématiquement dans le coffre.
Coffre dont la capacité est d’ailleurs annoncée à 448 litres, soit dans la bonne moyenne. Une fois les banquettes rabattues le volume passe à 1166 litres. C’est donc là qu’on trouve les câbles de charge domestique et Type 2 (32A) livrés avec l’auto.
Les trucs en plus et en moins…
Jetons sur la table quelques arguments faveur de ce MG ZS EV qui, ont le rappelle est vendu moins de 30 000 euros en finition de base et moins de 32 000 euros dans notre version « Luxury », hors bonus. C’est parti !
On aime : les poignées et contours de portes chromés, les rails de toit très pratiques, le pare-brise chauffant, les détecteurs de collision et le freinage d’urgence, la caméra de recul, les radars d’angle mort, le toit ouvrant panoramique ou encore les phares et essuie-glaces automatiques. Autre détail important : le constructeur revendique une note de 5 étoiles aux tests Euro NCap.
Pour les trucs plus agaçants. D’abord, l’emplacement des prises USB sous la console centrale : on a adoré (c’est ironique bien sûr) brancher notre smartphone à l’aveugle ! On trouve aussi aux places arrières une prise USB, mais on aurait préféré que MG s'abstienne d'intégrer un cache prise d'une qualité aussi discutable. Non seulement il risque de casser rapidement, mais il est très peu esthétique et pénible à remettre en place. Bref…. pas franchement utile. Autant le réorienter un peu vers le bas pour qu'il soit moins sujet à l'infiltration de saleté et cela ira très bien.
L’interface perfectible de l'infotainment tant sur la partie graphique que sur la réactivité de la dalle et la fluidité des menus. Nous ne sommes pas fans non plus des commandes de climatisation. Ici pas question de choisir une température en degrés Celsius. Non, on demande plus ou moins de froid avec plus ou moins de vitesse. Peut mieux faire.
Enfin les bugs de la partie téléphonique qui impactent l’attention du conducteur et, in fine, sa sécurité. En effet, nous avons voulu tester le kit main-libres durant notre essai et nous avons pu constater que sitôt qu’un appel est émis en Bluetooth via l’interface standard du système ou via Android Auto (avec son smartphone connecté en USB), il était très pénible, voire impossible, de revenir sur l’interface de navigation. Super !
Si on est tiraillé entre le besoin de se faire guider et l’importance de la conversation, cela devient vite la panique à bord. Certains diront qu’il suffit de raccrocher. Certes, mais parfois l’appel téléphonique est important et quand bien même… cela doit fonctionner.
MG ZS EV : bilan de nos premières impressions
Ces quelques dernières critiques vous auront peut-être laissé sur un arrière-goût amer. Pourtant, pour avoir conduit le véhicule, ce n’est pas ce que nous vous invitons à retenir. Déjà parce que les bugs Android devrait pouvoir être facilement corrigés par MG. Il n’est pas exclu qu’ils soient liés à notre modèle d’essai qui fait peut-être partie d’une pré-série, si on considère la crise sanitaire et l’impact que cela a dû avoir sur la production de série.
Non, retenez plutôt que, selon nous, le constructeur MG revient en France avec une auto qui est loin d’être ridicule. Comme nous l’avons partagé entre journalistes à l’issue de cette petite journée : « Hey ! ce n’est pas déconnant ! ». Le look est passe-partout, les finitions convenables, l’équipement surprenant au regard du prix, la consommation qui s’annonce maîtrisée, le plaisir de conduite est là (entre dynamisme et conduite coulée à une seule pédale) tout comme une relative polyvalence… bref, l’alliance sino-britannique pourrait bien séduire toute une population à la recherche d’une automobile propre pour les besoins du quotidien et quelques escapades les week-ends.
MG offre également aux 500 premiers clients un badge Charge Map pour accéder aux différents réseaux de charge ainsi que l'installation gratuite au domicile de la borde 7 kW. Pas mal du tout, même si les modalités seront sans doute à voir en concession.
Reste néanmoins que le constructeur devra être en mesure de garantir à ses clients un service SAV de qualité, des livraisons dans les temps et, surtout, qu’il ne quittera pas le territoire une nouvelle fois…