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Le groupe français Imerys va lancer, dans l'Allier, l'exploitation de l'une des plus grandes mines européennes de lithium, ce métal alcalin très précieux qui permet de produire des batteries de véhicules électriques.

Imerys, multinationale des spécialités minérales, a annoncé ce lundi 24 octobre le lancement d'un projet d'exploitation de lithium qui pourrait bien donner du crédit aux ambitions de la France et de l'Union européenne en matière de transition énergétique et de souveraineté vis-à-vis du géant chinois notamment. L'entreprise française exploitera, d'ici 2027 dans le Massif central, l'une des plus grandes mines de lithium du Vieux Continent, avec pour objectif d'équiper, à terme, pas moins de 700 000 véhicules électriques par an.

Une production de 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium garantie chaque année pendant… 25 ans

C'est dans le département de l'Allier, et plus particulièrement sur son site de Beauvoir, que le groupe Imerys exploitera un gisement géant de lithium, cette poudre blanche qui fait rêver les constructeurs de véhicules électriques. Le projet Emili, pour « Exploitation de MIca Lithinifère par Imerys) » se fera ainsi sur un site déjà connu pour produire du kaolin depuis le 19e siècle, une roche à la base destinée à la porcelaine mais qui aujourd'hui aide à la fabrication du papier, de peintures ou de fibre de verre, et qui fait le bonheur des industriels cosmétiques et pharmaceutiques.

Après 18 mois d'études et sondages menés par des professionnels de l'extraction minière, Imerys affirme être en mesure de viser une production de 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium à partir de 2028, et ce, pour une durée d'au moins 25 ans. Cela ferait du groupe français une référence européenne, avec un réel statut d'acteur mondial du lithium.

« Une fois le projet Emili mené à bien, il devrait fournir une source domestique durable et compétitive d'approvisionnement en lithium pour les constructeurs automobiles français et européens et contribuerait largement à relever les défis de la transition énergétique », commente le directeur général d'Imerys, Alessandro Dazza.

Chaque année, 700 000 véhicules électriques pourraient bénéficier du lithium tiré de l'exploitation de la mine

Une fois pleinement opérationnelle, la mine devrait permettre de produire suffisamment pour équiper l'équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion par an. « Ce projet contribuera à l'objectif fixé par le président de la République de produire 2 millions de véhicules électriques en France d'ici 2030, et sera soutenu par le gouvernement », a réagi le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire.

Le projet nécessiterait un investissement estimé à 1 milliard d'euros, crédits d'étain et de tantale compris. « Le coût de production du lithium à Beauvoir devrait se situer entre 7 euros/kilo et 9 euros/kilo », estime Imerys, qui le juge compétitif sur le marché européen. À terme, l'entreprise garantit un retour sur investissement « intéressant ».

Imerys, qui devra affiner les aspects géologiques et industriels liés au processus d'extraction et de transformation de lithium (pour des raisons environnementales notamment), promet un démarrage de la production dans les cinq prochaines années. Près de 1 000 emplois, directs et indirects, devraient être créés à cette occasion dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ils seront répartis entre deux sites : la mine d'extraction souterraine, située entre 75 et 350 mètres de profondeur, et l'usine de purification des minéraux et de transformation en hydroxyde de lithium, qui sera installée à quelques dizaines de kilomètres de là.