La voiture électrique la plus vendue de France fait sa mue. Plus facile à recharger, toujours aussi agréable à conduire, la Renault ZOE corrige ses principales lacunes mais ne creuse pas l'écart face à ses concurrentes désormais plus nombreuses.
Rendons à César ce qui lui appartient : de tous les grands constructeurs, Renault est avec son cousin Nissan celui qui a investi le plus tôt dans l'électrique, dès 2010. Si les annonces mirobolantes de son PDG d'alors, Carlos Ghosn, estimant que les voitures électriques constitueraient 10 % du marché en 2020 ne se sont pas réalisées, le Renault est celui qui a accumulé le plus d'expérience en matière de conception mais aussi de commercialisation de ce type de véhicules.
Introduction
Dans sa gamme, c'est évidemment la ZOE, lancée en 2012 qui a de loin remporté le plus de succès. Depuis le début de l'année, cette citadine de la taille d'une Clio se plaçait en tête des ventes en Europe devant la Tesla Model 3. Au total, 163 000 exemplaires en ont été écoulés sur le Vieux Continent depuis sa présentation. Un chiffre modeste si on le compare à celui d'un modèle thermique de grande diffusion, mais prometteur si l'on considère que ses ventes ont été en constante progression durant toute sa carrière.Pour le lancement de ce qu'il appelle un peu abusivement la « troisième génération » de ce modèle, Renault est confiant puisqu'il a annoncé avoir doublé ses capacités de production. Il ne compte certes pas sur le renouvellement esthétique de la ZOE pour multiplier les clients puisque celle-ci reste parfaitement reconnaissable : seule la face avant évolue nettement grâce à son logo de calandre plus imposant, ses boucliers redessinés et ses phares à LEDS de série. Difficile de voir autre chose dans ce renouvellement qu'un restylage, même si les modifications techniques sont nettement plus profondes.
Plus puissante et mieux équipée
On le sait, la ZOE a déjà changé plusieurs fois de moteur durant sa carrière. Elle a démarré avec une machine conçue par Continental avant que Renault installe à bord une unité à rotor bobiné de sa propre fabrication en 2015 : le R90. Depuis, il a gagné en puissance pour atteindre 110 ch en 2018.Sur le nouveau modèle, il est désormais proposé en version R135 fort, comme son nom l'indique, de 135 ch tandis que le moteur 110 ch reste au catalogue. Une puissance qui est naturellement rendue possible par la nouvelle batterie dont les cellules sont toujours fournies par LG. Celle-ci voit sa capacité passer à 52 kWh contre 41 kWh pour le modèle précédent. De quoi augmenter encore l'autonomie de 25 % et obtenir un chiffre WLTP de 395 km.
Une fois installé dans l'habitacle pas de doute : la ZOE a bien changé d'époque. Sa planche de bord, beaucoup plus proche des standards automobiles que la précédente, offre une qualité de finition en hausse malgré l'utilisation de nombreux matériaux recyclés. Elle adopte une traditionnelle casquette protégeant la nouvelle instrumentation numérique, de série sur toutes les versions. Enfin, l'écran central est agrandi et peut atteindre 9,3 pouces de diagonale en option.
Le système multimédia, entièrement revu, est repris de la nouvelle Clio avec quelques modifications liées aux fonctionnalités de recharge. Très fluide, ce système n'est pas parfait en ce qui concerne l'ergonomie. On perd du temps à chercher certaines fonctionnalités perdues dans les menus, tandis que l'on s'étonne de ne pas y trouver un écran consacré à la consommation détaillée.
Sur le plan de l'habitabilité, la ZOE ne change pas : elle correspond à celle d'une honnête citadine polyvalente. On regrette seulement le manque d'espace à la tête pour les passagers arrière. Malgré l'augmentation de la capacité de la batterie, le volume de coffre reste conséquent. Renault annonce 388 litres, un chiffre honorable mais toutefois un peu gonflé car il n'est pas calculé en norme VDA comme c'est le cas chez les concurrents.
La Renault ZOE 2 sur la route
La Renault ZOE première génération n'était pas une voiture électrique sous-motorisée compte tenu de sa vocation de citadine. Néanmoins, elle n'était pas capable de proposer dans sa version R90 le frisson électrique d'une accélération immédiate comme, par exemple une BMW i3. Voilà qui est corrigé avec le modèle R135 : jusqu'à sa vitesse maximale, elle propose des accélérations remarquables qui participent grandement à son agrément de conduite.Le châssis n'est pas dépassé pour autant : sur les routes sinueuses de notre itinéraire d'essai en Sardaigne, elle s'est révélée toujours remarquablement stable et finalement assez agile compte tenu de sa masse. Il ne s'agit pas pour autant d'une sportive. Renault a choisi un compromis de suspension orienté vers le confort. La citadine se montre très prévenante et ne chahute pas ses passagers. Revers de la médaille, elle atteint assez facilement ses butées de suspension sur des bosses prises un peu vite tandis que la direction se montre très peu informative et déconcerte le conducteur par ses variations d'assistance.
Bon point par contre en ce qui concerne le freinage, toujours difficile à mettre au point sur une électrique. La sensation à la pédale apparaît très naturelle et son mordant parfaitement rassurant. Contrairement à d'autres électriques, le conducteur se servira souvent de la pédale, car Renault a choisi de limiter le frein régénératif lorsque le conducteur relâche l'accélérateur. Même en position B qui le renforce, les ralentissements restent modérés. Pas question donc de conduire d'un seul pied comme sur les Nissan Leaf équipées du fameux dispositif « e-pedal ».
La ZOE recourt à une nouvelle commande de vitesse électrique, le « e-shifter », très esthétique mais pas des plus pratiques. Il manque en effet une position Parking : il faut se positionner sur le neutre à l'arrêt, et on s'y reprend à plusieurs fois pour l'obtenir.
Consommation et recharge de la Renault ZOE 2
En l'absence d'autoroute à proximité de notre lieu d'essai, nous n'avons pas pu tester la ZOE sur ce terrain. Dommage, car c'est dans ces conditions qu'il est le plus pertinent de tester la recharge rapide à 50 kW qui permet selon Renault de récupérer 150 km d'autonomie en 30 minutes.Notons toutefois que de l'aveu même des ingénieurs de la marque, la voiture n'est pas conçue pour enchaîner les longues étapes à 130 km/h et les recharges à puissance maximale. A cela deux raisons : la petite taille des cellules de la batterie et surtout son refroidissement par air, moins performant que le refroidissement liquide utilisé sur le Hyundai Kona et la future Peugeot 208 électrique, qui sont capables d'encaisser des recharges deux fois plus rapides, lorsque les bornes le permettent. Autant dire qu'il faudra réfléchir à deux fois avant de souscrire l'option chargeur rapide, facturée 1 000 € tout de même.
Hors cette option, la ZOE se recharge toujours jusqu'à 22 kW maximum. A domicile, Renault annonce un temps de recharge de 9 heures et 25 minutes sur une wallbox 7 kW. Dans tous les cas, elle devient compatible avec le standard Type 4 Combo et c'est une très bonne nouvelle car celui-ci est en passe de devenir le plus répandu en Europe. Elle peut bien entendu toujours se raccorder à des prises de type 2 et au secteur.
Sur notre parcours d'essai, la ZOE nous a gratifiés d'une consommation variant de 12 kWh aux 100 km sur un parcours périurbain à 20 kWh aux 100 km en conduite très dynamique sur route de montagne sinueuse. Un chiffre qui redescend très vite dès que le rythme se calme. Ces premiers éléments d'appréciation apparaissent rassurants.
Malgré son augmentation de puissance, la ZOE figure parmi les plus sobres de son genre, même si la Tesla Model 3 reste sans doute celle qui conserve le meilleur rendement compte tenu de ses performances. Dès lors, l'autonomie annoncée paraît réaliste, mais il faudra la tester plus longuement pour en avoir le cœur net.
Acheter la Renault ZOE 2
Autrefois seule au monde parmi les citadines, la ZOE va bientôt avoir affaire avec de très sérieuses rivales, à commencer par la Peugeot 208 électrique et l'Opel Corsa e, qui seront vendues avec leurs batteries uniquement.Renault n'y voit pas une raison de brader ses prix mais propose toujours sa formule de location de batterie qui remporte un franc succès en France : 94 % des clients y ont recours. Dans ces conditions, les tarifs démarrent à 26 500 € pour un modèle R135 en finition Life et culminent à 31 500 € pour la dotation haut de gamme de lancement Edition One.
Pour les comparer avec ceux de ses concurrentes, il faut rajouter 8 100 € correspondant au coût d'achat de la batterie. Le prix catalogue de la ZOE est donc nettement plus élevé que celui de la Peugeot 208, qui démarre à 32 100 € en finition Active. La comparaison est plus cruelle encore avec l'Opel Corsa-e disponible à partir de 29 900 €. Citons enfin la future Volkswagen ID.3, qui devrait également être proposée dans une version d'accès à moins de 30 000 €. Certes, sa batterie sera de capacité inférieure, mais la menace est réelle.
Renault espère cependant convaincre grâce à ses solutions de financement : la ZOE sera ainsi proposée à partir de 169 € par mois, location de batterie et bonus écologique inclus. Un tarif dont l'attractivité est à nuancer, car il est conditionné à un kilométrage annuel de seulement 7 500 km, qui ne justifie pas du tout l'achat d'une voiture électrique.
Renault ZOE 2 : le bilan !
Confortable, agréable à conduire et dotée d'une autonomie confortable, la Renault ZOE est à la page face à des concurrentes entièrement nouvelles. Elle apparaît cependant moins adaptée aux trajets autoroutiers en raison de sa batterie à refroidissement par air.Ce sont surtout ses tarifs qui font tousser, alors que se profile l'année prochaine une perspective de guerre commerciale entre les constructeurs de voitures électriques. En raison de l'obligation faite par l'Union Européenne de respecter la moyenne de 95 g/km de CO2 par voiture vendue sous peine d'amende, la vente de voiture « Zéro émission » va devenir pour chacun d'entre eux une nécessité.
Pas sûr que la location de batterie suffise à Renault pour sortir victorieux de cet affrontement.
Fiche technique Renault ZOE R135
Dimensions L x l x h (en m) | 4,08 x 1,73 x 1,56 |
Empattement | 2,59 |
Volume de coffre arrière | 388 L |
Poids à vide | 1 502 kg |
Nombre de places | 5 |
Moteur | Un moteur électrique synchrone à rotor bobiné |
Puissance | 135 ch |
Couple | 245 Nm |
Batterie | 52 kWh |
Direction | Electrique à crémaillère |
Suspension avant | Pseudo Mc Pherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis |
Suspension arrière | Essieu à bras tirés, ressorts hélicoïdaux |
0 à 100 km/h | 10 secondes |
Vitesse maximale | 140 km/h |
Autonomie WLTP | 395 km |
Prises de recharge | Type 2/CSS Combo/Prise classique |
Prix et équipement
Prix Renault ZOE R135 Intens (batterie comprise) : 36 600 €Bonus écologique : 6 000 €
Equipement | Série | Option |
Peinture métallisée | NC | |
Aide au maintien dans la voie | Oui | |
Caméra de recul | Oui | |
Entrée et démarrage sans clé | Oui | |
Jantes Alliage | Oui (16 pouces) | |
Navigation | 350€ | |
Phares à LEDS | Oui | |
Reconnaissance des panneaux de circulation | Oui | |
Sellerie cuir | 1 400€ | |
Sièges et volant chauffant | 400€ |