Windows RT : le premier Windows pour tablettes ARM

Stéphane Ruscher
Par Stéphane Ruscher, Spécialiste informatique.
Publié le 14 décembre 2012 à 17h11
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Après des décennies de fidélité à l'architecture X86, Microsoft lance Windows RT, une version de Windows conçue pour tourner sur des tablettes à processeur ARM. Un Windows pas comme les autres, aux spécificités bien marquées. Comment Windows RT se mesure-t-il par rapport à iOS et Android ?

Il y a encore 2 ans, la perspective de voir Microsoft proposer un « vrai » Windows à destination de tablettes tactiles équipées de processeurs ARM aurait été pour le moins fantaisiste : à l'heure où la firme de Redmond se relançait dans la course des smartphones avec Windows Phone 7, on aurait plutôt parié sur une version pour tablette de ce dernier.

Pourtant, c'est bien la direction qu' pris Microsoft en livrant son nouveau système, conçu à la fois pour les tablettes et les PC traditionnels en 2 versions. Windows 8, que nous avons déjà eu l'occasion de tester en détail, continue sur la lancée de ses prédécesseurs, tout en ajoutant la couche Modern UI et ses applications issues du Windows Store.

Windows RT, en revanche, s'il se base sur la même interface, et intègre même le bureau Windows tout comme son grand frère, est une version spécialement conçue pour les processeurs ARM, avec en première ligne la tablette Surface de Microsoft. Ici, pas de place pour le passé : les applications devront adopter le nouveau modèle de développement de Microsoft !

Quelles sont les différences fondamentales entre Windows 8 et Windows RT ? Comment se mesure l'expérience de RT sur tablette par rapport à l'iPad et aux tablettes Android ? Faisons le tour de Windows RT !

Windows sur ARM : spécificités et limitations

Microsoft a évoqué pour la première fois le portage de Windows sur architecture ARM au CES de Las Vegas en janvier 2011. 18 mois plus tard, Windows On Arm, devenu Windows RT, voit le jour en version finale : sur le papier, c'est ce qu'on appelle tenir une roadmap.

En revanche, passer d'Intel à ARM pour Windows n'est pas une mince affaire. La plateforme ARM présente des spécificités, et notamment en ce qui concerne la déclaration des périphériques connectés à l'ordinateur, et de la gestion des pilotes : pas question de se rendre sur le site d'un constructeur pour télécharger et installer ceux ci.

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Un prototype de Windows sur processeur ARM


Les pilotes graphiques doivent donc être développés par les constructeurs des SoC, tandis que la compatibilité matérielle des périphériques (imprimantes, souris, claviers...) passe par des pilotes intégrés à Windows RT. Autrement dit : n'espérez pas bénéficier sur Windows RT de votre souris gamer préférée. Vous pourrez la brancher et l'utiliser, mais pas utiliser ses fonctionnalités avancées.

En conséquence, Microsoft exerce également sur les fabricants des ordinateurs exécutant Windows RT un contrôle similaire à celui de Windows Phone : des restrictions sur les composants à utiliser et sur les caractéristiques techniques des produits sont imposées, bien que celles ci soient nettement plus souples pour Windows RT, selon Microsoft.

Développement des applications : WinRT comme seul modèle

La principale différence entre Windows 8 et Windows RT se situe néanmoins au niveau des applications : si le bureau, comme on le verra plus bas, est toujours présent, il est totalement impossible d'exécuter une application Windows existante pour Windows RT via une couche de virtualisation, comme le permettait par exemple, fut un temps, Mac OS X avec les applications PowerPC.

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WinRT est le seul moyen de développer des applications pour Windows RT


La limitation va encore plus loin, puisqu'à part Microsoft qui a pu porter sa suite Office 2013, Internet Explorer 10, ainsi que les applications intégrées à Windows (Paint, Wordpad...), il est également interdit de développer des applications desktop pour Windows RT : tout développement d'application doit passer par le Windows Runtime, ou WinRT, et donc d'utiliser le nouvel environnement Modern UI, ainsi que le Windows Store pour la distribution des applications.

Les API WinRT sont regroupées en 3 sous ensembles (graphismes & media, communication & données, et périphériques & impressions), qui intègrent des API comme DirectX ou Media Foundation, et peuvent être programmées en utilisant une variété de langages : C#, C, C++, VisualBasic ou encore le tandem HTML5/CSS3/Javascript. Concrètement, cette variété permet de développer des applications allant du simple flux d'actualité à des jeux 3D utilisant les fonctionnalités natives des 2 plateformes, X86 ou ARM. Néanmoins, en pratique, on constate que le Windows Store sous Windows RT n'inclut pas forcément toutes les applications Modern UI. Certaines finissent tout de même par voir le jour : à l'heure où nous écrivons ces lignes, Microsoft a fini par proposer des versions ARM du Solitaire et du Mahjong !

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Interface : 2 environnements sinon rien !

Windows RT, comme Windows 8, est basé sur la cohabitation entre 2 environnements. Le premier, Modern UI (ex Metro), est pensé pour le tactile et basé sur les tuiles déjà présentes dans Windows Phone, mais dans une interface basée cette fois ci sur un défilement horizontal.

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Comme sous , les tuiles peuvent être redimensionnées, mais en 2 tailles seulement : carré ou rectangle. L'interface Modern UI permet néanmoins de les grouper pour mieux organiser son espace, qui peut rapidement devenir assez fouillis, d'autant plus que la plupart des applications disposent de tuiles dynamiques capables d'afficher des notifications.

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Les applications Modern UI s'exécutent en plein écran, mais avec une subtilité par rapport à iOS ou la plupart des tablettes Android : 2 applications peuvent être affichées simultanément : l'une occupant la plupart de l'écran et l'autre (si elle est bien programmée) proposant un mode « bandeau latéral ». C'est un plus appréciable, notamment pour les applications de messagerie ou de flux que l'on peut consulter sans perdre de vue son application principale.

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Parallèlement à cet environnement, et malgré l'incompatibilité de toutes les applications Windows existantes sur Windows RT, le bureau est conservé, avec un fonctionnement identique à celui de Windows 8. Son but : permettre l'utilisation de la suite Microsoft Office, dont la version Windows RT n'utilise pas le nouvel environnement Modern UI, et l'exécution de certaines applications du système comme Internet Explorer 10 en version bureau, l'explorateur Windows, le gestionnaire de tâches, les différents modules du panneau de configuration ou les outils tels que Paint ou Wordpad.

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Sur RT, les allers et retours entre le bureau et l'environnement Modern UI sont forcément moins fréquents, puisqu'on a beaucoup moins de choses à faire sur le bureau, mais on verra que le jonglage entre les 2 environnements reste indispensable pour plusieurs opérations pour lesquelles on souhaiterait franchement s'en passer.

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Gestion du tactile

Windows RT est destiné (en tous cas jusqu'à preuve du contraire) aux tablettes tactiles, au mieux aux appareils hybrides comme la Vivo Tab RT d'Asus ou la Microsoft Surface, mais en tous cas jamais (pour l'instant) à des ordinateurs dépourvus d'écran tactile.

En conséquence, l'OS sera largement utilisé via des gestes utilisant les bords de l'écran : bord gauche pour faire défiler les applications ouvertes, bord droit pour afficher la barre d'icônes (accès direct à l'accueil, aux paramètres, à la recherche ou aux options de partage), et bord supérieur ou inférieur pour afficher le menu contextuel des applications. Certains gestes continuent de nous laisser songeurs, comme le balayage avant-arrière pour afficher le sélecteur de tâches, mais on prend ses marques assez vite, et l'utilisation du pouce gauche pour faire défiler les applications est même une excellente idée !

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En revanche, c'est l'effet inverse qui se produit : disons le clairement, même en réglant les polices en 125%, le bureau est très difficilement utilisable en mode tactile. Cette interface n'a jamais été conçue pour cet usage à la base, et même si les applications desktop comme Internet Explorer 10 et Office RT gèrent le tactile multi-points, on tombe toujours très vite sur des cibles trop petites ou des manipulations où une souris serait bien plus efficace. D'ailleurs Microsoft ne s'y est pas trompé : cherchez un appareil mobile utilisant Windows RT qui ne propose pas, au moins en option, un clavier et un trackpad, même la Surface de Microsoft est rarement représentée sans sa Touch Cover. Windows RT, comme Windows 8, a été pensé pour cet usage hybride, ou en tous cas ne parvient jamais à s'en extirper totalement.

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Internet Explorer 10 : 1 moteur, 2 navigateurs

Intégré à Windows RT comme à Windows 8, Internet Explorer 10 est ici aussi décliné en 2 versions : l'une pour l'environnement Modern UI, et l'autre pour le bureau. La dualité continue à nous surprendre, mais surtout, elle se justifie d'autant moins ici : sous Windows 8, la présence du navigateur en version bureau est appréciable dans la mesure où la version Modern UI d'Internet Explorer ne gère pas les plug-ins. Sous Windows RT, il est de toute façon impossible d'en ajouter, même sur la version desktop.

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On perd aussi une des nouveautés d'Internet Explorer 10 « bureau » : l'intégration du plug-in Flash en version complète dans le navigateur. Dans Windows 8, IE 10 « Metro » active le plug-in uniquement sur une liste blanche de sites web, mais fonctionne sans limite en version desktop. Sur Windows RT, les deux versions fonctionnent en liste blanche : passer d'un navigateur à l'autre ne résoudra donc pas le problème de compatibilité.

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Les 2 navigateurs se comportent en outre comme 2 applications complètement distinctes, ne partageant même pas leurs cookies. Mais surtout, Windows RT ne permettant pas d'installer d'autres applications desktop que celles fournies en standard, on ne disposera donc jamais de versions bureau d'Opera, Firefox ou Google Chrome : c'est IE ou rien !

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Heureusement, il faut bien admettre qu'Internet Explorer a fait de gros progrès ces dernières années, et si la version 10 n'apporte rien, en terme de fonctionnalités, par rapport à IE9, elle améliore encore la prise en charge HTML5 et CSS 3 du navigateur.

Contacts et réseaux sociaux

Comme Windows Phone 8, Windows RT réunit au sein de la partie contact les notifications Facebook et Twitter de vos contacts, si bien sur vous avez associé ceux ci. C'est un peu fouillis, certes, mais ça permet de s'informer sur l'actualité de vos contacts, et même de la commenter, sans avoir à lancer d'application tierce.

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Et vous en aurez plutôt besoin, puisqu'aucune application native Facebook ou Twitter n'est disponible pour Facebook ou Twitter sur le Windows Store, Twitter menant même la vie dure à Tweetro, le seul client alternatif pour Modern UI. L'application Messages fusionne de la même manière les conversations Messenger et le chat Facebook si vous avez associé les comptes.

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Courrier, calendriers

Windows RT inclut un client mail et un calendrier qui, comme leurs équivalents sous Windows 8, font le job mais rien de plus : interface spartiate, évidemment, mais aussi fonctionnalités très limitées, quand certaines fonctionnalités ne font pas semblant d'être de la partie : ainsi, le client mail permet visiblement de configurer un compte POP3... Pour finalement vous informer qu'il ne gère pas ce protocole ! Certes, le POP3 est très peu utilisé aujourd'hui, mais pourquoi diable le proposer parmi les options disponibles ?

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La prise en charge Exchange est en revanche de la partie, et elle a plutôt intérêt à l'être puisque la suite Office, fournie en standard sur toutes les tablettes Windows RT, n'intègre pas Outlook.

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Office RT : une suite bureautique... En mode bureau !

C'est là une spécificité de Windows RT par rapport aux autres OS mobiles pour tablettes : tous les périphériques commercialisés avec le système intègre une version de Microsoft Office, un avantage évident : non seulement on dispose d'une suite bureautique en standard, ce que n'offre pas l'iPad, mais on dispose surtout d'une vraie suite bureautique en standard, ce qu'on ne peut pas dire de la plupart des tablettes qui en intègrent une. Basée sur Office 2013, que vous pouvez d'ores et déjà essayer en version d'évaluation, Office RT reprend la même interface, remaniée pour adopter un thème proche du nouveau langage visuel de Microsoft.

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Néanmoins, comme beaucoup de choses dans Windows RT, il y a Microsoft Office et Microsoft Office. Et Office RT inclut son lot de compromis. Déjà, par Office, on entend Office Famille et Étudiants : pas d'Outlook, d'Access ou de Publisher donc, mais uniquement Word, Excel, PowerPoint et OneNote.

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La version RT d'Office se caractérise également par quelques limitations : impossibilité d'enregistrer une voix off dans PowerPoint, pas de capture audio ou de scan dans OneNote (puisque pas de gestion du scanner tout court), pas de macros ni de plug-ins, et pas de création de modèles de données dans Excel.

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Ceci dit que penser de l'expérience d'Office RT sur tablette ? En fait, pas grand chose de plus que sur un PC, puisque la suite Office tourne sur le bureau Windows, et pas dans l'environnement ModernUI. Microsoft a certes fait l'effort d'adapter sa suite au tactile : le zoom multipoints, la rotation des images ou encore la sélection du texte au doigt sont possibles, tandis qu'un mode tactile, activé par défaut dans Office RT, agrandit sensiblement les cibles tactiles.

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En haut, le mode tactile. En bas, le mode souris


Il n'en reste pas moins que si le tactile peut être un complément intéressant, permettant notamment de manipuler certains éléments directement, on retombe assez vite sur ce besoin omniprésent de rattacher un clavier et une souris (ou un trackpad) à la tablette pour bénéficier réellement de la meilleure expérience possible. Ce qui confirme une fois de plus notre constat : Windows RT reste avant tout un OS pour tablettes hybrides. Et de ce point de vue, ça passe plutôt bien sur une Surface : le tactile pour dépanner, et la Type Cover pour travailler « sérieusement ».

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Il n'en reste pas moins qu'il manque tout de même à Windows RT un vrai Office Modern UI qui permette d'éditer de manière confortable des documents en mode 100% tactile. Difficile de ne pas y voir un aveu d'échec, ou du moins une démarche qui trahit une certaine précipitation.

OneNote MX : un aperçu d'Office version Modern UI ?

Un espoir réside tout de même : Microsoft propose sur son store une application ModernUI pour OneNote. Certes, le logiciel de prise de notes n'est pas le composant le plus complexe d'Office, loin de là, mais l'application témoigne de quelques concepts intéressants et nettement plus novateurs que la version « tactile » d'Office RT, tels que des menus radiaux qui peuvent être une piste à creuser : à Microsoft de montrer la voie en prouvant que Modern UI peut être un meilleur environnement de création de contenus que le bureau, dont il faudra bien se débarrasser un jour sur un OS pour tablettes.

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Multimédia : Priorité aux services Xbox

Dire que Windows RT ne facilite pas la tâche aux utilisateurs ayant une large collection audio/vidéo locale est un euphémisme : en fait, tout est fait pour privilégier plutôt l'usage des services cloud Xbox. Pour la vidéo, en particulier, vous allez être assez limité rapidement, puisque d'une part Windows Media Player fait partie des absents de Windows RT, mais qu'en plus, aucune des alternatives les plus populaires sur Windows n'est disponible, puisque Windows RT ne permet pas, on le rappelle, d'installer des applications autres que celles disponibles sur le Windows Store. Du coup, lire des MKV ressemble à une mission impossible, même si les Xvid, en revanche, passent sans problème.

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Sur le Store, malheureusement, c'est plutôt le désert, même si on commence à trouver des lecteurs alternatifs. L'un d'eux, PressPlay arrive à lire un MKV sur le papier, mais en pratique, la lecture saccade au moindre mouvement trop brusque. On se croirait revenu aux débuts d'iOS et Android, alors que sur ces 2 OS, des lecteurs alternatifs performants existent depuis longtemps. On attendra donc de voir ces logiciels s'améliorer...

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Du coup, la priorité est clairement donnée aux services Xbox Music et Xbox Video, qui sont finalement le moyen le plus simple d'écouter de la musique et de regarder des films sur Windows RT, sachant que le transfert de contenus passe forcément par l'explorateur Windows : eh oui, Windows RT étant un OS d'ordinateur bridé et non un OS mobile, une tablette RT fonctionne comme un PC : il est impossible de la connecter à un ordinateur en mode mass storage, il faudra au contraire passer par un périphérique amovible (disque dur, clé USB) ou par une connexion réseau pour y transférer du contenu.

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En revanche, une spécificité appréciable de Windows RT réside dans l'intégration d'une version gratuite (mais financée par de la publicité) du service Xbox Music : on pourra donc, au prix de quelques pubs, écouter le catalogue du service, et même disposer d'un matching de la musique présente sur son PC.

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Du côté de la vidéo, plus classique : un catalogue de films et de séries est disponible à la demande, pour des tarifs assez similaires à la concurrence : environ 5 euros pour une location et 15 euros pour un achat.

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Windows RT face à Android et iOS

Face à iOS et Android, Windows RT tient une place un peu particulière : même si les tablettes d'Apple et des partenaires de Google sont des appareils de plus en plus indépendants (c'était même davantage le cas sur Android depuis le début), elles restent des appareils mobiles conçus comme tels, et leurs OS obéissent à des conventions plus proches des smartphones que des ordinateurs, puisque ce sont des OS de smartphones à la base.

Du côté de Windows RT, Microsoft a choisi l'approche inverse : traiter la téléphonie mobile avec un OS « à part » (même si Windows Phone 8 est basé sur le même noyau que Windows 8), et doter les tablettes de déclinaisons de Windows : Windows 8 pour les périphériques équipés de processeurs X86, et Windows RT pour les tablettes ARM.

Cette approche induit, comme on l'a vu, une différence fondamentale : une tablette Windows RT s'utilise comme un ordinateur et non comme un périphérique mobile, avec... des avantages et des inconvénients.

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On dispose ainsi d'une prise en charge matérielle qui, si elle est imparfaite (impossible d'installer des pilotes personnalisés), permet tout de même de brancher n'importe quel clavier ou souris USB, voire de connecter une imprimante, d'un vrai explorateur de fichiers, et d'une suite bureautique évidemment sans égal avec ce que l'on trouve sur iPad ou Android, puisqu'il s'agit du « vrai » Office.

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Cependant, selon le point de vue duquel on se place, cet avantage peut également rajouter de la complexité : un utilisateur d'iPad n'aura jamais à se soucier de l'emplacement de ses fichiers, et même si on peut installer un gestionnaire de fichiers sur Android, c'est loin d'être indispensable. Sous Windows RT, l'explorateur Windows est parfois le seul moyen d'effectuer des opérations aussi banales que le transfert de fichiers multimédia. Cette approche, qui va à l'encontre de l'utilisation de n'importe quel smartphone ou tablette, pourra paraître déconcertante.

D'un autre côté, Windows RT offre, cette fois ci du côté de l'environnement Modern UI, plusieurs avantages notamment par rapport à iOS : la possibilité d'afficher deux applications simultanément, notamment pour chatter tout en exécutant une autre application, est quelque chose que l'on aimerait vraiment trouver sur iPad, tout comme les partages de documents entre applications, intégrées depuis longtemps sur Android, mais toujours absentes d'iOS, ou la gestion de différents comptes utilisateurs, intégrée depuis peu à Android 4.2 sur tablettes.

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Néanmoins, le principal handicap de Windows RT face aux autres tablettes réside dans l'écosystème d'applications encore très jeune et peu fourni, notamment par rapport à l'iPad qui dispose déjà d'un avantage flagrant sur les tablettes Android. Windows RT dispose d'une logithèque naissante qui donne l'impression de revenir en arrière : nombre d'applications phares manquent encore à l'appel même si le catalogue s'enrichit, notamment de classiques du jeu mobile (Angry Birds, Cut The Rope...) tandis que d'autres accusent un certain retard sur les versions iOS et Android, comme Evernote qui ne permet pas d'enregistrer d'audio. Evidemment, on ne peut pas reprocher à Microsoft de ne pas avoir un catalogue aussi fourni, au lancement, que des concurrents présents depuis 2010, mais il faut le savoir. Acheter aujourd'hui une tablette Windows RT, c'est miser sur un catalogue d'applications où on ne trouvera pas forcément ce que l'on veut.

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Windows RT face à Windows 8

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On l'a vu, Windows RT est une déclinaison assez spéciale de Windows 8, qui comporte de grosses limitations : impossibilité de bénéficier des millions de logiciels déjà disponibles sous Windows, incompatibilité avec n'importe quel périphérique disposant de pilotes spécifiques, sans parler de la version RT d'Office qui affiche ses propres compromis par rapport au « vrai » Office 2013.

Et c'est sans doute là le principal problème de Windows RT : pour paraphraser une célèbre publicité (on s'excuse par avance du cliché) : ça a le goût et la couleur de Windows, mais ça n'est jamais tout à fait Windows. Et cette fausse promesse ne se traduit pas que dans les fonctionnalités, mais également dans les performances.

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En effet, lors de notre test, sur Surface comme sur la Vivo Tab d'Asus (avec un très léger avantage pour cette dernière), il nous est surtout apparu que Windows RT semble être un OS trop lourd pour les générations actuelles de processeurs ARM. Les lags sont très nombreux, les redimensionnement de fenêtres sur le bureau très saccadés, notamment dans Office, les temps de chargement de certaines applications beaucoup plus longs que sous Windows 8, et les performances de certains jeux 3D mal optimisées, notamment Reckless Racing dont le framerate peine franchement. D'autres comme Riptide ou Hydro Thunder nous ont semblé plus fluides, même si ce dernier n'était pas exempt de saccades.

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En passant, Windows RT est de loin l'OS mobile le plus gourmand en espace disque : sur une tablette Surface de 32 Go, il en occupe tout simplement 16 Go (!).

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On se retrouve donc face à choisir entre des tablettes X86 plus chères, moins autonomes (certes un avantage d'ARM par rapport à X86), mais disposant de performances supérieures et d'une logithèque sans équivalent, et des tablettes ARM exécutant un Windows RT bridé et trop gourmand. L'écart se réduira sans doute, mais à l'heure actuelle, l'avantage va clairement à Windows 8.

Conclusion

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Windows RT représente un gros défi pour Microsoft : porter un système historiquement lié à l'architecture x86 vers des processeurs ARM. Et, sur ce point, on pourrait dire que le défi est relevé, puisque Windows RT, dont les prémices ont été dévoilées début 2011, voit le jour dans les temps.

Néanmoins, on peut tout de même se demander si cette sortie n'est pas prématurée, tant il apparaît que Windows RT est vraiment à l'étroit sur les quelques tablettes ARM déjà disponibles, et arborant pourtant des caractéristiques techniques parmi ce qui se fait de mieux sur cette architecture.

Au crédit de Microsoft, on peut saluer l'effort de sortir un produit, qui même imparfait, existe et sera mis, on l'espère, à jour de manière active pour corriger ses défauts : les tablettes telles qu'on les conçoit aujourd'hui sont de toute façon une catégorie de produits encore jeune, et la firme de Redmond peut se permettre cette démarche agressive, quitte à laisser les premiers utilisateurs essuyer les plâtres.

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Là où le bât blesse, c'est que Windows RT reste prisonnier de son côté hybride : le bureau est là, mais les applications Windows sont incompatibles, que ce soit sous la forme de portages ou via une virtualisation. C'est une fausse promesse de nature à provoquer une certaine confusion : on trouve actuellement des tablettes Windows capables d'exécuter des applications existantes, et d'autres incompatibles avec cet héritage. À L'inverse, le passage par le bureau reste obligatoire pour effectuer certaines opérations : on conserve donc les inconvénients du passé, mais on perd la plupart des avantages. À terme, on peut dire que se couper d'un lourd historique de compatibilité ascendante peut être bénéfique pour l'innovation, et malgré les défauts de jeunesse de Modern UI, on est convaincu que si Microsoft s'en donne les moyens, l'interface peut devenir un environnement puissant et intuitif, y compris pour la production de contenus. Encore faut-il couper clairement le cordon.

Aussi, on s'étonne un peu que ce ne soit pas le message que Microsoft souhaite envoyer avec OfficeRT, qui fait plutôt figure d'exception. En dehors de quelques optimisations pour le tactile, et d'une application OneNote sous Modern UI, Office RT reste un Office 2013 bridé, et tournant sur l'environnement « classique ». La présence de la suite reste bien entendu un avantage sur la concurrence, les suites bureautiques sur iOS et Android ne nous ayant jamais totalement convaincu. Pourtant, on en attend plus de la part de Microsoft : Office est leur application phare, et il faut qu'elle montre la voie à suivre, qu'elle fasse figure de mètre étalon de ce qu'il faut faire sous Windows RT. On espère sincèrement que Microsoft ne va pas se contenter de cet Office RT hybride et avancer rapidement vers une suite bureautique vraiment moderne.

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Les frustrations que l'on ressent à l'utilisation de Windows RT sont d'autant plus regrettables que le système n'a pas que des handicaps par rapport à la concurrence, loin de là. L'interface Modern UI est indéniablement très agréable à utiliser en mode tactile, et l'environnement intègre certaines fonctionnalités qui manquent cruellement à la concurrence, et notamment à l'iPad, comme la possibilité de gérer plusieurs comptes utilisateurs, l'affichage de 2 applications simultanées, ou le partage de données entre les application via des API. Le potentiel est clairement là, mais iOS et Android ne font pas du surplace non plus.

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Microsoft livre donc au final la première pierre d'une stratégie osée de mutation vers l'ère « post PC », qui portera peut-être ses fruits à terme, mais qui nous laisse malgré tout sur notre faim à l'heure actuelle, la faute bien sur à un écosystème d'applications forcément limité, mais aussi par une démarche reposant encore trop sur un attachement à une expérience utilisateur qui ne nous semble pas avoir sa place sur tablette. La firme de Redmond nous a montré, avec Windows Phone, qu'elle pouvait proposer un OS complètement neuf, léger et agréable à utiliser. Si l'héritage de Windows a sa place sous Windows 8, destiné à être utilisé principalement sur des ordinateurs de bureau ou portables, il n'y a pas de raison de plomber Windows RT avec ce bagage. On espère donc que Microsoft saura faire preuve d'encore plus d'audace et faire de Windows RT l'OS pour tablettes de premier plan qu'il mérite d'être.

Voir aussi :

Windows 8 : le test
Microsoft Surface : le test
Asus VivoTab RT : une concurrente pour Surface
Windows Phone 8 : le test
Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
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