2023 a été l'inverse de l'année précédente pour les cryptomonnaies, avec une forte hausse des cours et un retour de la mode des monnaies numériques.
Depuis l'émergence du Bitcoin comme actif pouvant permettre des opérations spéculative, les cryptomonnaies ont vécu plusieurs bulles durant lesquelles invariablement les cours ont explosé, avant de rechuter. C'est ce qui s'était encore passé au moment du Covid, avec une bulle qui s'était effondrée tout le long de l'année 2022, à la suite notamment de plusieurs scandales tels que ceux du LUNA ou de la plateforme FTX.
L'année qui vient de se passer a permis à tous ceux qui gardaient espoir dans les cryptomonnaies d'en partie se refaire, grâce à une embellie qui n'a eu de cesse de se confirmer durant les douze mois passés.
Janvier, le Bitcoin est au plus bas
Au mois de janvier 2023, nombreux étaient ceux qui ne voyaient plus qu'un avenir en noir pour les cryptomonnaies. Il faut dire que celles-ci n'avaient que dégringoler. Alors que le Bitcoin atteignait le 10 novembre 2021 son All Time High (ATH), son cours le plus haut, à environ 69 900 dollars, il n'avait depuis plus fait que descendre, au point d'atteindre un seuil à la fin 2022.
En janvier 2023, le Bitcoin était toujours au plus bas, avec un prix tournant autour des 16 000 dollars. L'Ethereum et le reste des altcoins avaient suivi, avec des cours qui avaient été divisés par dix sur un an. Et pourtant, c'est à partir de ce plancher qu'une nouvelle remontée a été amorcée ce même mois, et avec aucun recul majeur enregistré depuis.
Euler Finance, le hack à 200 millions de dollars
Avec les cryptomonnaies à nouveau sur le devant de la scène, le secteur a inévitablement dû faire face au retour des grands hacks. Et dans ce domaine, 2023 a été marqué par le piratage d'Euler Finance, une plateforme d'emprunt et de prêt en cryptos basée sur le réseau Ethereum.
Il faut dire que les pirates ont réussi un gros coup le 13 mars 2023, en s'emparant d'un butin composé de USDC (stablecoin rattachée au dollar américain), de DAI, de Wrapped Bitcoin (WBTC) et de d'ETH stackés. L'ensemble du magot représentait un montant exceptionnel de près de 197 millions de dollars. De quoi donc faire plaisir aux hackers à l'origine de l'attaque.
Pour autant, Euler finance a réussi à retrouver les attaquants, et à entamer des discussions avec eux. Une réussite qui a sûrement poussé les pirates à chercher la conciliation. Résultat, les voleurs ont préféré ne pas profiter du fruit de leur offensive, et ont, après débat, restitué une grande partie de la somme dérobée.
BlackRock lance le projet d'ETF Bitcoin
Si pour certains, il s'agit d'une année habituelle pour les cryptomonnaies, où une forte hausse suit une très forte baisse, certains événements semblent indiquer que les choses changent. Et l'un de ces indices est la demande officielle effectuée par BlackRock le 15 juin dernier auprès du régulateur financier américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), pour pouvoir créer un ETF Bitcoin. Les ETF sont des instruments financiers qui ont pour objectif de répliquer la performance d'un indice boursier, qui serait ici remplacé par le cours du Bitcoin.
À cette époque, la demande avait été retoquée par la SEC, le gendarme financier n'acceptant depuis 2021 que des ETF adossés à des contrats à terme, et non pas des ETF bitcoin au comptant. BlackRock a depuis retravaillé son dossier, en introduisant notamment des mécanismes de création et de rachat du fonds. Les derniers ajustements communiqués au public montrent par ailleurs que cet ETF devrait être connu sous le nom de ETF iShares Bitcoin Trust, avec le ticker IBIT créé pour une éventuelle cotation au Nasdaq. La SEC rendra sa décision sur cet instrument d'ici au 10 janvier prochain, une date à laquelle une nouvelle ère pourrait s'ouvrir pour les cryptomonnaies.
L'euro numérique commence à voir le jour
Si les cryptomonnaies sont de plus en plus scrutées par les grands acteurs privés de la finance, les autorités gouvernementales sont, elles aussi, à l'affut sur cette question. Plusieurs grandes entités veulent ainsi se doter de ce qui est connu sous le nom de « monnaie numérique de banque centrale » (MNBC), soit une version numérique des grandes monnaies comme le yen ou le dollar. Dans ce domaine, la Chine est en avant, puisqu'elle met à l'essai un yuan numérique depuis plusieurs années, avec des résultats jusque-là assez peu probants.
L'Union Européenne a aussi fait part de son envie de produire une cryptomonnaie qui soit celle du Vieux Continent. L'euro numérique a ainsi connu un développement important durant l'année 2023, avec une première base légale qui avait été présentée lors du mois de juin. Quelques mois plus tard, au début de l'automne, la Banque centrale européenne annonçait que cet euro entrait en phase préparatoire. Reste qu'il faudra encore que l'Union Européenne convainque les banques commerciales que l'euro numérique ne leur fera pas une concurrence déloyale.
Durant cette même année, d'autres banques centrales comme la Banque du Japon ou bien son homologue américaine, la FED, ont aussi indiqué explorer la possibilité d'émettre une MNBC.
Samuel Bankman-Fried jugé coupable
Si 2022 a été une année noire pour les cryptomonnaies, c'est en partie à cause de la faillite surprise de la plateforme FTX, qui était au moment de son effondrement, en novembre de l'année dernière, le deuxième exchange au monde. Le problème était de taille, avec un nombre inédit de victimes dans l'histoire de la crypto, soit au total près de 1 million de clients lésés dans l'affaire.
Autant dire qu'il était impossible pour la justice de ne pas s'emparer de ce dossier rocambolesque, durant lequel le patron de la boîte Samuel Bankman-Fried (SBF) a passé plusieurs semaines aux Bahamas à se défendre de tout tort, alors que l'ampleur de la catastrophe était visible par tous. Durant l'année 2023, les dirigeants qui entouraient SBF ont décidé de plaider coupable et de collaborer avec la justice, pour incriminer le grand patron.
Son procès s'est tenu durant l'automne dernier, avec un verdict clair prononcé en novembre : coupable. Plus exactement, la cour a déclaré SBF coupable de sept chefs d'accusation, ce qui fait de plus, selon le procureur Damian Williams, l'auteur de « l'une des plus grandes fraudes financières de l'histoire des États-Unis. » Le mois suivant, FTX se rapprochait de ses anciens clients et communiquait les remboursements à venir de leurs dépôts. Seulement, ces paiements seront basés sur la valeur des actifs au moment de la faillite. Or à l'époque, le marché des cryptomonnaies était au plus bas, par rapport à ce qu'il est à l'heure actuelle. Les utilisateurs de FTX devront ainsi dans la plupart des cas encaisser des pertes notables.
Le dossier Binance enfin clôturé
Si FTX devrait bientôt être une histoire du passé, son ancien grand rival, Binance a dû lui aussi faire face aux autorités américaines. Mais le numéro 1 mondial des exchanges est de son côté loin de devoir mettre les clés sous la porte. Ses problèmes avaient plutôt un rapport avec le non-respect d'un certain nombre de règles imposées par Washington. Binance n'est donc pas passé devant un tribunal américain, mais a négocié avec le département de la Justice du pays pour mettre définitivement un terme à des poursuites, qui dataient de plusieurs années.
Binance a ainsi obtenu la cessation de l'action judiciaire, entamée pour plusieurs raisons, dont celle de « blanchiment d'argent ». La plateforme crypto a plaidé coupable et payé une amende extrêmement élevée de 4,3 milliards de dollars (soit environ 3,9 milliards d'euros). Mais comme Washington ne semblait pas vouloir laisser Binance fonctionner comme avant après cet accord, une dernière exigence a été posée sur la table : la démission de son patron et fondateur Changpeng Zhao (CZ).
Cette figure mythique du monde de la crypto, très active sur les réseaux sociaux (et notamment sur X) a accepté de quitter son poste pour assurer la pérennité de sa création. Il a été remplacé à ce poste par Richard Teng, un spécialiste mondial de la conformité, recruté en 2021 par l'entreprise. Un homme plus au fait des grandes régulations mondiales, qui devrait permettre au numéro 1 mondial de son secteur d'être plus raccord avec les exigences des grands États, comme les USA.
Les Ordinals animent la fin d'année
Malgré ces différents scandales, tout semble aller pour le mieux durant ce mois de décembre 2023 pour les cryptomonnaies. La locomotive, le Bitcoin, a ainsi dépassé tranquillement un nouveau seuil, à savoir les 40 000 dollars, ce qui n'était plus arrivé depuis le printemps 2022. Mais l'attention des cryptobros s'est surtout portée durant le dernier mois de l'année sur les Ordinals.
Ce protocole a été développé à la suite de la mise à jour Taproot de Bitcoin, qui a permis d'augmenter à 4 Go la taille des données inscriptibles dans une transaction Bitcoin. Avec ce changement, le protocole Ordinals a lancé une nouveauté, la première création de NFTs (jetons non fongibles) sur la blockchain Bitcoin. Auparavant, les NFTs étaient lancés sur les bockchains comme Ethereum, Solana ou bien la BNB Smart Chain.
Avec Ordinals, il est dorénavant possible de marquer chaque satoshi (la plus petite unité de monnaie Bitcoin) et de les numéroter. En donnant à chacun une identité individuelle, il est possible, à travers des inscriptions, d'y héberger un NFT. Résultat, les Ordinals ont petit à petit conquis leur public, avec une accélération notable en fin d'année. Lors des deux derniers mois, le token ORDI a vu son cours être multiplié par 20, ce qui en a fait le premier token BRC-20 à dépasser les 1 milliard de dollars de capitalisation. Et preuve d'une hausse de l'intérêt, une toute première collection d'Ordinals, les BitcoinShrooms, a été mise en vente à la mi-décembre par la célèbre maison de vente aux enchères Sotheby's !
2024, l'année du halving… et du bull run ?
Le tableau d'ensemble est donc plutôt encourageant pour les cryptomonnaies. Le pire semble derrière, après l'effondrement de l'année 2022 et la lente remontée en 2023. Autant dire que l'année 2024 qui s'annonce pourrait bien être intéressante pour tous les amoureux des monnaies numériques. Et ce, surtout, qu'un moment important aura lieu d'ici quelques mois, à la fin avril 2024.
Il s'agit bien évidemment du halving, l'événement qui a lieu tous les quatre ans et qui réduit de moitié la récompense en bitcoin obtenue pour chaque bloc miné. En 2024, elle passera de 6,25 à 3,125 BTC. En réduisant cette récompense, la quantité de bitcoins produite quotidiennement se raréfie, ce qui a tendance à augmenter la valeur du Bitcoin. Historiquement, chaque halving a précédé un bullrun, soit un moment durant lequel a lieu une très forte hausse générale des cours des cryptomonnaies.
Évidemment, comme le dit la formule consacrée, « les performances passées ne préjugent pas des performances futures. » Rien ne dit ainsi que le schéma habituel, attendu en plus par la plupart de la communauté crypto, se répétera à nouveau en 2024. Le monde a changé, avec notamment la mise en place d'une véritable régulation étatique, contrairement aux époques précédentes. Pour autant, les signaux sont clairement au vert pour l'année 2024. De quoi faire des heureux dans quelques mois ?