L'Union Européenne pèserait actuellement le pour et le contre d'une éventuelle mise à distance des équipements télécoms estampillés Huawei pour la future génération de réseaux mobiles, nous dit Reuters. Cette décision, si elle venait à être prise, pourrait retarder de deux à trois ans le déploiement à grande échelle de la 5G sur le vieux continent.
D'après l'agence de presse britannique, l'éventualité d'écarter Huawei du marché européen ne serait pas uniquement à l'étude à Bruxelles. On apprend ainsi que le PDG de la GSMA aurait de son côté adressé une missive aux membres de l'association en vue de préparer un débat sur cet épineux dossier. Ce dernier pourrait se tenir en marge du MWC 2019 (organisé annuellement par la GSMA à Barcelone), à l'occasion de la prochaine réunion du conseil d'administration de l'organisme.
La crainte des back doors...
En se privant des dispositifs télécoms du géant chinois, premier équipementier mondial sur ce secteur, l'Union européenne marcherait dans les pas des Etats-Unis et de l'Australie, qui ont déjà pris des mesures rigoureuses à l'encontre de Huawei, sur fond de craintes liées à la potentialité d'un futur cyber-espionnage chinois.Il faut dire qu'au travers d'un texte de loi promulgué en 2017, Pékin exhortait les entreprises et citoyens chinois(es) à "soutenir (...) l'effort national entrepris pour le renseignement". Un texte qui n'est pas passé inaperçu en occident et qui vaut à Huawei de nombreuses critiques quant à sa capacité à rester neutre. Les Etats-Unis et l'Australie soupçonnent en effet la firme de vouloir poser sur leurs territoires des antennes 5G équipées de "back doors" qui permettraient ultérieurement à Pekin d'obtenir une porte d'entrée rêvée pour de futures indiscrétions.
Faire sans Huawei : une alternative risquée pour l'UE
L'Union européenne reste pour sa part dans l'expectative à un niveau collégial. Si l'Allemagne, la Pologne et la France ont d'ores et déjà émis des réserves quant au recours à Huawei pour le déploiement de la 5G sur leurs territoires respectifs, l'UE devra tôt ou tard se pencher avec minutie sur ce dossier afin d'adopter une position officielle. D'après les informations compilées par Reuters, il semble que cette idée fasse son chemin du côté de Bruxelles.En faisant l'impasse sur Huawei, au profit des scandinaves Nokia et Ericsson, par exemple, l'Europe risque toutefois de compromettre ses efforts pour rester compétitive sur le plan des télécoms, note Reuters, et ce avec des retombées négatives sur des secteurs variés comme les usines connectées, les véhicules autonomes ou encore les technologies médicales.
Deutsche Telekom, premier opérateur européen, a pour sa part indiqué que s'il devait se résoudre à extirper les équipements Huawei intégrés à ses réseaux actuels, le déploiement de ses nouveaux services (comprenez la 5G, notamment) serait reporté de deux à trois ans. L'Europe peut-elle vraiment se permettre de tels délais ?