Smart city, smart building, impression 3D et 5G... Le groupe Bouygues ambitionne de rester au plus près de l'innovation.
Le groupe français, dirigé par Martin Bouygues, exerce 5 métiers majeurs répartis au sein de 3 activités via ses filiales : Bouygues Construction, Bouygues Immobilier et Colas pour la construction ; TF1 pour les médias ; et Bouygues Telecom pour la télécommunication. Le groupe ne veut pas louper la marche de l'innovation ni la bascule vers la 5G. L'entreprise réfléchit notamment aux problématiques d'aujourd'hui et de demain que sont la smart city et le smart building Pour en parler, Clubic a rencontré Christophe Lienard, directeur innovation du groupe, à l'occasion du salon Viva Tech 2019.
Interview de Christophe Lienard, directeur innovation du groupe Bouygues :
Clubic - Sur la smart city, nous savons que vous avez un peu piloté le projet de Dijon métropole, qui a annoncé le mois dernier, la mise en service d'un projet inédit de smart city en France. Ce genre de projet est-il destiné à être reproduit dans d'autres villes importantes de France ?Christophe Lienard - Bien sûr ! L'expérience que nous avons montée en smart city à Dijon est un cas d'école. Tout avait été déployé quasiment à l'échelle 1 sur notre site challenger. Nous avons la main sur cette hyper-vision qui permet de contrôler le dispositif, de manière conforme au RGPD bien entendu. Cette smart city a pour ambition d'être déployée ailleurs, et je pense qu'au fur et à mesure des évolutions technologiques, l'offre va continuer de s'agrémenter.
Le groupe Bouygues travaille, on peut l'imaginer, sur l'arrivée de la 5G ?
Sur la 5G, nous avons mis en place un incubateur, l'Accélérateur SmartX_5G, de manière à pouvoir voir les usages de la 5G dans différentes verticales : la mobilité, le building, le quartier, la ville, la médecine, l'entertainment, l'éducation, donc l'ensemble des sujets qui peuvent être impactés par son arrivée. Cela va intéresser beaucoup de gens.
La 4G est loin d'avoir terminé sa vie
On sait que les entreprises ont été un peu écartées au profit des opérateurs, comme ce fut déjà le cas pour la 4G. Est-ce que vous regrettez que les clés soient remises entre les mains des opérateurs ?Cette 5G demande des investissements colossaux. Gérer un réseau, c'est un vrai métier, et tout le monde n'est pas à même de gérer un réseau de télécommunications. Cela fait que le développement est plutôt réservé aux opérateurs existants, même si les réseaux privés vont se développer, peut-être gérés par des opérateurs télécoms. La notion de réseau privé, l'usine gérée en 5G, c'est évidemment mieux qu'une usine gérée en Wi-Fi, pour des raisons de sécurité notamment. À partir du moment où on a des objets connectés de partout, des opérateurs avec cette multiplicité d'usages au sein des unités de production, nous faisons en sorte que la 5G puisse avoir un territoire clé.
Selon vous, nous sommes dans les temps en ce qui concerne la 5G ?
Nous découvrons, dans les usages que l'on attend la 5G, le fait qu'il y a encore énormément d'usages que l'on peut développer avec la 4G, et je pense que nous n'avons pas forcément été au bout de ces derniers. Il va certainement y avoir quelque chose de complémentaire entre cette 4G améliorée et la 5G.
Le smart building, où le recyclage et le stockage deviennent essentiels
Parlons de smart building à présent. Que pouvez-vous nous dire du projet Sways (Smart Ways to Work) ?C'est un bâtiment hybride à économie positive, c'est-à-dire qu'il est conçu pour qu'au fil de sa vie, il puisse se transformer en fonction des usages, et qu'il soit nativement un bâtiment connecté. Nous souhaitons qu'un immeuble rénové plusieurs fois durant sa vie puisse bénéficier de techniques de recyclage des matériaux de construction permettant l'émergence d'une nouvelle génération de bâtiments, plus ouverte sur le quartier. Nous avons été fiers, au moins de mars, d'obtenir la labellisation de Bertrand Piccard sur ce bâtiment.
L'éco-responsabilité est également un sujet qui tient à coeur au groupe Bouygues...
Tout à fait, et c'est d'ailleurs une des thématiques travaillées sur Sways, puisqu'il y a récupération des eaux de pluie, mais aussi un réseau d'eaux grises dans le dispositif. L'énergie peut aussi être stockée, voire échangée avec le bâtiment d'à côté s'il en a besoin.
https://www.clubic.com/smart-city/actualite-857310-vivatech-2019-amy-ratp-appli-ultrasons-alerter-pietons-danger.html
Quelle sera la smart city idéale ?
Pour moi, ce sera une smart city où il fait bon vivre. La spécificité des smart cities à l'européenne comparée aux smart cities que l'on peut retrouver dans d'autres zones européennes, c'est que l'on va véritablement travailler sur un usage facilité pour le citoyen, mais aussi sur la qualité de vie.
Petites ou grandes pièces, le développement de l'impression 3D
La start-up Soliquid a présenté une démonstration d'impression 3D en suspension dans du gel. Que pouvez-nous dire sur elle ?C'est une start-up que l'on aime bien, car elle permet de pouvoir imprimer en 3D dans du gel de manière extrêmement rapide, en quelques minutes, une pièce extrêmement complexe ; de mettre la matière là où on a besoin de mettre la matière sur ce dispositif ; et d'imprimer avec des matériaux différents, comme du ciment, du béton, des matériaux intéressants pour ce que l'on a à construire.
Quels types de pièces peut-on imaginer avec ce système ?
Ça peut être des éléments d'architecture, des pièces qui demandent une grande résistance physique. Nous avions déjà montré, il y a deux ans, l'imprimante 3D qui permettait de fabriquer des bancs, des ponts en impression 3D massive. Là, nous sommes plutôt dans l'objet de détail. Nous sommes ici dans un usage totalement professionnel.