C'est auprès d'Henri Terreaux, directeur événementiel chez Orange, que Clubic est parti s'informer sur la 5G et ses dossiers environnants, comme le sulfureux Huawei, alors que débute le Tour de France cycliste, où l'opérateur joue un rôle majeur.
Tour de France, Festival de Cannes, D-Day... Par sa position d'opérateur historique, Orange est présent partout, ou presque, pour établir des connexions, filaires ou non. L'un des principaux chantiers actuels de la société est celui de la 5G. On peut alors se demander comment la 5G est appréhendée, si cette dernière va pouvoir cohabiter avec l'actuelle 4G et le WiFi, et quels équipementiers (Huawei et/ou Nokia et/ou Ericsson) vont contribuer au déploiement de la technologie sans fil de cinquième génération. Pour en parler, Clubic a pu compter sur l'expertise d'Henri Terreaux, directeur des grands projets événementiels chez Orange.
Orange va être en mesure de proposer du « débit garanti » aux diffuseurs
Sur le chemin de la 5G, Orange mène aussi des tests en 4G+ depuis l'an dernier. L'opérateur profite de quelques grands événements et lieux emblématiques pour tester la 5G. « Nous avons fait des tests avec France Télévisions durant Roland-Garros. Nous en faisons également au stade Orange Vélodrome, le berceau de l'OM », rappelle Henri Terreaux.Orange guide les tests avec les futurs exploitants de la 5G, de façon à déterminer si le matériel est fiable et si cette technologie bouleverse véritablement leurs usages au quotidien.
« La 5G va permettre à Orange de désaturer le réseau 4G »
Le développement de la 5G va, dans un premier temps, permettre à Orange de désaturer le réseau 4G et les transmissions dans les grandes villes. « Cela veut dire qu'au quotidien, nous aurons besoin de faire moins de WiFi. Et je pense que le parent pauvre de la 5G sera justement le WiFi », nous dit le responsable événementiel de l'opérateur. La 5G sera ainsi d'abord réservée aux grandes villes, avec un usage et un développement grand public.
« Ce qui va bouleverser le monde des télécommunications, ce sera la version 2 de la 5G. À ce moment-là, nous pourrons donner du débit garanti aux médias », prévient Henri Terreaux, qui table sur un délai de trois ou quatre ans pour la voir débouler sur le Tour de France.
Toujours avec l'exemple de la Grande boucle, cette version 2 annoncée de la 5G, qui présente du débit garanti, signifie qu'une chaîne de télévision (ou tout autre diffuseur) pourra très bien acheter de la capacité 5G à Orange, et disposer d'un débit en upload garanti. Et ainsi transmettre en 5G sans être perturbé par d'éventuels visiteurs, touristes ou spectateurs. Une proposition qui devrait économiquement être intéressante pour la firme...
Pour les équipementiers 5G, Orange ne s'interdit rien...
Concernant sa relation avec les équipementiers 5G, nous sommes évidemment tentés d'aborder avec Orange l'épineux dossier Huawei, bien que celui-ci a déjà pu connaître moult rebondissements. « Nous menons encore des tests avec Huawei sur des équipements », nous révèle le patron des événements du groupe français.Mais qu'on se le dise : l'opérateur n'est pas certain de travailler avec tel ou tel équipementier. Rien ne l'oblige à choisir Huawei, pour privilégier un Européen, que ce soit Nokia ou Ericsson. « Le nerf de la guerre, c'est d'avoir des terminaux compatibles », nous dit-il.
« Les échanges sont assez réguliers. Que ce soit avec Huawei ou un autre »
Orange travaille avec les équipementiers à longueur d'année et étudie avec eux les innovations possibles. « Parfois, Orange va leur fixer un cahier des charges, notamment pour nos box : ce que l'on veut avoir dans les box, quels composants, quel processeur... Les échanges sont assez réguliers. Que ce soit avec Huawei ou un autre », livre Henri Terreaux.
Après cette étape, Orange passe des marchés avec différents équipementiers. Pour les faisceaux hertziens, « il avait été décidé, à une époque, que la plaque Alpes soit confiée à Alcatel-Lucent et que la plateforme pyrénéenne soit proposée à Huawei, de façon à ne pas avoir les mêmes équipementiers partout et donc pour ne pas être dépendant d'un seul équipementier », indique notre interlocuteur, qui soutient qu'Orange passe régulièrement des appels d'offres.
La 5G pourrait elle aussi, à terme, subir des interférences
Une fois les questions des opportunités et des équipementiers évacuées, nous nous demandons s'il est possible que la 5G puisse se substituer, à terme, à l'utilisation des box internet. À ce sujet, Henri Terreaux a un avis qui lui est très personnel : « Je pense qu'il peut y avoir des interférences, annonce-t-il.Tout ce qui est WiFi et hertzien peut engendrer ces interférences ».« Tout ce qui est hertzien n'est pas à l'abris d'un dysfonctionnement »
Au démarrage de la 4G, les utilisateurs étaient peu nombreux. Sur une artère comme les Champs-Élysées, la connexion était optimale. « Aujourd'hui, on se retrouve avec des fréquences saturées », constate notre spécialiste. « Allez demander des fréquences dans Paris à l'ANFR, ils vont vous répondre que tout est saturé. Lorsque nous avions fait la fan zone du Champ-de-Mars pendant l'Euro 2016, quelques individus avaient décroché un marché auprès de la mairie de Paris et faisaient de la vidéosurveillance en WiFi. Lorsque nous nous sommes retrouvés en réunion avec la municipalité, je leur ai dit que ce n'était pas sérieux de faire de la vidéosurveillance en WiFi. Au final, nous avions fibré, car les caméras étaient brouillées », raconte-t-il.
« Tout ce qui est hertzien n'est pas à l'abri d'un dysfonctionnement », qu'il soit volontaire ou non, nous l'aurons compris. Rien ne veut une bonne fibre ou un bon vieux câble « qui évite tout ce parasitage et qui vous donne tout de même de la bande passante garantie », nous fait remarquer le responsable événementiel, nous rappelant ainsi que c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes.