On lui prête bien des adjectifs, de « révolutionnaire » à « réseau de demain », mais la 5G est encore auréolée de mystère, notamment sur ses versants environnementaux et sanitaires.
Alors que les premiers forfaits mobiles compatibles sont attendus en France d'ici la fin 2020, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) publie une partie de son rapport destiné à éclairer les ministères de la Santé, de l'Écologie et de l'Économie sur les questions qui les concernent.
Un manque important, voire une absence de données scientifiques
Dans son rapport préliminaire publié aujourd'hui et cité par LeMonde.fr, l'ANSES regrette un « manque important voire (à) une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés aux fréquences autour de 3,5 GHz ». Pour traduire : la France s'apprête à déployer une technologie qui n'a fait l'objet d'aucune étude d'impact sur la santé de celles et ceux qui y seront confrontés.Une étude qui échoit de fait à l'ANSES de mener. D'ici 2021, l'Agence va devoir passer du prédictif (seule l'élaboration de scénario est possible aujourd'hui) au concret. « Pour estimer l'exposition, nous avons besoin de savoir quel type d'antenne sera déployé, avec quelle puissance, dans quelle direction » explique Olivier Merckel, chef d'unité d'évaluation des risques pour l'Anses. « Selon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l'espace par rapport au réseau actuel mais l'usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone ».
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Au centre des préoccupations réside la bande fréquence 3,5 GHz, dont on ignore strictement tout des effets sur la santé suite à une exposition prolongée — comme ce sera probablement le cas avec la 5G. Mais comme dans le cas des générations de réseau précédentes, il paraît difficile de croire qu'une étude parviendra à établir avec exactitude quels symptômes seront susceptibles d'apparaître au long cours.
Des effets délétères pour l'environnement
« Une fois de plus, la France fait les choses à l'envers : on déploie d'abord la 5G et après on regarde s'il y aura des impacts, » déplore François Lafforgue, avocat des associations Agir pour l'environnement et Priartem-Electrosensibles qui ont lancé, vendredi dernier, une pétition intitulée « Stop à la 5G ». » « Au nom du principe de précaution, une évaluation environnementale et sanitaire aurait dû être lancée ».C'est précisément ce manque de discernement que pointe à son tour Sophie Pelletier, la Présidente de l'association Priartem-Electrosensible auprès du Monde. « Alors que la sobriété énergétique est inscrite dans la loi, on sait déjà que ce déploiement augmentera la consommation électrique, de l'ordre de 10 TWH, soit l'équivalent d'une centrale comme Fessenheim ».
Très concrètement, le Président du think tank The Shift Project, militant justement pour la sobriété numérique, évaluait il y a quelques semaines que le déploiement de la 5G entraînerait une augmentation de la consommation électrique du pays de l'ordre de 2 % d'ici 3 à 5 ans.
Un chiffre totalement incompatible avec les objectifs environnementaux fixés par le gouvernement dans l'Accord de Paris.
Via : LeMonde.fr