Le Royaume-Uni a tranché : malgré les menaces lancées par les États-Unis, Huawei sera autorisé à vendre des équipements 5G aux opérateurs sur le territoire. Une série de restrictions a tout de même été dressée.
Ce mardi 28 janvier 2019, l'exécutif britannique a accordé le droit à Huawei de prendre part au développement du réseau 5G au Royaume-Uni. Le Premier ministre Boris Johnson a donné son feu vert après consultation du Conseil de sécurité nationale, et ce malgré les réserves émises par deux de ses collaborateurs les plus importants : le ministre de la Défense Ben Wallace et la ministre de l'Intérieur Priti Patel.
Huawei autorisé mais contrôlé
Huawei sera néanmoins loin d'avoir les mains libres. Le constructeur et équipementier réseau chinois ne pourra dépasser une part de marché de 35 % dans le pays. Les opérateurs devront donc s'arranger pour trouver d'autres fournisseurs, comme Nokia ou Ericsson, et ce même si le rapport qualité-prix des prestations proposées par Huawei est difficilement égalable.Autre barrière dressée face à Huawei, aucun de ses équipements ne pourra être utilisé pour le cœur du réseau, comme les serveurs. L'entreprise devra ainsi se contenter de vendre des antennes ou des stations relais. De plus, ces dernières ne pourront pas être installées dans des zones jugées à risque : centrales nucléaires ou installations militaires par exemple.
Quelle réponse des États-Unis ?
Le Royaume-Uni a donc coupé la poire en deux, espérant sans doute ne s'attirer ni les foudres de Washington, ni celles de Pékin. Il faut dire que Donald Trump et son administration ont mis une sacrée pression sur leurs alliés, allant jusqu'à les menacer de couper les échanges entre services de renseignement. Pour rappel, États-Unis et Royaume-Uni font partie de l'alliance Five-Eyes, un groupe de sécurité et d'espionnage comptant aussi l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande dans ses membres, qui ont également été exhortés à agir contre Huawei.Le gouvernement britannique a estimé de son côté que se priver de Huawei ralentirait trop le déploiement de la 5G, qui est au cœur de la nouvelle stratégie du pays pour attirer les investisseurs en pleine période de Brexit. D'ailleurs, les opérateurs outre-Manche ont déjà largement collaboré avec Huawei pour les débuts de la 5G sur le territoire.
On attend désormais la réaction des États-Unis, qui espéraient sans doute des sanctions bien plus prononcées à l'encontre de l'entreprise chinoise. Une situation qui risque d'être scrutée par de nombreux États (France, Allemagne, Canada), qui doivent eux aussi prendre une décision et essayer de contenter les Etats-Unis tout en ne pénalisant pas trop le développement de la nouvelle génération de réseau mobile.
En France, Huawei n'est pour le moment pas interdit, mais chaque installation d'équipement réseau doit être validée par l'Anssi, qui peut ainsi discrètement écarter l'équipementier des zones à risque et limiter l'expansion du matériel du groupe. Pour rappel, les premières autorisations devraient être délivrées en février 2020.
Source : Les Échos