Le PDG du groupe français est sorti du bois officiellement et publiquement pour faire part de son inquiétude quant à l'exclusion potentielle de Huawei des réseaux français.
En France, Huawei a trouvé en Bouygues Telecom son parfait défenseur. L'opérateur français, qui n'avait pas encore officiellement pris position dans ce délicat dossier, est un partenaire historique de la firme de Shenzhen, et souhaite pouvoir continuer à travailler avec l'acteur chinois, y compris sur le terrain de la 5G. Mais face au possible refus d'installation des antennes 5G par l'ANSSI, qui doit se prononcer dans quelques jours sur les demandes déposées par les opérateurs au sujet des équipementiers, Martin Bouygues tire la sonnette d'alarme, et menace.
SFR et Bouygues Telecom dans l'attente
Dans un monde merveilleux fait de magie et d'insouciance, la France pourrait composer son réseau 5G avec trois équipementiers : Nokia, Ericsson et Huawei. Pour des raisons qui toucheraient à la sécurité et à l'ingérence potentielle des services de renseignement chinois, Huawei semble peu à peu être écartée de la France, grâce notamment à un lobbying rondement mené par les États-Unis. Si Paris n'a pas officiellement écarté le géant chinois, une loi donne la possibilité aux autorités françaises, l'ANSSI en tête (sous protection du Premier ministre), de stopper arbitrairement l'installation de tel ou tel équipementier. Les réponses quant à Huawei sont attendues à la fin du mois.Concernant les opérateurs, Orange, qui n'avait pourtant un temps pas exclu de s'équiper en Huawei, installe son réseau 5G avec Nokia et Ericsson. Free, de son côté, se tourne vers Nokia, sans que cela soit une surprise puisque leurs relations sont solides et ce depuis le lancement des offres mobiles chez la filiale d'Iliad, en 2012. SFR, pour le moment, ne se prononce pas, mais l'opérateur au carré rouge possède des équipements Huawei.
Chez Bouygues Telecom, on ne se cache pas de voir chez Huawei un partenaire historique. La firme chinoise équipe notamment le réseau mobile 4G de l'opérateur. Écarter Huawei des réseaux français pousserait l'opérateur à faire certains sacrifices que Martin Bouygues, le PDG du groupe, se refuse à consentir. « Utiliser un équipementier autre que Huawei, dans les zones où nous avons des équipements 4G Huawei actuels, nous pousserait à les démonter et à réinstaller des équipements », peste l'homme d'affaires, qui prédit « un effet de coût et de délai ».
L'éventualité d'un recours en justice de Bouygues contre les instances françaises
Dans le cas où il deviendrait impossible de conserver et d'installer des équipements Huawei pour ses réseaux mobiles, Martin Bouygues ne s'interdit rien. « Il n'est pas normal qu'on crée des distorsions de concurrence entre les opérateurs », argumente-t-il.Le patron de l'opérateur entend bien préserver les intérêts économiques de son entreprise. Une philosophie partagée au sein du groupe, puisque Didier Casas, le secrétaire général de Bouygues Télécom, confirme que l'opérateur se réserve toutes les possibilités pour protéger ses droits. Cela pourrait passer par un recours juridique contre les décrets d'application du texte de loi voté et adopté l'an dernier, la fameuse loi « Huawei. »
Bouygues Telecom pourrait aussi privilégier la stratégie théorique de SFR qui pourrait, en cas de décision défavorable à Huawei, réclamer une indemnisation financière de compensation.
Source : Les Echos