L'autorité n'aurait finalement pas (totalement) cédé aux exigences de Washington, qui milite pour une exclusion pure et simple du géant chinois des équipements de télécommunications chez ses alliés.
Pour en savoir plus sur son avenir en France, Huawei attendait la décision des agents de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information), qui disposent du pouvoir d'autoriser ou non l'installation des logiciels et équipements 5G sur le territoire, depuis l'adoption de la loi dite « loi Huawei », l'été dernier. Selon deux sources proches du dossier, dont les confessions ont été relayées dans la nuit de jeudi à vendredi par nos confrères de Reuters, qui n'ont pas attendu la publication officielle des décisions, l'autorité aurait décidé de tendre la main à la firme de Shenzhen. Mais c'est plus compliqué que cela.
SFR et Bouygues Telecom vont pouvoir trinquer
L'ANSSI, qui a multiplié les demandes de précisions quant aux requêtes d'autorisation faites par les opérateurs télécoms, aurait donc pris la décision d'autoriser SFR et Bouygues Telecom*, qui sont des partenaires historiques de Huawei, à se fournir en équipements chinois pour déployer leur réseau 5G dans le pays.Attention tout de même, puisque si l'Agence française de cybersécurité s'apprête à maintenir la porte ouverte à Huawei, qui redoutait, comme les opérateurs, d'avoir à subir une mise à l'écart du marché de la 5G, seules les parties « non sensibles » du réseau devraient être accessibles à l'équipementier de l'empire du Milieu.
Cela vise plus particulièrement les antennes, qui poseraient moins de risques en termes de sécurité. On ne peut donc pas parler d'un blanc-seing total.
Une récompense suite aux dernières annonces de Huawei ?
L'idée de l'ANSSI, et de facto, des pouvoirs publics, est de ne pas bannir Huawei mais de l'écarter des parties sensibles de la 5G. « Ils ne veulent pas interdire Huawei, mais le principe est ''il faut les sortir des cœurs de réseau'' », aurait confié l'une des sources anonymes. Les antennes, oui, mais pas les logiciels, qui eux traitent les données des usagers, souvent sensibles.Cette autorisation partielle est similaire à celle que veut accorder le Premier ministre britannique Boris Johnson à Huawei, en Grande-Bretagne. L'Allemagne, de son côté, est également dans une position intermédiaire : renforcer la sécurité, tout en ne claquant pas la porte au nez de la firme fondée par Ren Zhengfei.
Quoi qu'il en soit, la probable décision globale prise par l'ANSSI et les autorités françaises a peut-être été motivée par les récentes avancées de Huawei dans l'Hexagone, avec la construction annoncée d'une usine qui pourrait créer 500 emplois en France, ainsi que l'ouverture, il y a quelques jours, d'un store de 850 mètres carrés, sur deux étages à Paris.
*Orange et Free, eux, privilégient les équipementiers européens Ericsson et Nokia
Source : Reuters