ITW Toshiba : 'le Blu-ray n'est pas dans nos plans'

Alexandre Laurent
Publié le 11 mars 2008 à 15h29
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Principal artisan du HD DVD, Toshiba annonce courant février son intention de retirer son format optique de nouvelle génération du marché des lecteurs de salon. Ce faisant, il met fin à la bataille qui l'oppose au Blu-ray défendu par Sony et laisse à ce dernier le champ libre pour s'imposer comme le standard de la haute définition.

« Nous avons longuement analysé et évalué quel serait l'impact sur le long terme de la poursuite de ce qui apparait comme une "guerre pour le format nouvelle génération" et nous sommes arrivés à la conclusion qu'une décision rapide contribuera mieux au développement du marché », déclarait à cette occasion Atsutoshi Nishida, président et CEO de Toshiba.

Quelques semaines après cette décision, perçue comme un aveu d'échec mais saluée de façon positive par les marchés financiers, retour sur la question avec Alain Appriou, directeur marketing pour l'électronique grand public chez Toshiba France.

Clubic.com : quand la décision de mettre fin au HD DVD a-t-elle réellement été prise et quel a été l'élément déclencheur ?

Alain Appriou : L'annonce officielle a été faite le 19 février, suite à une réunion du conseil d'administration de Toshiba, à Tokyo, dans les jours qui ont précédé. C'est à ce moment là, et pas avant que la décision a vraiment été prise. Elle est la conséquence directe d'événements qui se sont déroulés dans le courant du mois de janvier, comme l'abandon du HD DVD par Warner et la décision prise par certains distributeurs américains d'arrêter de commercialiser notre format.

Comment expliquez-vous le changement de position de Warner ? Doit-on imaginer un dessous de table ?

A mon niveau, je ne peux que faire des suppositions, et je ne m'avancerais pas à proposer officiellement une explication. Tout ce que je peux dire, c'est que nous travaillions main dans la main avec Warner. Nous avons par exemple mené d'ambitieuses campagnes de communication ensemble, avant qu'ils ne prennent la décision de nous lâcher, contre toute attente.

Quelles pourraient avoir été les raisons de l'échec du HD DVD ?

Il est difficile de déterminer avec précision les raisons de l'échec. Il existe une entité, le DVD Forum, théoriquement chargée de décider comment doivent être organisés les standards en la matière. Le DVD Forum décide qu'il faut passer à la haute définition. A ce moment là, le HD DVD parait comme le candidat tout désigné, mais il se trouve que le Blu-ray est venu s'interposer.

Du côté du PC, le HD DVD a réalisé un bon départ, alors que sur le marché des consoles, l'avantage était clairement du côté du Blu-ray, grâce à son intégration dans la Playsation 3. Différentes démarches ont fait que Toshiba s'est retrouvé esseulé au niveau du hardware, mais tout le monde était alors plus ou moins d'accord pour dire que c'était le soft, les contenus, qui allaient constituer le nerf de la guerre.

En fin d'année, après le passage de Paramount au HD DVD, nous commencions à voir la vie en rose, puis Warner a pris le virage que l'on sait. Au final, les raisons de l'échec n'ont rien à voir avec les qualités du format HD DVD, ce sont plutôt des histoires de gros sous. Je précise au passage que l'arrêt définitif ne concerne pour l'instant que le marché des lecteurs de salon : rien n'a été officialisé pour l'univers du PC, où de nombreux fabricants nous soutenaient.

Quelle sera maintenant la stratégie de Toshiba en matière d'EGP ? Un passage au Blu-ray est-il envisagé ?

Aujourd'hui, nous avons le Blu-ray, qui présente des perspectives moins importantes en termes de croissance que le DVD en son temps. En parallèle existent les contenus dématérialisés, avec la vidéo à la demande, qui viendra certainement grignoter une part du gâteau. Chez Toshiba, tous nos lecteurs HD DVD étaient équipés d'une prise Ethernet pour leur permettre de se connecter au réseau. Nous avancions déjà vers le téléchargement de contenus. Aujourd'hui, c'est une réflexion ouverte. Une chose est sûre : nous n'irons pas sur le Blu-ray, mais Toshiba ne va pas pour autant rester les bras croisés.

Quel message adressez-vous aux consommateurs qui ont déjà acheté un lecteur de salon HD DVD ?

Toshiba s'engage à tenir informés les consommateurs de toutes les évolutions de la situation. En parallèle, nous souhaitons les sécuriser au sujet du service après vente, qui sera assuré pour tous nos modèles de lecteurs. En revanche, nous n'avons pas mis au point de proposition de compensation. Bien que sujets, comme tout produit, à l'érosion des prix, les lecteurs HD DVD ont toujours une certaine valeur. Nous voyons même des gens qui cherchent encore à acheter le HD-X1 (lecteur HD DVD le plus onéreux de la gamme Toshiba, ndlr) pour ses qualités en termes de traitement d'images. Dans le monde, environ 800 films sont sortis en HD DVD : c'est moins que ce que ce proposera à terme le Blu-ray, mais il y a tout de même de quoi faire.

Au final, quel est le préjudice subi, en termes d'image de marque et sur le plan financier ?

Toshiba ne sortira pas forcément affaibli de cette aventure. Sur le plan financier, il est certain que nous avons enregistré des pertes, mais elles auraient sans doute été plus importantes si nous avions attendu plus longtemps. Ces pertes sont extrêmement difficiles à calculer puisque de nombreux paramètres rentrent en compte. Si elles l'ont été, le chiffre n'est connu qu'au plus haut niveau.

Toshiba a travaillé dur pour sortir des produits de qualité, avec un excellent rapport qualité prix. Aujourd'hui, la marque se retire, mais son travail a été apprécié. C'a été une décision difficile, et courageuse, qui facilitera l'éclosion du marché de la haute définition. Le HD DVD aura finalement permis à Toshiba de sortir d'un certain anonymat sur le marché de l'électronique grand public, où la marque a bien occupé l'espace.
Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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