JB - Philippe Silberzahn bonjour. Comment est né Digital Airways ? Comment définissez vous votre métier ?
PS - Digital Airways est née il y a dix ans de la volonté de trois entrepreneurs expérimentés de capitaliser leurs expertises au sein d'une structure. Nous ne sommes que progressivement arrivés à notre métier actuel, qui consiste à permettre aux acteurs de la téléphonie mobile de créer des expériences utilisateurs entièrement customisées.
JB - Vous fournissez l'interface tactile du Porsche Design P'9522 ou de certains modèles Samsung. Combien de modèles en circulation sont équipés de vos logiciels ?
PS - La technologie de Digital Airways est utilisée sur des téléphones depuis 2005. Environ 20 modèles ont déjà été commercialisés dans le monde entier par des grands fabricants de téléphones. Rien qu'au Japon, nous en écoulerons environ 1,2 million en 2009. Mais notre technologie d'interface utilisateur est également utilisée dans d'autres domaines comme les set-top boxes, l'automobile, les cadres photos et même... les machines à affranchir industrielles.
JB - Ne craignez vous pas d'être marginalisés par Google (Android), Microsoft , Nokia, Apple ou RIM qui maîtrisent le système d'exploitation, les interfaces utilisateurs et parfois même le matériel ?
PS - Android rend obsolète la plupart des offres logicielles actuelles. Nous estimons que l'arrivée d'Android a le même impact que l'introduction de l'IBM PC en 1981: elle révolutionne l'industrie et peu d'acteurs de l'avant survivront dans l'après. Pourtant Android souffre de faiblesses fortes. Il faut se réinventer pour en tirer partie, ce à quoi nous travaillons activement. A suivre...
JB - Ce sont des standards ouverts comme le GSM ou le SMS qui ont permis l'essor du téléphone mobile. La multiplication des environnements logiciels mobiles concurrents et de leurs kiosques de téléchargement n'est elle pas une menace pour l'industrie du mobile ?
PS - L'essor du mobile a également reposé sur des technologies propriétaires. La multiplication pourrait être une menace mais nous estimons, là encore, qu'Android prendra rapidement une place prépondérante, même si la question de la fragmentation est loin d'être résolue. C'est là aussi un point sur lequel Digital Airways travaille activement. Quant aux kiosques de téléchargement, ils ne satisfont pas les opérateurs car ils les court-circuitent.
JB - PurpleLabs, BlueStreak Technology, Streamezzo, GooJet, Miyowa, webwag, Digital Aitways... la France compte de nombreux champions du logiciel mobile mais peu semblent en mesure de rivaliser avec des géants comme Microsoft, Google ou Apple. N'anticipez vous pas des rapprochements dans ce secteur ?
PS - Il y aura des rapprochements et des disparitions naturellement. On peut regretter que la formidable richesse française du domaine - vous pourriez aussi citer Mobiclip et bien d'autres - soit mal valorisée en raison d'une réticente forte à travailler ensemble. Chacun reste dans son coin et voit ses congénères avec méfiance. Les grands français n'aident pas les petits français, qui eux-même se regardent entre-eux en chien de faïence. Allez en Suède, c'est bien différent! En tant que petite entreprise française, c'est contre un réseau que Digital Airways se bat, par contre tel ou tel concurrent.
JB - Philippe Silberzahn, je vous remercie !