"Un an et demi après avoir reçu du gouvernement ce droit d'exploiter les fréquences WiMAX, nous sommes très heureux de faire de l'internet mobile à haut débit une réalité", s'est félicité au cours d'une conférence de presse Takashi Tanaka, patron de UQ Communications, nom de la société constituée par plusieurs sociétés de divers secteurs réunies par KDDI. Parmi ces dernières figurent en tête de liste le groupe d'électronique nippon Kyocera, le fabricant de microprocesseurs américain Intel, le groupe bancaire japonais Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) ainsi que la société de services financiers Daiwa Securities et la plus importante compagnie ferroviaire nippone, JR East (qui dessert Tokyo, Sendai et alentour).
La technologie "mobile WiMAX" permet de couvrir de larges zones par radiofréquences, afin de permettre l'accès à internet à un débit digne d'un accès fixe depuis des ordinateurs portables ou autres terminaux numériques nomades équipés d'un module d'accès sans fil spécifique. La particularité de WiMAX est notamment de rendre possible une connexion stable et fiable à bord d'un véhicule en mouvement rapide (voiture, bus, train à grande vitesse).
La norme mobile WiMAX se veut complémentaire des technologies de télécommunications cellulaires dites de troisième génération (3G) et de celles des réseaux locaux sans fil (WiFi). Elle est censée répondre à des besoins qui ne sont pas encore pleinement couverts. Cette technologie d'échange rapide de données est promue par le géant des micro-processeurs américain Intel, groupe dont la filiale au Japon est fortement impliquée dans le réseau mobile WiMAX créé par UQ Communications. "Nous espérons que le lancement de WiMAX au Japon va servir de tremplin au déploiement de cette technologie dans divers autres pays", a d'ailleurs commenté un dirigeant d'Intel, Sean Maloney.
Le service, qui est en phase de test gratuit depuis février, sera commercialement disponible le 1er juillet dans les grandes agglomérations nippones au prix forfaitaire de 4.480 yens par mois (34 euros) pour un usage illimité ou 600 yens par jour (24 heures) pour ceux qui n'ont pas besoin d'utiliser ce service quotidiennement. De nombreux fabricants de PC japonais (Toshiba, NEC, Sharp, Fujitsu, Panasonic, Sony) et étrangers (Asus, Dell, Lenovo, HP, etc.) ont annoncé la commercialisation au Japon de modèles équipés d'un processeur Intel Centrino enrichi de la fonction de communication mobile WiMAX. Des accessoiristes ont pour leur part développé des modules à connecter sur un port USB d'un PC. La société spécialiste de technologies d'impression et des services afférents Toppan Printing a pour sa part conçu un terminal électronique d'affichage de publicités sur le lieu de ventes alimenté par un serveur distants en contenus audiovisuels via une liaison WiMAX.
L'accès mobile WiMAX sera en outre disponible à partir d'octobre dans les Tokaido Shinkansen (trains à grande vitesse reliant notamment Tokyo à Osaka), ainsi dans les stations de plusieurs lignes de métro de Tokyo. Le réseau WiMAX pour appareils mobiles construit par UQ Communications sera également partiellement loué à des fournisseurs d'offres qui les commercialiseront sous leur propre marque au tarif de leur choix. Deux grandes chaînes de boutiques de matériels électroniques et électroménagers nippones, Yamada Denki et Bic Camera, ont annoncé qu'elles proposeraient des services à leurs couleurs. Cette ouverture à des acteurs de divers secteurs faisait partie des exigences et critères de sélection du gouvernement lorsqu'il a délivré les licences fin 2007 après de nombreux conciliabules.
Au départ, quatre consortium postulaient pour deux licences disponibles, sachant que les règles d'appel à candidature interdisaient qu'un opérateur déjà en place postule seul en son propre nom. Le premier opérateur de télécommunications mobiles japonais NTT DoCoMo avait monté un dossier avec un fournisseur d'accès à Internet spécialisé dans la clientèle professionnelle, Acca Network, et avait enrôlé une dizaine d'autres entreprises dont la chaîne de TV privée Tokyo Broadcasting, la compagnie ferroviaire Keihin Electric Railway, l'opérateur de télécommunications sud-coréen KT, une filiale nippone du groupe financier JP Morgan, lesquels auraient pu ensuite offrir des offres sous leur marque en s'appuyant sur le réseau financé par le consortium.
Ce dossier a été retoqué de même que celui du troisième opérateur nippon, Softbank, associé pour l'occasion à un autre F.A.I. (eAccess). Ensemble, ils avaient créé une nouvelle société, Open Wireless Network, dans laquelle avait également mis des billes la banque Goldman Sachs et plusieurs autres firmes, dont des filiales de services internet des groupes d'électronique japonais Sony et NEC. Le quatrième prétendant, qui emporta la seconde licence d'exploitation du spectre concerné, est Willcom, déjà opérateur de services mobiles à la norme nippone PHS et qui pouvait se porter candidat seul en son nom propre compte tenu de sa petite taille. Willcom était donné favori puisqu'il était le seul à concourir non pas avec un drapeau "mobile WiMAX" mais avec un étendard "nouveau PHS" (personal handyphone system), évolution d'une technologie "made in Japan" qui trouve déjà dans sa première version des débouchés en Asie, notamment en Chine, et que les autorités aimeraient voir se répandre ailleurs, en Amérique du Sud par exemple.
Le dossier de Willcom avait en outre d'autant plus de chances d'être retenu que le gouvernement nippon a l'habitude de mettre en concurrence deux technologies différentes pour créer une émulation et ne pas léser une partie des industriels locaux ayant initialement opté pour l'une ou l'autre. Notons au passage que la multiplication au Japon des technologies radiofréquences et l'installation d'antennes partout ne semblent guère soucier les citoyens, lesquels se félicitent plutôt, tout comme les pouvoirs publics d'ailleurs, de disposer d'infrastructures de communications de plus en plus performantes. Willcom, qui projette aussi d'ouvrir son réseau à des "opérateurs virtuels" (MVNO), vient également de lancer selon le calendrier prévu son service de données "Willcom Core XGP" (eXtended Global Platform), pour le moment sur une aire limitée, pour 500 clients sélectionnés parmi des professionels.
Cette période de test grandeur nature, entamée fin avril, doit se poursuivre jusqu'au mois de septembre. Willcom fournit à ses cobayes des cartes d'accès pour PC portable fabriquées par le groupe nippon NEC. Pour l'avenir, le groupe a lancé un concours à l'imagination pour créer divers types de terminaux moins banals au design léché et fonctions troublantes. On garde tous ces mystérieux objets de côté et on vous les présentera avec d'autres prototypes dans un prochain Live Japon exclusivement consacré à des délires de designers.