Live Japon : le ciné HD à la maison, la 3D en salle

Karyn Poupée
Publié le 18 juillet 2009 à 10h01
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Les Nippons, réputés cinéphiles et bénéficiant sur place d'une production encore importante (400 films japonais par an), ont tendance à moins fréquenter les salles, vu qu'ils s'équipent en masse de téléviseurs de grandes dimensions en haute-définition, lesquels coûtent cette année le prix de modèles un tiers plus petit de l'an passé et seront encore bien meilleur marché dans un an.

Alors qu'ils acquéraient auparavant des 30 pouces, ils n'hésitent plus désormais à claquer une partie de leur prime d'été (elle existe encore malgré la crise) dans un écran de classe 40 ou 50 pouces, les maisons japonaises n'étant pas si petites qu'on le dit souvent à tort (les temps ont changé depuis les années 1960).

Qui plus est, avec les hyper avantageux systèmes de points à-valoir sur l'achat ultérieur proposés par les géants de la distribution de produits électroniques, ils peuvent repartir avec sous le bras un lecteur de DVD HD Blu-Ray à moitié prix, quand il n'est pas tout bonnement offert. Il est en outre de plus en plus facile au Japon de louer des films sans bouger. Non seulement existent des offres de vidéo à la demande en ligne et des TV raccordables à internet pour y accéder, mais les loueurs ayant pignon sur rue sont de plus en plus serviables, qui vous font livrer à domicile CD, DVD et même manga.

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Sachant de surcroît que les Japonais sont des utilisateurs très actifs des services de commerce pour téléphone portable, les commandes peuvent bien évidemment être passées via des sites spécialement destinés à ce terminal chouchou des Nippons. Le deuxième opérateur de télécommunications mobiles du cru, KDDI, a estimé de ce fait qu'il avait intérêt à ne pas seulement miser sur la vente de musiques et films en téléchargement, mais à étendre sont offre aux supports physiques, notamment pour ceux qui ont un lecteur Blu-Ray, une TV en haute-définition et veulent de la vraie HD pour exploiter pleinement les capacités de leur matériel.

Il propose donc désormais à ses clients la location simplifiée de DVD vidéo, en partenariat avec un spécialiste du secteur. Depuis jeudi 16 juillet, ses quelque 30 millions d'abonnés mobiles accèdent ainsi à une nouvelle section "rentaru" (location) dans la boutique virtuelle pour téléphone portable et PC "LISMO Video" gérée par KDDI. Pour la somme de 1.260 yens (9,50 euros), il peuvent y emprunter chaque mois 4 DVD vidéo pour une durée non-prédéterminée. Les disques optiques en question leur arrivent par pli postal et ils doivent les retourner de la même façon, sans frais supplémentaires. Si un abonné loue moins de 4 DVD dans le mois, le reliquat est reporté sur le quota du suivant.

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Il est en outre possible aux gros dévoreurs de films de souscrire à une option de 4 DVD supplémentaires par mois pour 693 yens (5,20 euros). Le montant total est reporté sur la facture mensuelle de télécommunications mobiles émise par KDDI, à l'instar du coût de tous les services optionnels proposé par cet opérateur, principal rival au Japon de NTT Docomo et Softbank Mobile.La vidéothèque proposée, gérée par le groupe nippon Geo, spécialiste de la location de DVD et CD, compte pour le moment environ 55.000 titres.

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Dans ce contexte, et bien que bénéficiant d'une exclusivité lors de la sortie des longs-métrages et faisant tourner les oeuvres à une vitesse dingue (il vaut mieux y aller dès la première semaine, sinon...), les exploitants de salles japonais sont obligés de proposer encore plus pour attirer les yeux du public. D'autant que les spectateurs qui ne se sont pas précipités le premier jour (impatients de voir leur acteur-vedette ou le film qu'il faut absolument avoir vu illico) sont de plus en plus prêts à patienter quelques mois avant de voir arriver un titre dans les innombrables magasins de location, puis à la vente.

La récession, qui pousse les consommateurs à faire un peu le tri dans leurs dépenses, a amplifié le phénomène du "restons chez nous devant la télé" et oblige les gérants de multiplexes à se démener. L'un des moyens de recouvrer les faveurs de ces amateurs du 7e art à la maison est de moderniser encore et encore les salles, avec des équipements de plus en plus époustouflants offrant une qualité irréprochable dans des conditions hors pair, et ce non seulement pour des films mais aussi pour d'autres oeuvres. On vous a déjà présenté ici il y a quelque temps un nouveau style de multiplexe de cinéma de centre-ville, qui se distingue des habituels lieux du genre par un décor et des prestations très haut de gamme, tels deux salons privés pour couples loués chacun 180 euros par séance ou des fauteuils ultra-larges et douillets pour le triple du prix normal, le tout isolé au balcon, avec "lounges" pour patienter en sirotant du champagne, et autres curiosités. Mais autant sinon plus que ce luxe de confort, c'est du grand spectacle ou du high-tech qu'il faut proposer en ajustant de façon plus flexible l'offre à la demande pour améliorer la profitabilité.

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C'est ainsi que le géant des télécommunications japonais NTT et le distributeur de films et exploitant de cinémas japonais Toho ont lancé récemment le lancement de la projection commerciale de longs métrages livrés aux salles sous forme de fichiers numériques par réseau à ultra haut débit. Le vendredi 10 juillet, une quizaine de cinémas dispersés dans tout le Japon ont reçu les fichiers du film Knowing, au format vidéo 4K (4096 points sur environ 2000 lignes horizontales), en lieu et place d'encombrantes bobines. Ces salles sont servies à distance via un canal spécial ultra sécurisé sur le réseau de fibres optiques de nouvelle génération (NGN) à ultra haut débit de NTT. Ce lancement marque les vrais débuts commerciaux à grande échelle du cinéma numérique en réseau au Japon, après des années d'expérimentation sous la houlette de NTT et de divers autres groupes japonais.

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La distribution et l'exploitation en réseau de films dématérialisés offrent plusieurs avantages pour les gérants de cinémas. Même si un investissement important est nécessaire au départ pour équiper les salles de serveurs dédiés et projecteurs numériques, ils sont censés être rentabilisés à l'usage. Et ce, non seulement du fait des économies réalisées sur la gestion logistique des copies, mais aussi grâce à une programmation plus aisée et aux revenus supplémentaires espérés à travers la diffusion possible sur très grand écran de productions en haute définition autres que des films (concerts, matchs de base-ball, tournois de sumo et événements publics, en direct ou en différé). "La valeur ajoutée offerte pas la mise en réseau va également nous donner la possibilité de créer de nouveaux modèles économiques", avait en outre déclaré le groupe Toho lors de l'annonce initiale de ce vaste projet désormais concrétisé.

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D'ici décembre, 55 multiplexes japonais des groupes Toho et Kadokawa devraient être à même de recevoir des films et autres contenus par le réseau de NTT. Depuis l'an passé, Sony, également très impliqué dans ces développements, propose déjà Japon un service de distribution de spectacles vivants, manifestations sportives et autres festivités captés en format vidéo numérique à destination des salles du 7e art. Sony a inauguré cette nouvelle activité avec une comédie musicale japonaise, "Metro ni notte" (dans le métro), enregistrée en décembre dernier dans un théâtre de Tokyo. Le géant de l'électronique grand public, qui a conçu des caméras numériques et projecteurs haute-définition (y compris 3D récemment), a utilisé au total neuf caméras HD et autres équipements audio et vidéo high-tech pour l'enregistrement de ce spectacle.

La chaîne de production (tournage, montage) de films étant déjà largement numérisée, Sony estime que "les salles vont continuer de s'équiper en projecteurs numériques, notamment par souci d'efficacité". La décision de Sony et de producteurs de spectacles de distribuer dans les cinémas divers contenus événementiels vise à accélérer la transition des salles vers le format numérique. Ils souhaitent aussi élargir le potentiel de spectateurs "en diffusant dans l'ensemble du pays sur grand écran des spectacles qui n'ont en réalité lieu qu'à un endroit précis sur une période limitée".

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Sony propose simultanément un ensemble complet (matériels et logiciels) pour permettre aux cinémas de s'équiper intégralement afin de projeter ce type de contenus. Les industriels japonais aidés par des universitaires et le géant des télécommunications nippon NTT, sont donc les fers de lance de la distribution cinématographique numérique, laquelle va effectivement apparemment se répandre assez vite. D'après une enquête publiée vendredi 17 juillet par la société de consultants nippone Seed Planning, plus de quatre écrans de cinéma sur cinq au Japon seront compatibles avec les technologies de projection numérique en 2018, contre seulement 10% cette année, et une salle sur cinq permettra également de programmer des films en relief (trois dimensions ou 3D).

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Actuellement, sur environ 3.360 écrans de cinéma recensés dans l'archipel, moins d'un dixième sont numérisés, mais les exploitants de multiplexes, qui gèrent 80% du parc, s'activent. "En 2010, la barre des 10% sera franchie, en 2012 celle des 20%, en 2014 on sera près de 40% et en 2018 on dépassera 80%", prédit Seed Planning qui a questionné les firmes concernées. Toutefois, dans le même laps de temps, le nombre de salles devrait fléchir pour retomber en 2018 à son niveau de 2005/2006, soit environ 3.000 écrans. Par ailleurs, toujours selon Seed Planning, les studios hollywoodiens s'étant lancés dans la production de films en trois dimensions et le public commençant à apprécier ce spectacle inédit, les exploitants perçoivent dans cette nouvelle vague un moyen de faire revenir les fanatiques de films d'action et autres genres dans les salles obscures, seules à même d'offrir une sensation de relief aussi forte.

En 2018, une salle japonaise sur cinq devrait être équipée d'un projecteur numérique compatible 3D. "Comme, même à cette date, la production cinématographique japonaise et étrangère ne sera de toute façon pas à 100% en trois dimensions, il n'est pas nécessaire de doter d'un matériel dédié toutes les salles d'un multiplexe", observe pertinemment Seed Planning. Au niveau mondial, la même étude précise que le nombre d'écrans devrait passer de 83.000 en 2008 à 75.000 en 2018 et qu'à cette date environ 80% des salles seront numérisées et 22% du total également compatibles 3D. Comme le laissent présager les recherches bien avancées de la chaîne publique NHK, un jour, aux environs de 2020 peut-être, la ultra haute définition accompagné d'un son 24 canaux et la 3D arriveront aussi dans les salons, mais en attendant, pour en profiter, il faudra retrouver le chemin des salles. Bon film.

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Par Karyn Poupée

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