Deux jeunes pirates informatiques français se sont retrouvés sur le banc des accusés à Paris. Inculpés pour avoir fait chanter des milliers de personnes en échange d'argent, ils sont jugés au tribunal depuis ce lundi 25 septembre.
Les deux concernés sont aujourd'hui âgés de 25 ans et comparaissent pour des faits qui ont eu lieu en 2019. Leur procès, qui se tient depuis 4 jours à la 13e chambre correctionnelle, touche aujourd'hui à sa fin. Ils ont comparu devant le juge pour plusieurs faits assez graves : extorsion et tentative, blanchiment en bande organisé, et accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données.
Ces deux jeunes hackers ont fait trembler des milliers d'internautes visitant des sites pornographiques en les menaçant de divulguer des images compromettantes d'eux issues de leurs webcams.
Deux amis à l'origine d'une escroquerie sophistiquée
Les jeunes hommes ne sont pas les seuls à s'être lancés dans le chantage sur Internet. Tous deux se sont rencontrés plus jeunes, sur des sites consacrés au jeu vidéo. Plus tard, ils se sont intéressés au hacking et ont mis au point un malware baptisé Varenyky entre janvier et juin 2019. Grâce à celui-ci, ils ont largement gagné leur vie en s'infiltrant dans l'ordinateur de leurs victimes. En effet, ils achetaient sur le dark web des milliers d'adresses mail, qui se monnayent une petite fortune, et ont ainsi pu envoyer un message menaçant à certains internautes bien ciblés : les usagers de site pornographiques.
Le message en question faisait croire aux personnes concernées que les deux hackers détenaient des vidéos et images compromettantes d'elles en train de se masturber. Pour éviter leur diffusion, les victimes devaient leur verser la somme de 500 euros, en Bitcoin. Initialement, les pirates n'avaient pas accès à ces images, et ils mentaient pour faire paniquer leurs victimes.
La monétisation de la peur
Il se trouve que les deux compères ont ensuite trouvé un moyen de faire évoluer leur programme pour réellement faire de la « sextorsion », activer les webcams à distance et filmer un grand nombre de personnes à leur insu. Celles-ci étaient choisies automatiquement par le logiciel à partir du moment où elles rentraient des mots-clés qui faisaient référence à de la pornographie dans leur moteur de recherche.
Cette arnaque parfaitement ficelée leur aurait rapporté environ 1,3 million d'euros. Les deux accusés nient toutefois cette somme conséquente et la rabaissent à « seulement » 150 000 euros. Toute la crypto-monnaie accumulée était convertie en monnaie fiduciaire dans un bureau de change à Odessa, en Ukraine. Ces sommes leur assureraient un train de vie conséquent, entre voyages en Europe de l'Est, hôtels, et achats de voitures et de matériel informatique.
Pour le moment, le parquet de Paris estime le nombre de victimes à plus de 20 000. L'enquête avait été ouverte en 2019 à la suite de 1 300 plaintes de particuliers. Les deux hackers étaient donc recherchés activement depuis et avaient été identifiés quelques mois après par l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication. L'aventure s'arrête donc là pour les deux amis, qui risquent gros après ce coup de filet.
Source : Est Républicain