L'Europe, en pleine préparation de sa révolution monétaire ? Avec la généralisation de la dématérialisation des paiements et l'importante ascension des cryptomonnaies, l'euro numérique pourrait bien devenir une réalité.
La Banque centrale européenne l'a annoncé hier : la version numérique de l'euro entre en phase préparatoire. Le projet n'est pas nouveau et avait déjà été annoncé en 2020. L'idée de digitaliser la devise européenne s'appuie sur plusieurs aspects fondamentaux : une souveraineté monétaire accrue, une facilitation des paiements transfrontaliers et une meilleure autonomie de la zone euro.
Des promesses intéressantes sur le papier, d'autant plus que l'Union européenne l'avait assuré : elle ne pratiquera aucune récolte de données personnelles des utilisateurs de cette nouvelle monnaie. Quels changements devons-nous donc attendre de cette nouvelle évolution du système monétaire ?
Un projet ambitieux en préparation
Pourquoi mettre en route une telle initiative ? Principalement pour rester dans le coup et répondre à la montée en puissance des cryptomonnaies tout en s'adaptant aux nouvelles habitudes de paiement. Christine Lagarde, présidente de la BCE, explique : « Nous devons préparer notre monnaie pour le futur. » La phase préparatoire est donc officiellement lancée depuis hier et s'étalera sur une durée de deux ans.
Deux ans pour tester l'efficacité de la transformation et éventuellement donner un statut officiel à l'euro numérique. Cela signifie que cette entrée en phase de test ne correspond pas à une approbation totale de la devise. Il faudra donc attendre la fin de ces deux années, le temps que le processus législatif de l'UE fasse son chemin. Les autorités européennes, à savoir le Parlement, la Commission et le Conseil européens, devront donner leur approbation pour que le projet soit entièrement validé.
La préservation de la vie privée : une chimère ?
Cette version digitale de la monnaie est également développée dans un souci de conservation de la confidentialité des futurs utilisateurs. Cependant, Christine Lagarde, qui défend le projet devant les députés européens, a bien averti que l'euro numérique ne pourra pas atteindre le niveau de confidentialité des cryptomonnaies. Certains députés et d'autres acteurs de la communauté crypto ne voient en effet pas l'émergence de l'euro numérique d'un très bon œil. Cela signifiera-t-il que la BCE pourra surveiller de près les dépenses de chaque citoyen ? Christine Lagarde répond par la négative :
Le système utilisera les banques commerciales comme intermédiaires pour diffuser l'euro numérique. Les banques auront accès aux données, c'est vrai. Mais elles ont aujourd'hui déjà accès à ces données.
La présidente se veut donc rassurante et invoque des enjeux européens plus globaux pour justifier ce « semi-anonymat ». Selon elle, la BCE ne se transformera pas pour autant en organisme de surveillance et gardera un positionnement neutre :
Procurer l'anonymat que les billets de banque offrent, c'est contraire à l'objectif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Les données ne seront pas à la disposition de la BCE, ce ne sera pas une BCE Big Brother qui va se pencher sur le détail des transactions.
Prévu pour être utilisé par tous dans l'ensemble des pays utilisant déjà l'euro, son jumeau numérique pourra servir à tout type de transactions, en ligne ou hors ligne. Si le projet arrive à son terme, la mise en circulation de la devise digitale se fera en 2027 ou 2028. Ce qui laissera largement le temps aux débats houleux de se poursuivre.
Sources : BFMTV, 20 Minutes