L'institution européenne a publié un rapport, le 2 octobre, dans lequel elle juge bonne la possibilité de créer une monnaie numérique, complémentaire des liquidités actuelles. Les premiers tests vont rapidement débuter.
La Banque centrale européenne (BCE) avance pas à pas vers un euro numérique. Elle estime, à l'heure où le coronavirus et les règles de distanciation sociale perturbent les transactions monétaires physiques, qu'un euro numérique permettrait d'offrir aux citoyens de l'UE un accès à une forme d'argent sûre, dans un monde numérique à l'évolution rapide. La publication du rapport établi par un groupe de travail constituant la première étape, va démarrer une seconde phase, faite de consultations publiques et de tests qui débuteront dès le 12 octobre.
Répondre à la forte croissance des paiements sans contact…
L'euro numérique apparaît presque comme une évidence, tant la dématérialisation des transactions est croissante. Au mois de septembre, le nombre de transactions sans contact a par exemple progressé de plus de 65% en France, en comparaison au mois de septembre 2019.
Du point de vue de la BCE, l'euro numérique prendrait une forme électronique de banque centrale - jusque-là pas de surprise - qui permettrait à la fois aux particuliers et aux professionnels d'effectuer leurs achats et opérations financières avec simplicité, rapidement et de manière sécurisée. L'Eurosystème, l'institution qui regroupe la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des États membres ayant adopté l'euro, 19 au total, précise d'emblée que l'UE continuera d'émettre des espèces. L'euro numérique se présentera alors comme un moyen de paiement parallèle « seulement ».
« L'euro appartient aux Européens et notre mission est d'en être le gardien. Les Européens se tournent de plus en plus vers le numérique dans leurs modes de consommation, d'épargne et d'investissement », a déclaré Christine Lagarde, Présidente de la BCE. L'ancienne ministre de l'Économie et ex-directrice générale du FMI estime que le rôle de la BCE « consiste à préserver la confiance dans la monnaie. Cela suppose de veiller à ce que l'euro soit adapté à l'ère numérique. Nous devons nous tenir prêts à émettre un euro numérique si cela s'avère nécessaire ». Une façon d'adouber la monnaie numérique avec un peu d'avance.
… et à la diminution des échanges en espèces
Le groupe de travail de l'Eurosystème indique avoir identifié plusieurs scénarios dans lesquels l'émission d'un euro numérique pourrait s'imposer. D'abord, il évoque le cas où la demande de paiements électroniques serait telle qu'elle rendrait inéluctable l'émergence d'un moyen de paiement numérique sans risque, et ce, à l'échelle européenne.
Ensuite, les experts de la BCE et des banques centrales européennes estiment légitime le lancement d'une monnaie numérique si le recours aux espèces dans la zone venait à fortement diminuer. Même chose dans le cas où des moyens de paiement privés viendraient perturber la stabilité financière et la protection des citoyens de la zone. Enfin, la dernière situation qui pousserait l'Eurosystème à imposer l'euro numérique serait celle dans laquelle une monnaie numérique concurrente serait émise par des banques centrales extérieures à la zone euro. Le président du groupe de travail, Fabio Panetta, estime alors qu'un euro numérique renforcerait la souveraineté financière de l'UE.
Si, pour l'heure, le Conseil des gouverneurs de l'UE n'a pas encore arrêté de date de lancement de l'euro numérique, un calendrier pourrait être défini pour faire émerger la monnaie numérique dans une fourchette assez large de 18 à 48 mois.
Source : Rapport BCE