En investissant dans la jeune pousse française Mistral AI, l'ancien secrétaire d'État chargé du numérique a tiré le gros lot. Attention, tout de même, au conflit d'intérêts…
Fondée en avril 2023 à Paris en plein boom de l'intelligence artificielle (IA) générative, Mistral AI a pour ambition de développer des modèles de langage étendus (LLM) capables de concurrencer ceux des géants américains OpenAI ou Google. Son modèle a du succès. Lors d'un récent tour de table, la start-up s'est hissée au rang de licorne en levant 450 millions d'euros, la valorisant à 2 milliards d'euros. Elle compte des mastodontes parmi ses investisseurs, notamment le fonds de capital risque californien Andreessen Horowitz, Salesforce et NVIDIA.
Des actions qui valent 23 millions d'euros
Cédric O, en fonction au gouvernement durant le premier mandat d'Emmanuel Macron jusqu'en 2022, fait partie des sept souscripteurs ayant répondu à l'appel des cofondateurs de la firme lors de sa création. L'ancien secrétaire d'État a participé à l'opération via son entreprise de conseil Nopeunteo, afin de fournir les fonds nécessaires à Mistral AI pour son développement.
Comme l'indique Capital.fr, il « a souscrit comme les autres investisseurs minoritaires 17 610 actions (0,01cts d’euros/action) de Mistral AI pour la modique somme de 176,10 euros ». La levée de fonds a fait exploser la valeur de ces actions, désormais estimées à 23 millions d'euros. S'il reste un actionnaire actif de Mistral AI, Cédric O a confirmé auprès du média avoir vendu une partie de sa participation.
Possibles conflits d'intérêts
La position de l'ancien membre du gouvernement pose question, lui qui est membre du Comité de l’intelligence artificielle générative, un organisme fondé sous l’impulsion d'Élisabeth Borne dans le but de « développer une filière de rang mondial ». Par ailleurs, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) a alerté Cédric O, lors d'une délibération portant sur l’un de ses projets de reconversion professionnelle, contre tout conflit d’intérêts. Elle l'a d'ailleurs exhorté de la saisir en cas de « participation dans une entreprise appartenant au secteur du numérique », rapporte Capital.fr. Une initiative qui ne semble pas avoir été prise concernant son financement de Mistral AI.
Cette situation est d'autant plus houleuse que la levée de fonds de la start-up s'est produite au moment où les instances européennes s'entendaient sur le texte final de la législation sur l'intelligence artificielle.
Pour rappel, Emmanuel Macron s'est montré critique envers la réglementation et ses mesures visant à encadrer les LLM. Il estime en effet qu'elles pourraient entraver l'innovation des champions européens, Mistral AI en tête.
Source : Capital.fr
