La Chine en pleine expansion côté IA ?  © shutterstock
La Chine en pleine expansion côté IA ? © shutterstock

L'intelligence artificielle est inévitablement un des enjeux majeurs de la société du futur, et ses nombreux emplois potentiels s'apprêtent à s'étendre à des utilisations stratégiques pour des nations entières. Et si l'on en croit une enquête, la Chine serait en train de créer un système permettant de démasquer les espions américains en couplant IA et outil de reconnaissance faciale.

Le début des années 2020 fut marqué par deux événements majeurs ayant bouleversé nations et sociétés à travers le monde : la pandémie et l'intelligence artificielle. Si cette dernière semble encore dans ses balbutiements, ses progrès au fil des mois ont de quoi donner le tournis, et ses applications originellement confidentielles, voire limitées, s'apprêtent à prendre une tournure beaucoup plus globale, jusqu'à potentiellement s'intégrer en tant qu'outil majeur dans l'appréhension des services secrets de chaque pays.

Une enquête du New York Times, publiée en fin d'année 2023, dévoile que la Chine serait sur le point de lancer un outil mêlant à la fois reconnaissance faciale et intelligence artificielle afin de repérer et traquer les espions américains (qui utilisent aussi la reconnaissance faciale, de manière très décriée), alors même que les deux pays se livrent une guerre économique depuis quelques années.

Le feu vert de Pékin sur l'IA

Ce n'est pas la première fois que la Chine est épinglée pour son espionnage quelque peu agressif : en octobre dernier, l'alliance des « Five Eyes » (constituée du Canada, des USA, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande) s'est accordée sur une hausse significative de l'espionnage industriel par la Chine, suite à la législation adoptée par le Parti communiste chinois dont le but est de forcer toute personne d'origine chinoise n'importe où dans le monde d'aider les services de renseignement.

Cette nouvelle enquête, publiée dans le New York Times le 27 décembre dernier, ne fait que confirmer les soupçons d'agressivité grandissante du gouvernement chinois quant à l'espionnage industriel, mais aussi politique. De nombreux agents ont ainsi été interviewés conjointement dans cette enquête, et s'accordent sur un point : la Chine bénéficierait à l'heure actuelle de centaines de millions de dossiers sur des particuliers et des fonctionnaires, suite à un vol massif d'informations depuis plus d'une dizaine d'années. Si les humains ne peuvent probablement pas tirer un quelconque usage de ces informations, il n'en va pas de même pour l'IA : elle serait ainsi capable de repérer les données intéressantes pour ensuite les isoler et les rendre effectives dans des mains humaines. Parmi les données piratées, on parle ainsi d'empreintes digitales, des informations financières, des dossiers de santé, etc.

Ces informations cruciales pourraient ensuite être employées afin de suivre divers espions américains infiltrés sur place, en Chine, tout en suivant leurs interactions futures. On le sait depuis février dernier : l'immense pays asiatique voue un intérêt particulier à la technologie. Elle permettrait par ailleurs de combler l'un des gros griefs de la Chine lors de la pandémie de la COVID-19 : à l'époque, divers acteurs majeurs de la technologie chinoise ont pu regretter que les services de surveillance de l'ambassade de Pékin (caméras de sécurité, etc.) n'aient pu réellement tirer parti de leurs outils pour repérer diplomates étrangers, officiers militaires et espions. Cette nouvelle association entre reconnaissance faciale et IA bourrée d'informations en tous genres pourrait donc complètement changer la donne pour le M.S.S (Ministry of State Security).

L'intelligence artificielle au service des renseignements ?  © bump23 / Shutterstock
L'intelligence artificielle au service des renseignements ? © bump23 / Shutterstock

Côté américain, la CIA à la traîne ?

Si le M.S.S chinois compte donc plonger la tête la première dans une utilisation intensive de l'intelligence artificielle pour ses services de renseignement, il n'en est pas de même pour les homologues américains. Si l'on en croit une enquête publiée par le Wall Street Journal le 25 décembre dernier, la CIA serait beaucoup moins au fait des avancées technologiques permises par l'IA. Par ailleurs, l'ensemble du réseau d'agents préalablement posté en Chine aurait été perdu par l'agence américaine il y a maintenant une dizaine d'années, ce malgré un refus de reconnaître ce fait officiellement.

Un ancien responsable des services de renseignement américains établit alors un constat sombre : « Nous n'avons aucune idée des intentions des dirigeants chinois ». Et cela, malgré une augmentation effective de l'investissement budgétaire de la CIA quant à la surveillance de la Chine : les dépenses liées ont ainsi pu doubler depuis le début de la présidence démocrate de Joe Biden.

Il faut aussi souligner un véritable changement dans l'appréhension des services de renseignement : si la CIA et la Chine se battaient par le passé pour des informations à propos des entreprises spécialisées dans la défense et l'armement, voilà qu'elles s'affrontent désormais pour collecter des données liées à l'intelligence artificielle et à l'avancée de chaque pays dans ce secteur, visiblement de plus en plus crucial pour la sécurité intérieure.