Grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle, il se pourrait que l'unicité des empreintes digitales ne soit pas totalement vraie. La réalité pourrait être un peu plus complexe.
C'est une récente étude de l'Université de Colombia au Canada qui a remis en question cette croyance solidement ancrée dans le domaine de la science forensique. Ce dernier regroupe l'ensemble des méthodes d'analyses servant au travail d'investigation, qu'appliquent notamment la police scientifique dans ses enquêtes. Non, nos empreintes digitales ne seraient pas uniques ! Une équipe de chercheurs a réussi à analyser 60 000 empreintes à l'aide d'un outil fonctionnant grâce à l'intelligence artificielle. Résultat : certaines d'entre elles comportaient des correspondances plutôt surprenantes. Encore un domaine que l'IA pourrait bouleverser ?
L'IA et les empreintes digitales : une nouvelle vision
C'est sous la supervision du Professeur Hod Lipson, roboticien à Columbia que l'étude s'est déroulée. Leur outil a démontré une précision de 75 à 90 % pour associer des empreintes de différents doigts à un même individu. Un taux de réussite assez élevé, qui laisserait suggérer que chaque empreinte n'est pas réellement unique.
Contrairement aux méthodes classiques, l'IA se focalise sur l'orientation des crêtes au centre des doigts. « Il est évident qu'elle n'utilise pas les marqueurs traditionnels employés depuis des décennies en criminalistique » souligne le professeur Lipson. En revanche, il avoue : « nous ne sommes pas tout à fait sûrs de la manière dont l'IA y parvient ». Une découverte surprenante, qui a mené Lipson et son équipe à vérifier à plusieurs reprises si les résultats disaient vrai.
D'autres experts semblent un peu moins surpris de la nouvelle. C'est le cas de Graham Williams, professeur de science forensique à l'Université de Hull. En effet, selon lui, il n'y a jamais eu de preuve absolue que les empreintes digitales étaient propres à chaque individu. « Nous ne savons pas réellement si les empreintes sont uniques (…) Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'à notre connaissance, aucune empreinte identique n'a été observée chez deux personnes différentes ». Toute la nuance est là.
Implications et limites de cette découverte
Les retombées de cette découverte pourraient fortement influencer les sciences forensiques ou la biométrie. Un jour arrivera peut-être où l'IA sera capable de nouer un lien entre des empreintes non identifiées sur différentes scènes de crime. Ce serait une petite révolution pour les champ des enquêtes criminelles !
Toutefois, l'équipe de Columbia manque d'expérience en forensique. Selon leur point de vue, il faudrait des recherches plus approfondies afin de confirmer leur découverte. Dans l'idéal, il faudrait entraîner un outil d'IA sur une base de données plus vaste. Gabe Guo, un étudiant de premier cycle, précise : « notre outil n'est pas suffisamment fiable pour être utilisé comme preuve dans des affaires judiciaires, mais il est utile pour générer des pistes dans des enquêtes forensiques ».
D'autres chercheurs, comme le Dr Sarah Fieldhouse (professeure de science forensique), de l'Université de Staffordshire, restent plus mesurés quant à cette découverte. Elle estime que, dans l'immédiat, cette étude n'aura pas de réel impact judiciaire pour l'instant. Celle-ci sera dans tous les cas publiée dans la revue Science Advances le 13 janvier et ouvrira tout de même de nouvelles perspectives sur l'analyse des empreintes digitales.
Source : BBC