Sur les réseaux sociaux, une coopérative du nom d'Emrys fait parler d'elle en promettant à ses membres de leur « redonner du pouvoir d'achat ». Entre opportunité financière et arnaque, Emrys crée la controverse et suscite la curiosité.
Emrys est une coopérative dite « sociale et solidaire » créée en 2014, de type cashback, qui prétend augmenter le pouvoir d'achat de ses membres grâce à un programme de fidélité en ligne. Le système repose sur l'achat et l'utilisation de cartes cadeaux dans diverses enseignes (Décathlon, Auchan, Sport 2000, Netflix et même le VPN CyberGhost), qui rapportent des crédits ensuite convertibles en argent. Mais son fonctionnement complexe et son modèle de marketing de réseau très énergivore (au sens humain du terme) suscitent des interrogations sur la légitimité de ses promesses.
Emrys, un réseau et un cashback qui font mouche
Sur Facebook, TikTok, et Instagram, la carte Emrys est promue comme une solution pour augmenter le pouvoir d'achat, à laquelle nos confrères du Figaro ont décidé de s'intéresser. La coopérative propose un programme de fidélité en ligne, qui nécessite l'invitation d'un parrain, pour y accéder. Les membres accumulent des crédits en achetant des cartes cadeaux dans diverses enseignes, qui permettent ensuite de récupérer de l'argent.
Pour le dire autrement, le cashback se présente sous la forme d'un pourcentage du montant de la commande (alors une remise) ou d'un montant fixe (en euros). À chaque achat, le membre cumule des euros remboursés dans son compte crédit d'achat Emrys. Il fonctionne d'ailleurs par niveau.
Le Figaro nous donne un exemple : « Pour l’achat d’une carte-cadeau Auchan d’une valeur de 100 euros, l’utilisateur reçoit deux points. Au bout de six points, vous obtenez une part, et au bout de 10 parts vous recevez votre première récompense : 9 euros. Vous augmentez alors d’un niveau, qui va vous permettre d’évoluer vers de nouvelles récompenses : 15 euros, 24 euros, 45 euros et ainsi de suite ».
Des « enchanteurs » et des « enchantés », mais où sommes-nous ?
Les utilisateurs ne sont pas seuls dans cette aventure. Grâce à leurs parrains et aux autres membres, les crédits s'accumulent collectivement. Certains sont simples acheteurs, tandis que d'autres, les « enchanteurs » et « enchantés » (qui doivent souscrire à une offre de 40 euros par an pour toucher des commissions), développent leur réseau en souscrivant à des offres spécifiques. Le fondateur, Wilfried Rivière, reconnaît d'ailleurs une certaine complexité du système.
Alain, 40 ans, pilote une équipe active chez Emrys. Depuis septembre 2020, il affirme avoir cumulé plus de 7 500 euros de crédits d'achat. Il réalise désormais la majorité de ses dépenses (1 800 euros, soit environ 95 %) via la coopérative et envisage même d'en faire son principal revenu. Alimentation, vêtements, jouets, loisirs, meubles, il y achète tout.
Un marketing relationnel très bien ficelé
Le système de recrutement s'appuie sur le marketing de réseau, qui repose sur le contact direct. Wilfried Rivière l'encourage pour augmenter les taux de parrainage et économiser des frais de publicité. La technique pollue néanmoins les réseaux sociaux et génère des critiques. Des associations comme 60 millions de consommateurs et UFC-Que Choisir, s'inquiètent d'ailleurs d'un possible système pyramidal, bien que légal en France. Ce dernier peut générer du surendettement ainsi qu'une emprise mentale sur ses membres.
La coopérative se vante de compter 70 000 membres actifs. Elle indique les rémunérer grâce à des négociations avec les enseignes au moment d'acheter des cartes cadeaux. Ainsi, Le Figaro nous explique qu'une carte cadeau Carrefour de 100 euros ne coûte que 94 euros à Emrys. Les remises obtenues sont reversées à 80 % des membres, avec des bonus pour les parrainages (40 % des membres). Les 20 % restants servent au bon fonctionnement d'Emrys.
Emrys ne se limite pas aux cartes cadeaux, puisque la plateforme lance des initiatives telles qu'une carte bancaire Mastercard et des offres avantageuses. Les activités de la coopérative ont malgré tout attiré l'attention des autorités, qui ont enquêté sur elle, évoquant une dette fiscale et sociale de 1,4 million d'euros en 2022, justifiée par un changement de fiscalité en 2018.
Emrys offre une opportunité partielle de redonner du pouvoir d'achat à ses membres, mais la complexité du système, les controverses et les enquêtes en cours soulèvent des questions. L'engagement intense nécessaire pour tirer profit du système doit être pris en considération pour éviter des déceptions financières.
Source : Le Figaro