En août, Temu était l'application gratuite la plus téléchargée en France sur iOS. Le site chinois propose des prix cassés, un service fiable et une stratégie ultra-agressive qui est observée de près.
Le gouvernement a lancé une série de contrôles pour vérifier que tout est en règle, et agir si nécessaire.
Concurrencer Amazon, SHEIN, AliExpress et Wish
Vous n'en avez peut-être pas encore entendu parler, mais depuis plusieurs semaines, l'application de commerce en ligne Temu connaît un succès sans précédent dans l'Hexagone. Offres constantes, prix extrêmement bas et bons de réduction sont légion sur la plateforme, qui propose des chaussures à moins de 2 euros, des moules en silicone à -75 %, et tout ce que l'on pourrait trouver chez la concurrence représentée par Wish, AliExpress et SHEIN (qui a d'ailleurs connu quelques troubles en début d'année).
Interrogé par Le Figaro, l'analyste Jacques Penhirin explique que Temu se tourne du côté de structures trop petites pour la concurrence, auprès desquelles le site commande de grosses quantités. Temu, qui appartient au groupe concurrent d'Alibaba, Pinduoduo, ne serait pas encore rentable, mais les investissements sont en cours, et les réserves, importantes. Autrement dit, Temu arrive de façon très agressive sur le marché et a les reins assez solides pour assumer cette période de lancement.
Tout ceci inquiète certaines associations, qui estiment que ce modèle va à l'encontre de toutes les mesures de sobriété écologique. Du côté du gouvernement français, des contrôles ont été mis en place par le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme. Le ministère inscrit cela dans une enquête plus large sur les méthodes des sites du genre, dont les résultats sont attendus à l'automne. Pour rappel, en 2022, Wish avait été déréférencé en France. Le groupe avait également dû payer une amende.
Le marketing de l'urgence
Temu propose certes des prix cassés, des bons d'achat et des codes promo, mais tous ou presque sont limités dans le temps et associés à des stocks annoncés comme limités. Aux côtés des promotions de saison, on trouve des offres à durée limitée et des ventes flash, qui n'ont qu'un seul but : pousser à l'achat, et en quantité si possible. À la moindre commande, les acheteurs reçoivent des SMS par dizaines les informant que des bons de réduction sont disponibles, que certains articles repérés par l'algorithme sont en promotion.
Tout est chronométré pour inciter le public à profiter de ces promotions avant qu'il ne soit trop tard. L'idée est qu'après avoir obtenu plusieurs articles pour quelques euros, les clients poursuivent la navigation en ajoutant d'autres produits à leur panier. Le site joue sur l'urgence, une stratégie marketing bien connue nommée FOMO, ou « fear of missing out », qui se traduit par la peur de manquer quelque chose. Reste à savoir si l'utilisation des données et l'agressivité commerciale ne masquent pas des pratiques trompeuses ou des produits ne répondant pas aux normes de sécurité en vigueur.
Source : Ouest France