La Commission européenne met la pression aux géants du e-commerce à bas prix. Temu et Shein doivent fournir des informations sur leur conformité au Digital Services Act avant le 12 juillet. En ligne de mire : la protection des consommateurs, la transparence des algorithmes et la lutte contre les produits dangereux.
Le bras de fer entre l'Union européenne et les mastodontes chinois du commerce en ligne s'intensifie. La Commission européenne vient de lancer un ultimatum à Temu et Shein : ils ont jusqu'au 12 juillet 2024 pour prouver qu'ils respectent les règles du Digital Services Act (DSA). Ce règlement, entré en vigueur en février dernier, vise à assainir l'environnement numérique européen.
Pour ces deux acteurs, l'enjeu est de taille. Avec plus de 45 millions d'utilisateurs mensuels dans l'UE chacun, ils sont désormais classés comme « très grandes plateformes en ligne ». Ce statut les soumet aux obligations les plus strictes du DSA. Mais Temu et Shein sont-ils prêts à jouer le jeu ? La réponse dans moins d'un mois.
Ce que la Commission européenne attend de Temu et Shein
La Commission européenne ne fait pas dans la dentelle. Elle a envoyé aux deux géants du e-commerce une demande formelle d'informations, un document qui ne laisse aucune place à l'approximation. Temu et Shein doivent jouer cartes sur table et expliquer comment ils comptent se conformer aux exigences du DSA.
Premier point chaud : le fameux « mécanisme de notification et d'action ». En clair, les plateformes doivent permettre aux utilisateurs de signaler facilement les produits illégaux ou dangereux. Fini le temps où les contrefaçons et les articles non conformes pouvaient proliférer sans contrôle.
Deuxième sujet brûlant : les interfaces en ligne. L'UE veut en finir avec les « dark patterns », ces astuces de design qui manipulent les utilisateurs et les poussent à la surconsommation. Temu et Shein vont devoir prouver que leurs sites et applications jouent franc-jeu.
La protection des mineurs est également sur la sellette. Les deux plateformes devront démontrer qu'elles ont mis en place des garde-fous solides pour protéger les plus jeunes des contenus inappropriés et des achats impulsifs. Autre point crucial : la transparence des systèmes de recommandation. Les algorithmes qui suggèrent des produits aux utilisateurs ne doivent plus être des boîtes noires. Temu et Shein devront lever le voile sur leur fonctionnement.
Enfin, la Commission exige des explications sur la traçabilité des commerçants. Il s'agit de s'assurer que les vendeurs présents sur ces plateformes sont bien identifiés et qu'ils respectent les normes européennes.
Ce grand déballage d'informations n'est pas une simple formalité. Si les réponses de Temu et Shein ne convainquent pas Bruxelles, la Commission pourrait bien ouvrir une procédure formelle. Et les sanctions potentielles ont de quoi faire trembler : jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial annuel en cas d'infraction grave.
Les démêlés passés de Temu et Shein avec la justice et la Commission européenne
Temu a connu une croissance explosive depuis son lancement à l'automne 2022. Mais ce succès a un revers. En mai 2024, l'UFC-Que Choisir a porté plainte contre la plateforme, l'accusant de ne pas respecter le DSA. L'association pointe du doigt le manque de transparence sur les vendeurs et l'utilisation de techniques de manipulation pour pousser à la consommation.
Plus grave encore, le procureur général de l'Arkansas a récemment qualifié Temu de « malware dangereux ». Selon lui, l'application aurait accès à toutes les données des utilisateurs et pourrait même les revendre à des tiers. Temu réfute catégoriquement ces accusations, promettant de se défendre vigoureusement.
Shein n'est pas en reste. Le géant de la fast-fashion a lui aussi eu son lot de problèmes. En novembre 2023, une étude de Proofpoint a révélé que 58 % des 50 principaux sites de e-commerce français manquent de protection DMARC contre les attaques par e-mail. Shein en fait partie.
Mais la plateforme ne se contente pas de mettre en danger ses utilisateurs. Elle agace aussi les politiques et les autres géants du e-commerce. Une députée française propose une taxe allant jusqu'à 10 euros sur chaque vêtement de fast-fashion acheté sur Shein, visant à réduire l'impact environnemental de cette industrie. Parallèlement, Amazon prépare une riposte en créant un espace discount pour concurrencer ces plateformes chinoises.
Face à ces défis, l'Union européenne a décidé de passer à la vitesse supérieure. En plaçant Temu et Shein sous la surveillance du DSA, Bruxelles espère mettre fin aux dérives et mieux protéger les consommateurs européens. Les deux géants du e-commerce vont devoir revoir en profondeur leurs pratiques s'ils veulent continuer à opérer sur le marché européen.
La balle est maintenant dans leur camp. D'ici le 12 juillet, Temu et Shein devront prouver qu'ils peuvent concilier bas prix et respect des règles européennes. Un défi de taille.
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Sources : TechCrunch, Commission européenne