Entre succès fulgurant et controverses, Temu marche sur des œufs. L'application d'achat chinoise qui cartonne dans le monde entier est accusée d'être un malware dangereux par le procureur général de l'Arkansas et fait l'objet d'un procès.
Temu, c'est l'application qui fait trembler Amazon. Lancée à l'automne 2022, elle a conquis le cœur des consommateurs avec ses prix imbattables et sa livraison gratuite. En mai 2024, elle comptait plus de 52 millions de téléchargements mensuels dans le monde. Un succès qui ne plaît pas à tout le monde.
Alors que la Commission européenne vient de la placer sous surveillance au nom du Digital Services Act, voilà que Temu est accusée d'être un malware par la justice américaine. L'application serait-elle trop belle pour être honnête ? Entre allégations d'espionnage et craintes pour la vie privée des utilisateurs, l'affaire fait grand bruit. Mais Temu nie en bloc et compte bien se défendre.
Le procureur général de l'Arkansas accuse Temu d'espionner ses utilisateurs
C'est une bombe que vient de lâcher Tim Griffin, le procureur général de l'Arkansas. Dans une plainte déposée le mardi 25 juin 2024, il accuse Temu d'être ni plus ni moins qu'un « malware dangereux ». Selon lui, l'application chinoise serait en réalité un cheval de Troie conçu pour espionner les utilisateurs à leur insu.
Le procureur s'appuie sur des recherches et des rapports médiatiques pour étayer ses accusations. D'après lui, Temu aurait accès à tout ce qui se trouve sur le téléphone de l'utilisateur : appareil photo, localisation, contacts, SMS, documents et autres applications. Pire encore, l'application serait capable de se recompiler et de modifier ses propriétés pour contourner les paramètres de confidentialité.
Mais ce n'est pas tout. Griffin affirme que Temu monétiserait ces données volées en les vendant à des tiers. Un véritable business de l'espionnage, en somme. Et la cerise sur le gâteau ? Les propriétaires chinois de Temu, PDD Holdings, pourraient être légalement obligés de partager ces données avec le gouvernement chinois.
Les utilisateurs de Temu risquent gros, selon le procureur. Non seulement leurs données personnelles seraient en danger, mais ils s'exposeraient aussi à des risques de sécurité extrêmes. Et le pire, c'est que même les non-utilisateurs ne seraient pas à l'abri. Envoyer un simple SMS à quelqu'un qui a Temu sur son téléphone suffirait à exposer ses données privées.
De son côté, Temu fait profil bas. L'entreprise se dit « surprise » par le procès et compte se « défendre vigoureusement ». Elle dément catégoriquement les allégations, les qualifiant d'infondées et basées sur des informations erronées. Affaire à suivre.
Temu, un succès fulgurant entaché de controverses
Ce n'est pas la première fois que Temu se retrouve dans la tourmente. Depuis son lancement, l'application accumule les controverses, malgré un succès commercial indéniable.
Tout a commencé en beauté. En mai 2024, Temu était téléchargée plus de 52 millions de fois dans le monde, dépassant même l'application Marketplace d'Amazon. Un véritable tour de force pour cette plateforme lancée seulement à l'automne 2022. Son secret ? Des prix cassés et une livraison gratuite qui ont séduit les consommateurs, en particulier les jeunes Américains et Mexicains.
Mais rapidement, les nuages se sont amoncelés au-dessus de Temu. En février 2024, une étude de la Fédération européenne des industries du jouet a jeté un pavé dans la mare. Sur 19 jouets achetés sur la plateforme, 18 présentaient des risques graves pour les enfants. Un coup dur pour l'image de marque de Temu.
Dans la foulée, la Commission européenne a placé Temu sous surveillance au titre du Digital Services Act. L'objectif ? Obliger la plateforme à mieux lutter contre les produits contrefaits, dangereux ou illégaux. Un vrai défi pour Temu, qui devra rendre des comptes d'ici fin septembre 2024.
Mais ce n'est pas tout. L'UFC-Que Choisir a porté plainte contre Temu en mai 2024, l'accusant de ne pas respecter le DSA. L'association reproche à la plateforme son manque de transparence sur les vendeurs et l'utilisation de techniques de manipulation pour pousser à la consommation.
Ces controverses font écho aux problèmes rencontrés par Pinduoduo, l'application sœur de Temu en Chine. En 2023, Pinduoduo avait été suspendue de Google Play pour des soupçons de malware. Des experts avaient alors pointé du doigt des risques de sécurité et de confidentialité « portés à un niveau supérieur ».
Malgré tout, Temu continue sa croissance fulgurante. Au cours des cinq premiers mois de 2023, la plateforme a généré plus de 1,5 milliard de dollars de volume brut de marchandises. En avril 2023, elle franchissait même le cap des 100 millions d'utilisateurs actifs aux États-Unis. Un succès qui donne le vertige et qui incite peut-être ses utilisateurs à effectuer leurs achats en connaissance de cause. Vous pouvez également piocher dans l'une des 20 applications de notre top des sites de e-commerce les plus visités.
Sources : Ars Technica, Statista