La plateforme chinoise d'achats en ligne pourrait avoir des ennuis en France, puisque l'UFC-Que Choisir annonce jeudi avoir porté plainte contre elle. L'association lui reproche de ne pas respecter le DSA, le nouveau règlement européen.
L'UFC-Que Choisir part en croisade contre Temu. L'association de consommateurs explique, jeudi 16 mai 2024, avoir porté plainte contre le site de ventes en ligne, qui selon elle « ne garantit pas à ses utilisateurs un environnement en ligne sûr, prévisible et digne de confiance ». Temu se défend et dit faire des efforts, rappelant qu'il est « un nouveau venu en Europe ». L'entreprise chinoise ne respecterait pas les dispositions du tout récent Digital Services Act (DSA), le nouvel outil réglementaire européen censé encadrer les activités des grandes plateformes.
Pour l'UFC-Que Choisir, Temu ne donne pas assez d'informations sur ceux qui vendent des produits sur son site
En portant plainte auprès de l'ARCOM contre Temu, l'UFC-Que Choisir veut que la plateforme respecte ses obligations légales et gagne en transparence. Elle n'est d'ailleurs pas la seule association de consommateurs à s'attaquer au site chinois. L'organisation le fait avec l'appui de seize autres associations européennes membres du Bureau européen des Unions de consommateurs (BEUC).
Selon l'UFC-Que Choisir, Temu, qui expédie la plupart de ses produits depuis des usines ou entrepôts de chinois à des prix défiant toute concurrence, présente plusieurs incompatibilités avec le DSA. Rappelons, de manière générale, que ce texte européen, officiellement en vigueur depuis le 17 février 2024, s'applique à toutes les plateformes en ligne. Il vise à protéger les consommateurs contre la désinformation, la contrefaçon, la manipulation ou la haine. Le géant Temu est, au même titre que son concurrent Shein, qu'Amazon ou AliExpress, concerné par le DSA. Il en a d'ailleurs dédié une page, sur son site internet.
L'UFC-Que Choisir reproche par exemple à Temu de ne pas être suffisamment transparent en matière de traçabilité des professionnels qui vendent des produits sur le site. L'association y voit ici « une infraction majeure », car les consommateurs ne savent pas à qui ils achètent véritablement un produit ni qui ils doivent contacter en cas de problème. Les reproches ne s'arrêtent pas là.
Les pratiques de « dark patterns » de Temu dans le viseur de l'association
Selon l'association, Temu n'expliquerait pas suffisamment le fonctionnement de ses systèmes de recommandation de produits. Même chose pour la valeur des critères de sélection utilisés pour l'affichage des produits individuels. L'entreprise ne garantirait pas non plus une sécurité suffisamment importante pour les mineurs, en n'imposant aucune barrière à l'entrée du site pour ces derniers.
Enfin, l'organisation utiliserait ce que l'on appelle des « dark patterns », des techniques de manipulation qui prennent la forme de faux compteurs de temps par exemple, ou de faux stock limité annoncé, ce qui crée un sentiment d'urgence et pousse à la consommation.
En tout cas, c'est la première fois que l'UFC-Que Choisir dépose plainte auprès de l'ARCOM au titre du DSA.
Temu privilégie la diplomatie
Dans un communiqué transmis à Clubic, Temu dit travailler « en étroite collaboration avec nos vendeurs tiers, les autorités de régulation, les associations de consommateurs et les autres parties prenantes ». L'entreprise explique notamment avoir, tout juste la semaine dernière, signé une ordonnance de cessation et de désistement avec le VZBV allemand, l'association locale des consommateurs, dont certains reproches sont liés à la plainte de l'UFC-Que Choisir et du BEUC.
La firme dit accorder « une grande importance » à cette action. « Nous avons à cœur de préserver les intérêts des consommateurs et nous nous efforçons de leur fournir un service sûr et fiable, qui leur apporte une valeur ajoutée significative. Nous nous engageons à faire preuve de transparence et à respecter l'ensemble des lois et réglementations applicables », conclut-elle.
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Source : UFC-Que Choisir