Alors que les marchés financiers et le monde des start-up se préparent à une conjoncture plutôt compliquée, le géant de la fast-fashion s'apprêterait à faire son entrée sur le NASDAQ.
Il est de coutume de pointer du doigt les nombreux abus des grandes plateformes de commerce électronique, car leurs modèles économiques sont basés sur un rendement poussé à l'extrême. SHEIN est ce qu'on appelle un « champion » dans ce domaine, et c'est ce qui pourrait lui faire défaut alors qu'il cherche à consolider sa présence en Occident.
Redorer son image
L'entreprise chinoise a su implanter sa marque dans le monde entier. S'il est difficile de contester ses prix et la diversité de son catalogue, il est en revanche plus évident de critiquer ses méthodes. En effet, entre les conditions de travail dans ses usines (et celles de ses affiliés et fournisseurs), l'impact environnemental de son modèle, et les différents faits de plagiat de produits d'autres grandes marques, SHEIN est très loin d'être une entreprise vertueuse. Cela ne l'empêcherait pas de mener prochainement cette potentielle levée de fonds de 1,5 à 3 milliards à Wall Street.
Depuis quelque temps, la firme mène une vaste campagne pour redorer son image, en travaillant sur son impact écologique, mais aussi en augmentant les salaires de ses employés. De plus, alors que les entreprises technologiques chinoises sont fragilisées par les sanctions américaines, et que le gouvernement de Xi Jinping renforce sa réglementation sur les cotations boursières à l'étranger, SHEIN vient de faire de son bureau de Singapour sa holding par défaut.
Un contexte défavorable et une réputation encore fragile
Mais tout cela semble insuffisant pour les investisseurs, qui expriment leurs doutes sur la valorisation de la plateforme de commerce électronique, qui a vu sa valorisation chuter de 100 à 64 milliards de dollars en moins d'un an. Plus encore, la conformité comptable de l'entreprise est remise en question, sans compter qu'elle commence à bénéficier d'une solide réputation en matière de facturation douteuse et d'évasion fiscale.
Le contexte économique ne semble pas favorable à certaines des grandes enseignes chinoises de l'e-commerce. Toujours à Wall Street, le grand rival d'Alibaba, Pinduoduo, a vu sa valeur plonger de près de 100 milliards de dollars, contre 240 milliards début 2021. Dans la même veine, l'opérateur de la plateforme Shopee, plus axée sur l'Asie du Sud-Est, a perdu plus de 80 % de sa capitalisation boursière en un an et demi, ce qui l'a conduit à supprimer 7 000 emplois.
Ainsi, si la dépréciation de la valeur de SHEIN reste à relativiser, la frivolité des investisseurs semble bien fondée. D'autant que la crainte d'une récession, la situation sanitaire en Chine et la volonté relative de recentrer les industries dans d'autres pays, modifient progressivement la relation que les marchés financiers entretiennent avec le pays du Soleil levant. En bref, il semble que ce soit surtout une question de mauvais timing.
Source : TechCrunch