Contrairement aux apparences, nous vous confirmons que cet article est bien rédigé en 2024.
Si le Japon a, probablement à raison, une image de pays très avancé technologiquement grâce à son industrie du jeu vidéo, ses robots, ou encore ses lavabos du futur qui lavent aussi les smartphones, une annonce du ministère de l’Économie du pays est venue souligner qu'il fallait cependant y apporter quelques réserves. Car désormais, et depuis le 22 janvier de cette année seulement, les institutions du pays ne seront plus tenues de stocker leurs données sur des supports matériels, dont les disquettes représentent toujours une part importante dans le pays.
Un système un poil dépassé
Il était temps de passer à autre chose : les premières disquettes, ou disques souples, ont été commercialisés il y a plus de 50 ans, en 1971 et, si elles ont depuis connu des améliorations, il y a bien longtemps que plus personne ne se consacre à leur développement. Au point que Sony, le dernier fabricant qui en produisait encore, a arrêté de le faire en 2011.
Il est assez simple de comprendre pourquoi : les plus performantes de ces disquettes ne peuvent pas dépasser un stockage de plus de 1,44 MB, et même leur successeur direct, le CD-ROM, est lui aussi démodé depuis des années. Au-delà de leur aspect vieillot et surtout de leur utilité de plus en plus difficile à défendre, les appareils capables de les lire, eux aussi, ne sont plus vraiment commercialisés. Même si Windows 10, devant l'insistance de quelques utilisateurs, avait consenti à les supporter.
Cela n'a pas empêché la plupart des administrations publiques japonaises de continuer à en utiliser jusqu'à présent, pas uniquement par habitude, mais aussi parce que la loi l'imposait. Jusqu'à ce 22 janvier, donc, il était obligatoire d'utiliser disquettes ou CD-ROM dans de nombreux domaines.
La « guerre contre les disquettes »
On imagine sans peine que les archives de certains bâtiments publics japonais doivent aujourd'hui être remplies de centaines de milliers de disquettes et de CD-ROM, et que cette situation n'est probablement pas la plus efficace pour les opérations de tous les jours. Au point que, en aout 2022, le ministre de la transformation digitale du pays, Taro Kono, a tout simplement déclaré la « guerre aux disquettes ». Car avant la réforme récente, près de 2 000 procédures gouvernementales nécessitaient l'utilisation de supports matériels, parmi lesquelles l'énergie ou les régulations quant à la fabrication d'armes.
Aussi surprenant que cela paraisse, la nouvelle n'a pas été accueillie positivement par tout le monde, et certains fonctionnaires du pays, notamment au ministère de la Justice, rechignent à effectuer la transition vers le cloud. Et pour l'instant, ils n'y sont pas contraints : tout juste ont-ils le choix d'abandonner les disquettes.
Si le cas du Japon est particulièrement marquant, il ne sont pas les seuls à tarder pour abandonner cette technologie. Ainsi, jusqu'en 2019, l'armée de l'air américaine utilisait également des disques souples dans ses systèmes de guidage de missiles.
Source : Ars Technica