Le 747-8, qui a remplacé le 747-400 © Boeing
Le 747-8, qui a remplacé le 747-400 © Boeing

C'est une pratique insolite tant elle semble avoir des décennies de retard, mais qui existe bel et bien. Au cours d'une conférence virtuelle de la DEF CON, la société spécialisée dans la cybersécurité Pen Test Partners a diffusé une vidéo dans laquelle on aperçoit un lecteur de disquettes 3,5" à bord d'un Boeing 747.

Celui-ci servirait à charger dans l'appareil d'importantes bases de données de navigation. Une histoire qui en rappelle une autre.

10 minutes à bord d'un 747-400

La vidéo diffusée a été enregistrée à bord d'un Boeing 747-400, un appareil présenté pour la première fois en 1988 et qui n'est plus aujourd'hui en production. Les chercheurs de Pen Test Partners ont pu accéder à un appareil de la compagnie British Airways, celle-ci ayant décidé le mois dernier de retirer l'ensemble de sa flotte de la circulation face à l'épidémie de Covid-19.

Au cours de la visite de l'avion, qui dure une dizaine de minutes, on aperçoit un lecteur de disquettes de 3,5" servant à mettre à jour les données de navigation de l'appareil. La vidéo précise que ces mises à jour doivent être effectuées par ce biais tous les 28 jours. Cela signifie qu'un opérateur doit visiter chaque appareil un à un pour effectuer les mises à jour, sans quoi l'avion ne pourrait pas voler.

D'après The Verge, cette méthode de mise à jour serait également utilisée sur la plupart des Boeing 737. Le site affirme ainsi que « certaines compagnies aériennes ont abandonné l'utilisation de disquettes, mais d'autres sont encore détenues par des ingénieurs qui se déplacent chaque mois pour s'asseoir et charger huit disquettes avec les mises à jour des aéroports, des trajectoires de vol, des pistes, etc. »

La disquette comme gage de sécurité ?

La présence d'un lecteur de disquettes dans un avion de ligne rappelle que jusqu'à récemment, l'armée américaine utilisait des disquettes de 8" pour coordonner ses frappes nucléaires. En effet, pour les autorités américaines, ce qui est ancien est parfois plus sûr. Le lieutenant-colonel Jason Rossi rappelait ainsi : « Vous ne pouvez pas pirater quelque chose qui n'a pas d'adresse. »

Et ce constat se retrouve dans l'aéronautique. Le Boeing 737 Max par exemple, un appareil mis en service récemment (son vol inaugural a eu lieu en 2016), a rencontré des problèmes logiciels menant à deux accidents, tuant 346 personnes et obligeant la compagnie à le retirer temporairement de la circulation.

Le Boeing 747-400, lui, a passé 32 ans dans les airs. Or, sur les 8,42 millions de vols qu'il a effectués, seuls deux ont impliqué des accidents mortels selon le site Airsafe.com. C'est probablement pour cette raison que, selon un rapport d'Aviation Today, « un nombre important de compagnies aériennes utilisent encore des disquettes pour le chargement des composants logiciels. »