Le site invitait 200 000 Français à « s’engager en Ukraine » pour une rémunération de 5 000 euros.
C'est depuis son compte officiel sur X.com (anciennement Twitter) que le ministère des armées l'a annoncé ce jeudi 28 mars 2024: un faux site internet arborant son logo officiel et incitant 200 000 Français à s’engager en Ukraine moyennant une rémunération de 5 000 euros a été découvert.
Ce site, qualifié de faux site gouvernemental, a été relayé sur les réseaux sociaux par des comptes malveillants dans le cadre d'une campagne de désinformation, selon les informations communiquées par le ministère à l'Agence France Presse.
Le site incriminé, qui était inaccessible en fin de matinée, proposait aux volontaires de fournir leurs coordonnées, en accordant une priorité aux immigrés, tout en invitant à discuter avec « Capitaine Paul, commandant d’unité ».
Usurpation d'un site officiel de l'armée de terre
L’enquête a bénéficié de la contribution de Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, comme l'a indiqué le cabinet du ministre Sébastien Lecornu à l’Agence France-Presse (AFP). Les services du ministère, en collaboration avec Viginum, se sont mobilisés pour élucider cette manœuvre d'information ciblant la France, dénonçant notamment une usurpation d'un site officiel de l'armée de terre.
Les faux sites Internet ne sont pas un phénomène nouveau, mais bien souvent, cette technique de phishing émerge lors d'événements spéciaux ou de sites populaires, comme en période de déclaration des revenus, avec ce faux site des impôts, ou plus récemment ce Booking.com plus vrai que nature qui siphonnait les coordonnées bancaires de ses victimes.
Le site a été désactivé par les services français, selon une source gouvernementale informée par l’AFP. Le ministère a précisé que l'adresse http://sengager.fr est la seule valide pour s’engager dans l’armée de terre. Cependant, jeudi, aucune piste concernant les auteurs de cette fraude n'a été officiellement désignée par le ministère des armées.
Une campagne de désinformation de l'intervention française en Ukraine
Malgré cela, un haut responsable français, sous couvert d'anonymat, a suggéré que cette opération portait « la marque d'un dispositif russe ou prorusse », dans le cadre d'une campagne de désinformation visant à insinuer que l'armée française se prépare à intervenir en Ukraine contre la Russie. Il a souligné des similitudes narratives et méthodologiques avec d'autres tentatives récentes, telles que la diffusion d'images de convois français se dirigeant prétendument vers la frontière ukrainienne sur les réseaux sociaux.
« Tout converge : le narratif, la méthode. Il y a une manœuvre », a-t-il ajouté.
Le conflit opposant la Russie à l'Ukraine est déjà le théâtre d'une cyberguerre, comme en témoigne la cyberattaque du
système de l'opérateur ukrainien Kyivstar en mai 2023. La France, prise entre deux feux, se retrouve également touchée par ces attaques. Les 10 et 11 mars 2024, des cyberpirates russes ont pris d'assaut certains de ses ministères.
Paris, après avoir longtemps adopté une posture défensive face aux assauts informationnels russes, a récemment intensifié sa dénonciation des multiples tentatives de déstabilisation qu'il attribue à Moscou dans le but de miner le soutien de l'opinion publique française à la cause ukrainienne.
01 décembre 2024 à 11h06
Source : Le Monde Pixels