Pourquoi Meta ne porte pas la même attention à WhatsApp qu'à Facebook ou Instagram lorsqu'il s'agit de désinformation ? C'est la question soulevée par la Mozilla Foundation dans une enquête tonitruante, qui déplore la prolifération de fausses informations sur la messagerie en pleine période électorale.
En 2020, Meta annonçait que WhatsApp comptait près de 2 milliards d'utilisateurs dans le monde. C'est légèrement moins que Facebook, mais beaucoup plus que toute autre messagerie. La plateforme, rachetée par le géant des réseaux sociaux en 2014, s'impose comme un moyen de communication privilégié dans de nombreux pays, notamment en voie de développement. Pourtant, les mesures visant à combattre la désinformation sur la plateforme sont moindres comparées à Facebook. Une situation d'autant plus inquiétante que cette année, près de la moitié de la population mondiale se rendra aux urnes, dans un contexte de désinformations exacerbé par l'émergence de l'intelligence artificielle (IA).
Différence flagrante de traitement
Sur Facebook, 95 mesures liées aux élections ont été annoncées depuis 2016. Un chiffre qui s'élève à seulement 14 pour WhatsApp. La différence est écrasante, alors même que la messagerie a été confrontée à des défis importants pour gérer les élections dans des pays comme l'Inde, le Brésil ou le Nigéria.
Les mesures mises en place pour lutter contre la désinformation, à l'instar de la mention « Transféré » lors du partage d'un message, ne sont pas forcément efficaces en dehors des cultures occidentales, explique Odanga Madung, chercheur principal chez Mozilla, dans une interview accordée à Engadget.
« Un habitant du Kenya, du Nigéria ou de l'Inde qui utilise WhatsApp pour la première fois ne va pas réfléchir à la signification de l'étiquette "transféré" dans le contexte de la désinformation. En fait, cela pourrait avoir l'effet inverse, à savoir qu'une information a été fortement relayée, et qu'elle doit donc être crédible », détaille-t-il.
WhatsApp doit désactiver les Communautés, selon la Mozilla Foundation
« WhatsApp est différent de l'expérience sur Facebook et Instagram à bien des égards, et a donc des lignes directrices et des approches qui sont plus appropriées à sa fonctionnalité et à son utilisation », justifie un porte-parole de Meta.
Selon l'ONG, les nouvelles fonctionnalités de WhatsApp, comme les Communautés, sèment encore plus le doute auprès des utilisateurs. Ce type d'outils muent la messagerie en réseau social et pourtant, elle propose le chiffrement de bout en bout.
La Mozilla Foundation exhorte la plateforme à mettre des mesures en œuvre pour prévenir les débordements en lien avec les élections. WhatsApp devrait ainsi ajouter du contexte au transfert de messages, en incitant les utilisateurs à faire une pause et réfléchir avant de le partager, ainsi qu'introduire des étiquettes d'avertissement de désinformation aux contenus viraux. Enfin, l'ONG recommande à la messagerie de désactiver les Communautés et de limiter la taille des listes de diffusion à 50 personnes maximum.
- Chiffrement de bout en bout
- Appels audio et vidéo gratuits
- Compatibilité multiplateforme
Sources : The Mozilla Foundation, Engadget