WhatsApp données personnelles

La polémique découlant de la mise à jour des conditions d'utilisation de WhatsApp a directement profité aux services de messagerie concurrents. La filiale de Facebook a perdu des millions d'utilisateurs.

WhatsApp commence l'année 2021 sur un faux départ. Le manque de clarifications autour de ses nouvelles CGU et les passerelles de données que l'équipe tente de mettre en place avec Facebook ne sont visiblement pas au goût des utilisateurs. Et ces derniers l'ont clairement fait savoir.

Signal et Telegram en hausse

Selon The Guardian, et d'après les chiffres du Home Affairs Committee de la chambre des communes du Parlement du Royaume-Uni, sur les trois premières semaines de janvier, l'application Signal a gagné quelque 7,5 millions de nouveaux utilisateurs à travers le monde. Jusque là, la messagerie n'était utilisée que par une poignée d'individus ; avec le « WhatsApp Gate » - et le support de Elon Musk et Edward Snowden - elle est rapidement arrivée en tête des téléchargements sur l'App Store et le Play Store.

Toutefois c'est l'application Telegram qui aurait le plus profité de cette polémique, avec 25 millions de nouveaux adeptes recensés sur cette même période. À noter que la polémique WhatsApp n'est sans doute pas la seule raison à cette adoption massive.

L'engouement pour Telegram peut en effet aussi s'expliquer par la fermeture du réseau Parler aux Etats-Unis, particulièrement convoité par des partisans extrémistes de Donald Trump. Suite à la suppression des serveurs, ces derniers ont massivement migré vers Telegram qui a d'ailleurs dû fermer des douzaines de conversations publiques dans lesquelles les membres échangeaient des propos jugés haineux.

Ironiquement, en termes de sécurité, Telegram fait pâle figure à côté de WhatsApp puisque le chiffrement de bout-en-bout des messages n'est pas activé par défaut, et le serveur chargé d'assurer le chiffrement n'est pas open source. Notons par ailleurs que la société travaille actuellement au développement d'un modèle économique basé sur la publicité.

Et demain ?

Face à l'ampleur de cette migration d'utilisateurs, WhatsApp annonçait dernièrement vouloir prendre le temps d'expliquer plus clairement la nature de ses nouvelles conditions d'utilisation. Alors que l'entrée en vigueur de ces dernières était initialement prévue le 8 février, la date butoir a finalement été repoussée au 15 mai.

Reste que pour certains ce n'est pas assez. La maison-mère de WhatsApp, Facebook, est sous le coup d'une procédure judiciaire entamée par 48 états américains demandant le démantèlement de la société pour éviter, notamment, les transferts des données des utilisateurs.

Par ailleurs, l'Inde, qui recense plus d'un quart des utilisateurs de WhatsApp, a officiellement demandé des comptes à la société et notamment en ce qui concerne les différences de traitement appliquées en Europe.

Pas sûr, donc, qu'au 15 mai les utilisateurs initialement réfractaires changent subitement d'avis pour accepter les nouvelles CGU de WhatsApp…

Source : The Guardian